Friday, March 30, 2007

Cherry Blossom


C'est le murmure qui parcourt la ville... venez voir ces arbres couverts d'une neige rosée, qui s'élèvent fièrement au milieu du campus ! Les étudiants, en tongues et shorts, se roulent de plaisir dans les pétales tendres et les premiers rayons printaniers... il ne fait pas encore bien chaud mais on a sorti débardeurs et lunettes de soleil, et puis les balles de jonglage, les guitares et toute sorte d'attirail de plage. C'est aussi la promenade familiale, la promenade des écoles, on n'a jamais vu autant d'enfants dans ces lieux. Ni autant d'appareils photos, haletant de cliquetis pour saisir la fragile beauté des cerisiers en fleurs.
La ville entière s'épanouit, sous le regard bienveillant des montagnes.

Sunday, March 11, 2007

Enfin des nouvelles...

Voilà bien longtemps que je n'ai pas raconté mes aventures seattleites sur ce blog... plusieurs personnes s'en sont inquiétées, ce qui m'a donné l'occasion de voir combien ce blog était populaire(!!). Alors il ne m'est rien arrivé de mal, au contraire... c'est juste que j'hésitais un peu à rendre public ce qui m'occupait ces derniers temps.. bref j'ai rencontré un charmant jeune homme, Cody, il est adorable et beau comme un ange, super cool et assez nerdy pour me supporter, il joue de la guitare et aime l'Afrique mais je n'ai pas encore trop eu l'occasion de l'entendre jouer de la "highlife"... il me prépare des petits sandwichs avec des pousses d'herbes "sprout" pour mon déjeuner de midi et me dit "bonjour mon amour " en français auvergnat (héritage de Brassens) avec un accent américain trop charmant... on va se marier à Las Vegas le mois prochain avec feux d'artifice et hamburgers. Vous êtes tous conviés d'ailleurs.
Sans blague. Je suis actuellement au Tully's de l'aéroport de Seattle, on my way to France, pour y passer les vacances de printemps. Je dois encore corriger les copies de mes élèves et écrire deux papiers, mais tout va bien. En fait tout va vraiment très bien depuis quelques semaines. Je ne sais pas quoi raconter d'autre, sauf que je découvre la vie underground de Seattle, les clubs branchés où se produisent les musiciens d'un peu partout, j'étais dans un club hier soir, où jouait un groupe super-connu-c'est-le-meilleur-du-monde - même que le guitariste il a joué avec Prince dans Purple Rain (mais je suis incapable de retrouver le nom, trop compliqué).
Sinon j'ai vu des films..the Last King of Scotland... J'en suis sortie avec un mal de tête phénoménal, tellement j'étais choquée, mais c'est un film extraordinaire.
Bon vraiment j'y vais, je ne veux pas rater mon avion !!

Sunday, February 11, 2007

Beaucoup de mots, pas de photos...

Après une longue semaine où j'ai dû écrire deux papiers (une lecture théorique du problème des réfugiés, pour laquelle j'ai pas mal péché dans mon mémoire sur Arendt, et un papier sur la notion de souveraineté que j'ai choisi d'examiner à travers la question des lois françaises sur l'immigration, histoire d'utiliser ce terrain que j'ai fait à la pref de Bobigny - d'ailleurs Vincent, si tu lis ça, j'aimerais bien des nouvelles du séminaire !), après tout cela donc, à quoi s'ajoutaient des montagnes de copies de français, il me fallait prendre l'air et tenter un peu de me racheter de ma coupable contribution à la déforestation de la planète. Je suis donc retournée à Colman Park (cf "Martin Luther King Day") planter des arbres. Il faisait très beau, la compagnie des volontaires était sympathique, même si beaucoup n'étaient pas si volontaires que ça car les universités et certains lycées imposent un nombre d'heures minimum de "service dans la communauté" pour valider un cursus d'études. Donc ils traînaient un peu de la pelle en attendant que ça se finisse... Mais avec le soleil printanier se reflétant sur le lac et la bonne odeur d'humus, c'était pour moi un moment incroyablement bénéfique. En revenant, j'ai rencontré Ail, un Africain-Américain la cinquantaine très joviale qui m'a fait la conversation pendant tout le trajet de bus (presque une heure), m'expliquant la gentrification de Seattle, sa vie comme boucher syndiqué à San Francisco, les problèmes raciaux aux Etats-Unis, son expérience du Viet-Nam, la guerre en Iraq avec l'argent de laquelle on ferait mieux de financer un système d'assurance-maladie pour les vieux (les assurances privées coûtent en moyenne 300 à 400 $ par mois quand on a plus de 65 ans)... Notre périple nous a menés au centre-ville, nous nous sommes séparés devant le marché, du coup j'en ai profité pour aller me chercher un maquereau, chez le poissonnier le plus fameux de Seattle - connu non seulement pour la fraîcheur de la marchandise, mais aussi pour l'attraction touristique du "lancer de poisson": on demande un poisson à l'étalage, un des poissonniers vous demande comment on doit le préparer (vider? laisser la tête?) puis le balance à l'autre bout du stand en criant " One mackerel Clean it !Leave the head !" en rythme repris par les cinq ou six autres poissonniers, en choeur, et sur fonds de cris des touristes qui se trouvent sous la trajectoire du poisson. La prochaine fois j'essaierai de vous faire une vidéo, je ne suis pas sûre que vous saisissiez le côté spectaculaire de la chose avec mes descriptions approximatives.
Donc le poisson, c'était pour faire la cuisine à ma copine Amal, qui me fait toujours des plats palestiniens et à qui je voulais cuisiner un truc un peu français (mais sans porc et sans alcool).
Le soir, je suis allée avec un groupe d'amis TA de français et d'espagnol voir "Les Monologues du Vagin", une pièce de Eve Ensler qui a eu un succès international, j'ai longtemps hésité à y aller en France, j'en avais toujours entendu beaucoup de bien mais je ne savais pas trop... j'ai trouvé ça génial ! Des choses graves parfois mais surtout beaucoup d'humour, j'ai beaucoup ri, entre les différentes catégories de gémissements pendant l'amour et les récits de visites chez le gynéco, bref je n'en dis pas plus, c'est un truc de fille aussi parce que les mecs qui sont venus n'ont pour en majorité pas beaucoup aimé, l'un a trouvé ça perturbant, un autre a trouvé ça chiant... Mais à toutes les femmes qui lisent ce blog je vous conseille vivement d'aller voir cette pièce! (http://au-theatre.com/bdd/PageT/monologue.html)
On a fini la soirée dans un club hip-hop qui organise 2 fois par mois une soirée indienne, avec tous les indiens (d'Inde) de Seattle, une ambiance folle de hits américains remixés à la sauce indienne (vous connaissez la chanson K2R à Bombay ? voilà, c'est le genre...).
Le lendemain dimanche il fallait bien que je travaille un peu, je suis allée bouquiner dans mon café préféré hippie-artiste 'Wannabee". Puis je me suis retrouvée, par d'heureuses rencontres, dans un resto érythréen à manger de l'injira en écoutant un Américain du Ghana jouer de la kora...
Bref c'était un week-end assez éclectique, je me suis efforcée de faire plein de choses pour pouvoir nourrir ce blog qui, je le constate avec plaisir, est lu assidûment par certains d'entre vous ! n'hésitez pas d'ailleurs à laisser vos commentaires...

Sunday, February 04, 2007

Des centimes et des millions

Week-end studieux après une longue semaine... J'ai bien peu de choses touristiques à raconter, sinon peut-être cet escapade dans une grande librairie du centre-ville qui m'a donné matière à m'occuper par la suite. Donc commençons par là.
Vendredi soir je suis allée avec ma copine Amel dans une grande librairie toute en boiserie, Elliott Bay, endroit magique et ruineux, comme toute librairie agréable pour les amateurs de livres. J'ai acheté quelques livres pas très joyeux mais très intéressants, dont "Nickel and Dimed", une enquête sur les travailleurs pauvres aux Etats-Unis, un livre sorti en 2001 qui a eu beaucoup de succès et qui devrait être lu de manière plus large. C'est une essayiste, Barbara Ehrenreich, qui s'est lancée dans l'expérience de tenter de vivre, comme près de 30% des travailleurs américains, avec un salaire inférieur à 8$ de l'heure. - (pour avoir une idée du coût de la vie, considérez juste que les dollars équivalent aux euros. L'Amérique pas chère, c'est un mythe entretenu par les hamburgers à 1$, mais entre nous je ne sais pas trop avec quoi ils sont faits car acheter au supermarché la viande pour faire le hamburger ça coûte déjà plus de 1$...) - Serveuse en Floride, femme de ménage dans le Maine, vendeuse dans le Minnesota. On traverse l'Amérique des odeurs de graisse, du mal de dos et des pauses-pipi minutées. On recense un catalogue impressionnant de trucs répugnants entre les conditions de travail et les conditions de logement. Mais outre cet aspect exotique pour une étudiante qui vit bien dans son petit bureau, sa petite chambre et la grande bibliothèque moltonnée de moquette, "Nickel and Dimed" c'est une livre à suspens, on reste accroché jusqu'à la résolution du mystère: avec 7$ de l'heure chez Wal-Mart, comment va-t-elle payer les 56$ d'hotel par jour dans Minneapolis (où il est impossible de se loger pour moins cher) tout en gardant de quoi manger ? Au risque de dévoiler la résolution de l'intrigue, je vous dis tout de suite qu'elle n'y arrive pas, d'où l'on voit que même en travaillant 10h par jour 7 jours sur 7 elle se retrouve à aller frapper à la porte des organisations de charité et autres oeuvres philanthropiques qui ont remplacé un Etat d'autant plus absent depuis les réformes de l'aide sociale dans les années 1990. La journaliste abandonne quand elle se rend compte qu'elle dépense plus en logement qu'elle ne gagne à son travail... elle se dit que finalement elle ne va pas payer pour travailler à Wal-Mart !
Bref ce livre (qui est traduit en français sous le titre de l'Amérique Pauvre) m'a pas mal occupé l'esprit... Et par dessus cela j'ai ajouté un documentaire sur Enron, recommandé pour un cours de sciences politiques. Je n'avais pas vraiment compris le scandale d'Enron quand c'est arrivé, je ne connaissais pas la compagnie, j'avais juste compris qu'ils avaient falsifié leurs comptes et s'étaient effondrés en bourse... En fait c'est une affaire énorme car Enron était le premier courtier en énergie, et la firme était passée au main de ses boursicoteurs depuis plusieurs années, avait inventé la notion de "revenu hypothétique anticipé" pour investir de l'argent qu'elle n'avait pas, voyait toutes ses manoeuvres couvertes par les comptables (Arthur Anderson notamment) et les banques, et surtout se servait d'incroyables complicités politiques pour faire augmenter les prix de l'énergie: vous vous souvenez des coupures de courant en Californie, qu'on trouvait étranges dans un Etat si riche ? C'était Enron ! Le documentaire ne s'attarde pas trop sur les complicités de la famille Bush, que des présomptions peut-être, mais les documents montrant comment les courtiers d'Enron ont organisé la pénurie d'électricité en Californie sont impressionnants. Je vous invite à le visionner le passage (pour les anglophones only, sorry), et à le faire circuler auprès de ceux qui voudraient déréguler le marché de l'énergie... Le documentaire vaut la peine d'être regardé en entier ( http://video.google.com/videoplay?docid=-6156657092799332311 )

Bon je ferais mieux la semaine prochaine en termes de week-end, promis. Mais le temps était un peu pourri ce week-end, tout le monde est plus ou moins enrhumé à cause des redoux et des re-froids. Et puis il faut bien que je vous fasse partager mon indignation, surtout que tout ça menace de nous arriver droit dessus avec le mois de mai et un certain étalon admirateur invétéré du système américain dans toute sa splendeur...

Sunday, January 21, 2007

Entre l'Iraq, la Palestine et l'Algérie....

Quel rapport avec mes pérégrinations américaines ? Bon l'Iraq, c'est assez évident. Je vous renvoie aux posts précédents, en fait je n'ai pas grand chose à ajouter sinon que l'on voit de plus en plus dans des journaux des tableaux comparant le coût de la guerre en Iraq à ce que coûterait par exemple le financement d'une assurance maladie universelle pour les Américains... La Palestine, c'est qu'avec mon amie prof d'arabe (on dit TA= Teaching Assistant) j'écume les cercles activistes des médias alternatifs qui s'efforcent de contrer un peu la propagande hyper-pro-israélienne des Etats-Unis; j'ai vu un documentaire poignant sur la colonisation de la Cisjordanie samedi, dans une petite église d'une petite ville de la grande banlieue de Seattle (ce sont les églises qui forment le coeur du tissu associatif des Etats-Unis, et elles prêtent leurs locaux à tout plein d'associations en tout genre). C'était poignant non pas par dramatisation du malheur palestinien (bon à la limite on n'a pas besoin des violons pour dramatiser, la situation est déjà tellement terrible en elle-même), mais par la sécheresse des cartes. L'argument du film, appuyé par des universitaires israéliens et des associations pacifistes (La Paix Maintenant) était que le Mur n'avait pas de visée sécuritaire mais au contraire une visée d'expansion du territoire israélien. En effet, plus de 40% de la Cisjordanie se trouve du côté "israélien" du Mur.... Le documentaire expliquait comment, juste après Oslo (ironie de l'histoire, vraiment?) le nombre de colonies et de colons en Cisjordanie s'était dramatiquement accru, créant un système d'apartheid très élaboré, fait de clôtures, de zones interdites, de routes réservées et de couvres-feu. La situation d'Hébron, qui conaît justement ces derniers jours une tension particulièrement vive, relève complètement d'un autre temps: ville arabe d'environ 150 000 habitants, Hébron a été colonisée par une poignée d'extrémistes (environ 400) qui se sont installés en centre ville et, avec l'appui de l'armée, ont imposé leur ordre dans la ville: couvre-feu quasi-permanent, rues interdites aux arabes, expropriations... Le directeur du Mémorial Yad Vashem, sans utiliser le mot de pogrom, dénonce des agissements qui rappellent les persécutions antisémites de l'Europe d'avant guerre (http://www.haaretz.com/hasen/pages/ShArtVty.jhtml?sw=hebron&itemNo=815603). Bref, arrêtons là, c'est décidément un conflit sans fin.
Quant à l'Algérie, je redécouvre sa période noire à travers le très beau roman de Boualem Sansal "Harraga", qui raconte l'histoire de deux femmes dans Alger, deux femmes face à la corruption d'un système aussi croulant que cruel et face à l'islamisme aussi obscurantiste que sanglant. L'une, une vieille fille solitaire, se réfugie dans ses rêves et les fantômes de sa maison, l'autre, une jeune fille exubérante qui a fait irruption dans cette maison, court après on ne sait quelle passion, dans un tourbillon de parfums et de folie que sa grossesse scandaleuse ne ralentit pas... Bref, c'est un roman que je vous recommande, écrit avec une verve joyeuse et caustique à la fois, qui finalement ressemble beaucoup à cette voix de l'Algérie qui souffre de ses victimes, râle contre ses tyrans, mais en rit en même temps. Allez, un peu d'espoir, je crois à la rédemption du monde arabe par la littérature, il faut bien croire à quelque chose...
Pour ne pas décevoir ceux qui lisent mon blog à la recherche de mes aventures touristiques, voici ma découverte d'hier: en me promenant sur la jetée de Seattle (Waterfront), je suis entrée un peu par hasard dans un magasin de souvenir, qui se présentait comme un magasin de curiosité. Entre les tasses à café thermos (hyper à la mode), les petits bibelots à la noix, les haricots sauteurs (un truc mexicain bizarre: c'est un haricot qui gigote; en fait la vendeuse m'a dit c'est parce qu'il y a des larves de mite dedans. Du coup la chose a perdu de son charme, et je me suis dit que j'allais éviter d'en ramener à Pantin, parce que si ces mites mexicaines s'accouplent avec les mites du placard à mouloukhia, alors on n'en a pas fini avec les invasions !!), donc entre tous ces trucs bizarres pour touristes, comprenant aussi bien des trucs" locaux" que des machins exotiques (genre les dents de requins fossilisés trouvés au Maroc...??), j'ai trouvé, au fond du magasin, deux momies, momies d'explorateurs morts dans je ne sais quel désert au Mexique, pas mangés par les mites des haricots sauteurs, et qui sont arrivés dans ce magasin par je ne sais quel miracle; elles sont exposées dans des vitrines de verre, seules les cartes postales sont à vendre, les momies sont des pièces de musée... Et à côté, un buste de femme Jivaro, mais là vraiment j'ai du mal à croire que c'était un vrai. En tous cas c'était terrifiant. Je suis vite sortie respirer l'air frais du port...

Tuesday, January 16, 2007

La preuve par l'image (tongues, 3e épisode)


Bon, beaucoup d'entre vous étaient sceptiques... vraiment? ils sont en tongues même quand il pleut et qu'il fait super froid ? alors aujourd'hui, comme il neige depuis 4 jours et qu'il fait environs 0,5 degrés celsius, j'ai pris mon appareil photo, et voilà la preuve. Tu vois Maman que j'exagère pas !

L'image n'est pas très nette en zoom mais ça vaut la peine parce que vous voyez les tas de neige sur l'esplanade dégagée par les agents de l'université...

Monday, January 15, 2007

Back in Seattle



De retour à Seattle.. je n'ai pas beaucoup écrit depuis, vous pourrez croire que mes vacances à New York m'inspiraient davantage que ma vie à Seattle, mais c'est surtout que j'ai beaucoup de travail ici, entre mes cours à préparer (j'enseigne un autre niveau, une autre classe, donc il faut tout recommencer... Je leur montre "La vie est un long fleuve tranquille" en ce moment) et les cours que je suis (un cours de droit- anthropologie sur les réfugiés, un cours de sciences politiques sur le droit international avec un prof israélien qui a un accent à couper à la tronçonneuse, c'est marrant, et un cours de littérature sur les écrivains francophones du Maghreb, histoire de lire un peu des romans et de trouver des matériaux pour mes cours !)... J'ai aussi emménagé dans une nouvelle maison, plus près de l'université (cf photo).


Mais Seattle est aussi en soi une ville inspirante... elle me donne davantage envie de peindre que d'écrire d'ailleurs... peindre cette lumière de cristal humide quand le soleil se lève sur les cimes enneigées...




Aujourd'hui, c'était le Martin Luther King Day, un jour de congé pour lequel l'université proposait de participer à différentes activités de volontariat. Je me suis inscrite dans un groupe pour entretenir une forêt sur les rives du Lac Washington, à Seattle, un peu au sud de l'université, donc j'ai planté des arbres dans le froid et dans la boue toute la journée, je suis super contente !
Je suis aussi allée voir, mi par militantisme mi par curiosité, une manif contre la guerre en Iraq, la semaine dernière. C'était une petite manifestation d'une poignée d'opposants irréductibles qui se réunissent au bord d'une route chaque samedi, brandissant des pancartes contre la guerre et lisant les noms des soldats américains morts dans les opérations militaires. Les voitures qui passent klaxonnent en signe de soutien, ou les insultent parfois, mais ne s'arrêtent pas. Je suis allée là bas avec trois amis arabes (deux tunisiens et une palestinienne) et nous avons lu aussi les noms des civils iraqiens morts lors de la guerre, soit au cours des opérations militaires américaines (les noms des habitants de Fallouja s'égrénaient interminablement sur des pages et des pages), soit au cours d'attentats (comme celui qui a visé le bâtiment de l'ONU), soit au cours d'affrontements communautaires - les victimes sont parfois identifiés simplement par un membre de la famille (femme d'Ali, fils de Tareq), soit complètement anonymes (un bébé, une vieille femme). Nous n'avons lu que quelques centaines de noms sur les 650 000 morts dénombrés jusqu'à présent. Mais mettre un nom sur les statistiques donne une tout autre dimension au conflit. Il en va de même pour les soldats américains, si jeunes (la plupart ont mins de 22 ans), beaucoup de Latinos.
On me demande souvent depuis la France si les choses bougent aux Etats-Unis. Pour être honnête, je vous répondrai que pas trop. Un nouveau Congrès a été élu mais 1/ il n'a pas une majorité très forte, 2/ il a peu de pouvoir, et le seul moyen qu'il a d'entraver la guerre est de couper les budgets militaires, ce qui selon les analystes politiques serait un suicide politique pour les démocrates car l'opinion publique les percevrait alors comme des saboteurs de l'armée.
Enfin, trève de politique, c'est la neige qui passionne ici, la neige qui fait une saison de ski merveilleuse à Seattle (il faudra vraiment que j'aille sur les pistes), la neige qui a submergé le Colorado et menace le bétail élevé en plein air (des centaines de bêtes seraient déjà mortes, il paraît qu'on ravitaille les survivantes par hélico), la neige qui ne tombe pas sur la Côte Est où il fait anormalement doux (les arbres bourgeonnent à New York!)...

Wednesday, January 03, 2007

Happy New Year !

Bonne année - bonne santé - du bon vin pour toute l'année ! je vous envoie mes meilleurs voeux depuis New-York, où la nouvelle année commence dans la grisaille... j'ai un peu raté la folie new-yorkaise pour le réveillon d'hier, il faut dire que pour avoir une place à Time Square, assister aux concerts, au décompte et au feu d'artifice, il fallait arriver à midi... et à cette heure là Damien et moi sortions de la messe à Harlem (eh oui, encore) et nous dirigions vers un monastère du moyen-âge perché sur les rives de l'Hudson - encore tout étourdis par le sermon de Jesse Jackson que nous venions d'entendre, et par l'apparition surprise de Kofi Annan dans l'église d'Harlem...

Le "cloister" (cloître) est une petite église romane reconstituée à partir d'arches, voûtes, colonnes, cloîtres complets, portails, d'églises et monastère pour la plupart abandonnés après la révolution française. L'ensemble architectural est d'une grande beauté, et abrite une partie des collections médiévales du Metropolitan Museum - d'ailleurs, à propos de ce musée, de ses merveilles et des rencontres inattendues qu'on peut faire à New York - Nombril du Monde, j'ai vu Mitterrand dans une des salles d'arts asiatiques... et puis le Sacre de Georges Washington Guidant le Peuple (ce n'est pas le titre officiel mais vous voyez à quoi je fais référence... ).




Sur ces propos décousus, je vous souhaite une très bonne année. Je triche un peu, parce que j'ai écrit le début de ce message à NY, mais je le finis de Seattle où je suis rentrée hier. J'ai repris les cours aujourd'hui... je pense que mes messages vont s'espacer un peu... J'ai une nouvelle maison, donc une nouvelle adresse:

5249, 17th Avenue NE
Seattle 98105 WA
USA
C'est très sympa, je suis contente. Mais je n'ai pas de téléphone... de toutes façons je reste sur skype !
Bisous à tous

Thursday, December 28, 2006

Washington DC - The City of Magnificent Distances


Une petite escapade de deux jours dans la capitale fédérale... une ville monumentale, dessinée pour être le siège du pouvoir et la célébration des fondateurs de la nation.

Les plans ont été imaginés par un architecte français, L'Enfant, qui avait sans doute vu la terre vierge sur les rives du fleuve Potomac comme un terrain tout désigné par la Providence pour la réalisation des grandeurs les plus monumentales...

Le pauvre architecte est finalement mort dans la misère et l'oubli, après avoir été congédié car ses plans étaient inconciliables avec les approches plus pragmatiques des autres urbanistes appointés par Georges Washington pour construire la capitale. Mais les plans ont été conservés et ce sont d'immenses monuments d'inspiration gréco-romaine qui s'élèvent dans de majestueuses perspectives.
Un sens de la grandeur, certes, un certain sens du marketing aussi... tout monument édifié se doit de battre un record pour mériter l'attention la plus extrême des visiteurs, comme ne manquent pas de nous le rappeler les guides et "rangers" qui font visiter les lieux.

Le plus haut obélisque du monde, construit de blocs de marbre et au sommet duquel deux yeux rouges scrutent l'horizon (ils ont certainement une utilité immédiate, comme avertir les avions, mais je soupçonne d'autres fonctions plus ésotériques... ces yeux ressemblent terriblement à ceux des fétiches dans Kirikou et la sorcière) ; le plus grand bâtiment en marbre du monde (la National Gallery of Art); la plus belle bibliothèque du monde (dixit le guide de la bibliothèque du congrès, édifice effectivement magnifique); la plus grande démocratie du monde sous le dôme du capitole (hum...).
Washington est une ville qui se visite, il n'y a pas la vie de NY (surtout que la plupart des fonctionnaires doivent être actuellement en congé: résultat, il n'y a que des touristes, des gardes, et des drapeaux en berne en mémoire du président Ford).

C'est une capitale faite pour forger l'identité nationale, autour de ses lieux fondateurs (les monuments abritant les institutions de la démocratie), de ses personnalités marquantes : Jefferson (qui a un beau monument de marbre entouré de pins, ce qui lui donne un air très méditerranéen- photo) et Lincoln (dont la statue paternelle regarde de haut toutes les manifestations qui se déroulent à ses pieds...); Roosevelt aussi a un monument qui retrace, avec ses paroles gravées dans le granit, les moments clés du New Deal...

Et bien sûr la personnalité fondatrice, Georges Washington, à qui la ville est toute entière dédiée, et qui est même représenté en "ascension" sur le plafond de la coupole du Congrès - comme Jésus dans l'iconographie des églises... c'est un culte de la personnalité qui peut surprendre par son omniprésence (curieusement on était plus habitué à voir cela chez les ennemis de l'Amérique !) mais finalement quand on voit combien les Etats-Unis revendiquent l'héritage de Rome, tout fait sens...
Enfin troisième moment du culte national, les monuments aux morts: le monument aux combattants de la Seconde Guerre Mondiale, inauguré très récemment (2004), qui égrène des batailles et des noms de lieux ; le monuments aux morts du Viet Nam, qui égrène le nom des Américains morts au combat, et qui sont encore chéris par leurs proches, en témoignent les fleurs, l'arbre de noël avec ses messages, les visiteurs avec leur petit papier où ils ont griffonné la référence de la plaque commémorative pour retrouver un nom parmi les milliers d'autres.


En face, le monument aux morts de la guerre de Corée (photo), et le "combat pour la liberté"...



Je repars avec des sentiments mitigés, impressionnée par la foi de l'Amérique dans sa grandeur et sa capacité à réaliser l'accomplissement de l'humanité par la démocratie et la science, effrayée aussi par ce que cette foi peut avoir de fanatique dans ses excès.

Monday, December 25, 2006

Noel à New York


Aujourd’hui, journée larvesque et studieuse. Il pleut à New York, journée idéale pour ne rien faire, tout en préparant un peu mes cours pour la rentrée. Ente le chapitre sur le présent (tiens je découvre qu’il y a 4 groupes de conjugaisons en français, j’ai toujours cru qu’il y en avait 3…) et le chapitre sur l’impératif (avec une délicieuse comptine de Prévert), je vais vous raconter les jours passés à New york…

J’avais bien commencé méthodiquement et puis tout s’est effiloché, je suis presque entrée dans une routine newyorkaise, à sortir le soir à des concerts, dans des bars ou dans des clubs de jazz semi-clandestins, à me lever à pas d’heure et me promener avec Damien l’après-midi. J’ai continué mes visites de la ville fantastique, aussi bien dans ses hauteurs que dans ses souterrains…

Voici quelques photos de l’Empire State Building et de la "skyline" New York - un peu brumeuse ce jour là mais d’autant plus fascinante d’une luminosité auréolée de mystère, dans laquelle se découpent et se fondent les silhouettes d’une forêt de grattes-ciel….



Et puis des photos de l’intérieur de la Gare Centrale, toute parée pour la fête, diffusant tous les quarts d’heure un spectacle son et lumière évoquant l’atmosphère de noël…

Et ces murs d'un squatt d'artiste à Lower East Side (entre Greenwich Village et Chinatown), superposant les rencontres - Par chaînes de contacts plus ou moins directes d’amis d’amis et leurs amis respectifs, j’ai rencontré pas mal de monde. Des étudiants arabes qui m’ont fait découvrir le quartier arabe du Queens où on peut fumer une bonne chicha malgré l’interdiction générale de fumer à NY (ce sont des chichas « sans nicotine »… !) ; un juif newyorkais qui écrit un guide des sorties, nous a harponnés lors d’un spectacle de danse du ventre à la Brooklyn Academy of Music, nous a proposés de venir voir un spectacle de musique sépharade dans un club célébrant la fin de Hannoukhah puis nous a tenu la jambe pendant 3 h pour nous parler du prix nobel du génie décerné à un des musiciens de ce club ; un indien architecte, Chai (qui travaille à construire des grands ouvrages un peu partout dans le monde) et sa sœur, Debochery (oui elle a un nom très bizarre mais c’est une jeune fille très décente et réservée, et très belle en plus) qui sont venus passer le réveillon avec nous. New York est une ville très cosmopolite…j’ai l’impression d’être au centre du monde…
J’ai visité le Metropolitan Museum of Art ( Met’ pour les intimes), absolument extraordinaire, j’ai l’impression de dire ça tout le temps mais c’est vrai ! Depuis les plus fins textiles byzantins (Violaine tu pourrais négocier un voyage d’étude avec ton école) au patio de palais andalou entièrement déplacé de son Espagne originelle, en passant par les paravents japonais, les impressionnistes français (euh je triche, je ne les ai pas vus parce qu’on ne pouvait pas faire le musée en une fois…), les vitraux de cathédrales gothiques, les ivoires, les petits santons en porcelaine de Saint Petersbourg, les statues maya et leurs vases aux motifs de bande dessinée, les totems papous (dont le sourire égare un peu le spectateur après les tableaux légers de Boucher… cette figure que nous voyons comme sympathique représente-t-elle vraiment une divinité bienveillante, ou est-ce nous qui n’avons pas les bonnes clés de lecture ? Je lance le débat pour les amis intéressés, ceci s’adresse à Julien en particulier)… Ces impressions sont un peu décousues, pardonnez le style, disons que j'ai été émotionnellement perturbée... Et en cherchant des photos sur internet pour illustrer tout cela, je m'aperçois que je n'ai pas vu le quart des collections (moi qui pensais en avoir parcouru presque la moitié !)

Dimanche, jour du Seigneur et jour de Noël, nous sommes allés à deux messes (entre les deux, courses, préparation du repas, une bonne dinde aux agrumes, recette maison).

Le matin, il a fallu se lever tôt pour aller à la messe à Harlem (un quartier Nord de Manhattan, le quartier Noir, toujours pauvre mais en fait assez joli avec ses grandes avenues et ses petits immeubles anciens, ce n’est pas du tout l’image de ghetto que j’en avais !).
C’était une messe africaine-américaine, menée par le pasteur Rev. Calvin O. Butts, qui a commencé la messe (après le chant de bienvenue du chœur) par une présentation des « invités » aux membres de l’église, puis une lecture de messages personnelles ( X. est en ce moment en voyage d’études à Sanghai, grâce à une bourse financée par l’église, et elle nous adresse un message de Noël, Y. a perdu sa mère, nous nous associons à son chagrin et la remercions d’avoir pensé à l’église dans ses dons..) : on a l’impression d’assister à une réunion de famille. Puis après quelques chants, prières, et lecture d’évangile, le pasteur commence son sermon d’emblée très politique. L’attitude de la police est inacceptable, et la communauté noire ne peut plus tolérer cela (je pense qu’il faisait allusion au fait général d’une très inquiétante sur-représentation des Noirs dans les taux d’arrestation et d’incarcération aux Etats-Unis, et d’un fait divers plus récent où un jeune homme, suite à une altercation dans un club de NY, a été abattu de 40 balles par la police alors qu’il n’était pas armé) : le pasteur donne publiquement un ultimatum aux autorités, qui doivent apporter des réponses satisfaisantes avant le 15 janvier.

Puis il reprend sa lecture de la Bible, et dénonce l’hypocrisie du gouvernement, qui envoie des soldats en Iraq et ne se préoccupe pas des pauvres de Harlem. Il conclut son sermon en espérant qu’une vraie révolution interviendra dans 2 ans (nb. Elections présidentielles). Il est très chaudement applaudi. Le sermon politique enchaîne très naturellement sur des prières et des actions de grâce, et de très beaux chants. On repart, ayant enfin compris l’importance que la religion pouvait avoir pour les Américains en général, pour les Noirs en particulier. Autour de l’église se forme une véritable communauté de gens qui se connaissent et se soutiennent. La messe n’est pas seulement un moment de prière, c’est un moment où la communauté se définit elle-même et se soude.

Abyssinian Church est l’une des églises les plus anciennes et des plus célèbres de Harlem - notamment grâce au prédicateur Adam Clayton, élu à la chambre des représentants en 1945 et très actif dans la lutte pour les droits civiques (déségrégation de l’armée) mais aussi pour une politique sociale (salaire minimal). A entendre la force rhétorique du pasteur Calvin O. Butts, sa virtuosité oratoire, et l’impression qu’il produit sur son auditoire, je comprends aussi que les églises puissent être un lieu de formation politique…
Dans un tout autre style, après un repas de Noël partagé entre agnostiques, athées, hindous et musulmans, nous sommes allés écouter la messe de Noël à l’église Saint Ignace de Loyola, catholique comme son nom l’indique, une immense cathédrale dans un style contre-réforme, tout en marbres et en dorures, et un auditoire presque complètement blanc… quel contraste avec Harlem ! la musique était très belle, mais le sermon du prêtre un peu ennuyeux (surtout à minuit…), et bien plus conservateur qu’à Harlem…Je me demande dans quelle mesure l’église influence politiquement les fidèles ou au contraire si les fidèles choisissent leur église en fonction de leurs convictions politiques (je parle d’église non pas comme confession en général, mais comme lieu spécifique, avec une certaine histoire, certaines personnalités, un certain type d’auditoire).

C’est la dernière solution qui me semble plus plausible (un épisode de Six Feet Under confirmerait cette intuition : le jeune entrepreneur de pompes funèbres gay, qui fréquentait une église très libérale avec son amant policier black, a changé d’église pour être inséré dans un milieu où il se ferait plus de relations pour ses affaires – banquiers, avocats etc. – mais la nouvelle église étant trop conservatrice, il est retournée à la précédente.. Je n’ai pas fini la série, je ne sais pas ce qui se passe après. Pour ceux qui l’ont vu, Olivier notamment, je suis très intéressée par vos commentaires - photo: une autre église de Harlem)
Fini pour aujourd'hui... il pleut toujours, il y a peu de passants dans la rue ce soir et de temps en temps on entend ces alarmes de voiture absolument insupportables qui en même temps font le charme de New York...

Tuesday, December 19, 2006

La Liberté...


Aujourd'hui, belle journée ensoleillée, j'ai visité la Statue de la liberté et Ellis Island, où arrivaient les immigrants. Je vous épargnerai l'histoire de la statue de la Liberté, grand symbole de l'amitié franco-américaine. Mais quelques mots sur Ellis Island: l'île était le point d'entrée des candidats à l'immigration aux Etats-Unis, de 1892 à 1956. La plupart des immigrants à cette époque venaient d'Europe, et 75% d'entre eux sont passés par Ellis Island. On estime à environ 12 millions le nombre de gens qui sont passés par ce point de contrôle, ont subi la visite médicale et parfois le test d'alphabétisation. Il y aurait 100 millions d'Américains descendant d'un émigrant passé par Ellis Island. C'est dire si ce lieu marque la mémoire nationale.

Lieu d'accueil pour ceux qui ont fuit la misère et les pogroms, Ellis Island est encadrée par la statue de la liberté sur sa petite île, et par les hautes tours de Manhattan sur le continent. Le musée raconte comment le pays s'est construit par ses migrations successives - il est très centré sur l'Europe, on ne parlera pas trop des Mexicains qui de toutes façons ne sont pas passés par Ellis Island. Beaucoup de belles photos, de documents historiques. On peut chercher le nom de son ancêtre sur les registres numérisés des archives. S'émouvoir devant les images de ces immigrants quittant une Europe misérable et tyrannique pour la Terre promise qui s'annonçait lumineuse et grandiose de toute la hauteur de ses grattes-ciel.



En bonus, les lumières de Time Square.. impossible de rendre en photo cette impression étrange d'être assiégé par les néons et les publicités plus ou moins agressives, cette impression indéfinissable de n'importe quoi, devant ces façades clignotantes, avec rien derrière.. Mais heureusement cette débauche de scintillements commerciaux est finalement limitée à cette portion de Broadway. Ce n'est pas le New- York que j'aime, vous l'aurez compris...

Sunday, December 17, 2006

NY3-Frick collection & Chinatown


Aujourd'hui, visite de la Frick collection, encore un musée extraordinaire, une collection privée qui contient parmi les plus belles pièces de la peinture, allant de Cimabue à Gainsborough en passant par Turner et Vermeer. Je vous ai mis ici un Whistler, parce que c'est un des seuls peintres américains représentés et que j'aime beaucoup cette symphonie rose vaporeuse...
On peut visiter le musée en ligne, avec de très belles reproductions des tableaux: www.frick.org




Le soir, pour faire à manger, nous sommes allés dans une poissonnerie à Chinatown, en passant par Little Italy - du quartier italien, il ne reste qu'une grande rue de restos pastas-pizzas, cafés espresso, et puis quelques bibelots catholiques...








Par contre le quartier chinois se porte bien, avec tous ses commerces de l'alimentation à l'électronique, et même les banques en chinois...









Et comme c'est Hannoukah, il y a de petits chandeliers absolument partout (restos, magasins, entrées d'immeubles, supermarché), et même parfois des camionettes des Loubavitch qui annoncent avec une joyeuse musique mi-Bar Mitvah mi-marchand de glace l'arrivée à NY du rabbin Moshiah (cf photo, dans Chinatown)

Saturday, December 16, 2006

Les voies de la politique

Je reçois régulièrement des questions portant sur la politique aux Etats-Unis, il est temps d'y répondre, surtout que j'ai eu plusieurs mois pour mûrir ce sujet... Alors laissez-moi vous dire que la politique, ce n'est pas un sujet qu'on aborde en société. D'abord c'est chiant. Ensuite, ça fâche. Enfin, ce n'est pas fun. Bon après ces simplifications, quelques exemples pour illustrer tout ça et le contredire:

Les élections de novembre ont beaucoup plus passionné le monde que les Américains eux-mêmes. Le débat politique, d'après ce qu'il m'en a semblé, a été pas mal eclipsé par les scandales de corruption (autant financière que morale) frappant les personnalités républicaines... D'autre part, les grandes questions nationales (comme la guerre en Iraq) sont certes très importantes, mais au moment même du vote elles sont diluées parmi tout un tas de questions de politique locale, allant de l'élection du shériff ou du juge, au vote sur les propositions citoyennes concernant la réforme globale de la politique fiscale, la réglementation de la distance légale entre la stri-teaseuse et le client de la boîte de strip-tease, la suppression de la subvention phénoménale accordée à l'équipe de basket de Seattle, les Sonics, qui n'a pas gagné un match depuis des années et réclame un nouveau stade, la réparation de telle route - et ils en auraient bien besoin, je suis effarée du mauvais état des rues aux Etats-unis : les autoroutes sont bien entretenues, mais dans les villes même les grandes avenues sont pleines de trous, et à Seattle, dès qu'il pleut, on se croirait au Sénégal avec des routes impraticables... pourtant on ne peut pas vraiment dire que la pluie soit une condition météorologique exceptionnelle ici.. hum...

Deuxième remarque générale sur la politique... J'ai suivi un cours de sciences politique le trimestre dernier. J'ai lu beaucoup de choses, appris beaucoup sur la "culture politique" aux Etats-unis et sa résistance à l'Etat providence. Mais j'ai été assez déçue du professeur : j'avais l'impression qu'il cherchait dans la science politique une science de prédiction des résultats électoraux... comme si ça servait au tiercé quoi! Je trouvais ça absurde, d'autant plus que chacun des cours (un séminaire en comité restreint, 7 élèves, et j'étais la seule fille...) comportait au moins une demi-heure de digression sur le baseball ou le poker. Cela m'ennuyait terriblement, surtout quand il était question de faire des paris, de tirer des prédictions pour gagner un maximum de fric. Je trouvais ça particulièrement immoral et cela dégradait beaucoup à mes yeux l'image du professeur, qui était censé être un intellectuel dans les hautes sphères de l'esprit plutôt que dans ces paris très bassement matériels. Jamais de débat idéologique ou philosophique sur la politique américaine: j'en étais frustrée (d'ailleurs je me venge beaucoup en privé. On va encore dire que les Français sont anti-américains...).

Mais finalement je crois que j'en ai appris beaucoup sur la culture politique américaine, "politique du poker": tâter le terrain, bluffer, et essayer de gagner un max.

Mais en écrivant mon "final paper" pour ce cours, un commentaire d'un discours d'une personnalité politique américaine, j'ai trouvé autre chose que cette politique du cynisme. J'ai choisi de commenter le discours de Barack Obama, Sénateur black de l'Illinois, très en vogue dans les médias et dans l'opinion, au point qu'on peut vraiment parler d'un "phénomène Obama".

Il s'est fait connaître en 2004, lors du discours de clôture de la Convention Démocrate, où il appelait à un nouveau consensus national, surmontant les fausses divisions morales pour trouver un nouveau souffle politique, et croire en une politique de l'espoir. L'expression "the audacity of hope" est devenu son leitmotiv, et le titre de son bouquin paru en 2006 et déjà best-seller -

Obama est désormais ovationné partout et tient des meetings à travers l'Amérique où il est accueilli comme une star de ciné, et raconte, avec beaucoup de modestie, son parcours politique improbable, lui le "skinny little boy with a funny name", et sa vision d'une Amérique plus juste (avec un salaire minimum plus décent et une couverture maladie globale) . Dans le NYT, le gouverneur du New-Hampshire racontait qu'il avait programmé la salle pour les Rolling Stones, puis qu'il avait annulé le concert ensuite en réalisant qu'Obama ferait davantage d'entrées ( http://www.nytimes.com/2006/12/11/us/11obama.html )... Alors, prochain président des Etats-Unis ? La route sera longue et difficile mais sincèrement le personnage m'est très sympathique (en plus il est plutôt charmant, non?)

New York - 1 et 2


Me voilà à New york, centre du monde...vous remarquerez que je me suis coupée les cheveux, toute seule, je suis assez fière de moi, de toutes façons avec les frisettes on voit pas trop les irrégularités.. Et puis j'ai aussi un nouveau manteau acheté au Zara de Vancouver. Ce qui me rappelle que j'ai beaucoup de retard dans ce blog, il faut que je raconte Vancouver encore, et j'ai un billet presque prêt sur la politique aux Etats-Unis.. Mais cela viendra... Pour commencer, une visite en images de New york, qui est une ville magnifique.
Je suis arrivée jeudi soir, après un long voyage (Seattle c'est quand-même super loin!!), accueillie par Damien (copain de l'ENS qui m'héberge et me fait découvrir la ville). Vendredi, visite de Central Park puis du MoMA, gratuit ce jour là.. curieusement, on entend du français partout, et j'ai même rencontré d'autres élèves de l'ENS, comme si tous les normaliens en échange aux USA s'étaient donné rdv à NY... Bon il faut dire aussi que NY c'est LA destination à la mode pour Noël et le Nouvel An... Il y a même des étudiants étrangers de Seattle qui ont créé un groupe Facebook "Christmas in NY" (pour ceux qui ne connaissent pas Facebook, c'est un site internet qui met les étudiants en réseau, permet de créer des groupes plus ou moins intéressants allant des activités politiques aux soirées beuverie parfois, et surtout qui fait perdre beaucoup de temps, mais c'est assez amusant aussi...).

Le MoMA est un musée magnifique, mais en l'admirant je comprends un peu le sentiment des Grecs qui voient les morceaux du Parthénon au Louvre... Tous ces tableaux que l'on considère comme notre patrimoine culturel national et qui se trouvent de ce côté-ci de l'Atlantique... Bon, cela rappelle les liens anciens qui unissent les deux rives. Et cela fait aussi qu'on se sent aussi dans un univers familier ici...
Nous y avons donc rencontré d'autres normaliens en vadrouille, et nous sommes allés dans un resto japonais très marrant, où on mange de la soupe de poisson avec des yeux et on peut faire sa barbe-à-papa à la sortie.

Je me suis initiée au billard le soir dans un bar (aussi très fréquenté par les Français !!) où les gens jouent aussi aux échecs et au scrabble.. c'est marrant, il y a un square aussi près de chez Damien (à Manhattan, Greenwich Village, près de la New York University) où les gens viennent jouer des parties d'échec à 5$.. Ah les rues sont drôlement plus animées qu'à Seattle, qui a un côté un peu provincial et suisse, tout est bien ordonné et tout le monde dort à 22h... New York a l'air incessamment actif, j'ai l'impression qu'on y dort peu. Et en effet il y a toujours de l'animation un peu bruyante dans la rue, surtout à Greenwich village...


Samedi, longue promenade dans la ville et sous ses gratte-ciel... passage de Soho à Canal Street (le Barbès de NY), au quartier administratif (très impressionnant, cet immense palais de justice qui semble une matérialisation architecturale de la bureaucratie kafkaïenne), le Brooklyn Bridge : premier pont suspendu au monde (cf photo avec Damien), construit par Roebling père fils et épouse.


Photo d'un gratte-ciel à travers une monumentale sculpture de Dubuffet, dans le quartier des affaires.


La statue de la liberté.. juste pour la photo. Bon elle est un peu floue, il faut dire qu'elle était complètement ivre, et après avoir expliqué à la maman de la petite fille que non, définitivement, elle ne pouvait pas tenir son flambeau, c'était trop pénible, et après que la maman et la petite fille soient parties (déçues et sans doute choquées par l'odeur immorale d'alcool qui émanait de dessous le masque..), est complètement tombée à la renverse, découvrant sous sa jupe faussement chaste deux grosses jambes poilues...



Trêve de plaisanterie, voici la vraie, au large de NY, accueillant les navire et leurs immigrants cherchant refuge "huddled masses yearning to be free"...



Pour finir cette promenade sur une note très émouvante, nous avons visité le Ground Zero, le lieu où se trouvaient les tours du World Trade Center.. En fait c'est un vaste chantier boueux entouré d'un gros grillage et protégé par des voitures de police, mais tout autour il y a des photos du 11 septembre, la chronologie de cette journée. C'est un lieu de commémoration d'un traumatisme national. Plus que national. Je me rappelle mes impressions ce jour là, ces images tellement esthétisées et tellement surréalistes, l'impression d'avoir un film d'action américain au journal de 20h, cette impression aussi d'un monde ébranlé et d'une menace terrible. Et la suite.
La station de métro est parsemée d'yeux en mosaïque, je ne sais pas trop ce qu'ils représentent, mais ça donne un peu l'impression d'une omnisurveillance dans le goût du Patriot Act.

Tuesday, December 12, 2006

Vancouver en retard...


C'est un peu tard maintenant pour raconter mon w-e de Thanksgiving à Vancouver, cela me paraît loin !! Juste quelques photos (en rappelant que mon appareil n'était pas tout à fait remis de la rainforest, et qu'il a eu des crises en humant l'air frisquet de Vancouver) pour donner une idée de cette ville qui ressemble énormément à Seattle, en beaucoup plus grand.. Même localisation géographique, au bord de l'eau dans une baie entourée de hautes montagnes, même centre ville de grattes-ciel, et immense banlieue de petites maisons dans un paysage verdoyant, même tour genre vaisseau spatial (Space Needle à Seattle, un peu ratée à Vancouver), et même train aérien (une réussite à Vancouver, un projet avorté à Seattle), bref des villes jumelles. J'y suis allée avec Arnaud, un copain de l'université qui enseigne aussi le français, et avec deux TA d'espagnol, Elena et Carlos.

On a voulu faire un w-e routard pas cher, alors on est parti en car à 30$ aller-retour (tarif "w-e étudiant"), on a trouvé un hotel miteux pas cher (13$ la nuit), mais vraiment miteux (tout était en carton, même les étagères du frigo), dans Chinatown et juste après le quartier des paumés (il y a un nombre incroyable de clochards et de gens mal en point dans les rues de Vancouver, le quartier de Gastown ressemble vraiment à une cour aux miracles).

On s'est bien promenés, on a eu bien froid, on a croisé l'équipe d'un film qui réalisait "the Battle of Seattle", racontant l'épopée des manifestants altermondialistes lors du sommet de l'OMC en 1999, on a vu les totems des descendants de la tribu indienne qui vivait dans la région autrefois (et qui font toujours de l'artisanat d'ailleurs, et notamment des gros bonnets en laine qui se sont avérés super utiles), on a admiré les flocons de neige qui dansaient joyeusement dans le soir, avant de souffrir de la neige fondue dans les chaussures, on a testé la bière excellente de brasseries locales, j'ai laissé mes compagnons dans les bars un soir pour aller à l'opéra écouter MacBeth de Verdi (une très belle représentation mais j'ai des réserves sur l'aptitude de Verdi à rendre les accents du drame shakespearien), on a visité le quartier de Grandville, son marché couvert (qui ressemble terriblement au Pike Market de Seattle, décidément) et ses cafés où malheureusement on ne nous a pas servi de café aprce qu'à cause des précipitations anormales de la semaine précédente les sources d'eau de la ville avaient été contaminées et l'eau du robinet était impropre à la consommation. On a soupçonné la serveuse du café d'être de mauvaise foi et de nous pousser à la consommation d'alcool (doute qui s'est confirmé lorsque nous sommes sortis...) - mais nous avons trouvé un bon thé bien chaud quelques mètres plus loin...

Nous sommes repartis avec la tempête de neige, c'était assez impressionnant sur la route, au point que nous regrettions de ne pas avoir prévu des vivres pour le trajet dans le car, et nous envisagions déjà de tirer un passager au sort au cas où nous en serions réduits à mourir de faim dans la neige... Heureusement nous sommes arrivés sains et saufs (tous-!), quelques 8 heures plus tard...

Friday, December 08, 2006

information cruciale

c'est la fin du trimestre, déjà.. j'ai encore deux papiers à rendre, un est presque fini (pour mon cours de méthodologie d'enseignement: comment je mets en oeuvre la méthode "communicative") et l'autre pas commencé (pour mon cours de sciences politiques: une analyse du discours de Barack Obama - c'est moi qui l'ai choisi.. c'est quelqu'un de très intéressant, vous pouvez trouver ses discours sur Youtube, ou juste sur google, mais ce n'est pas traduit...).
Sinon, j'ai une information très importante à vous communiquer: aujourd'hui j'ai demandé à une de mes élèves qui est TOUJOURS en tongues même en décembre, alors que la température moyenne est de 4°C, si elle n'avait pas froid aux pieds, eh bien elle m'a dit que SI. contrairement à ce que je pensais, il n'y a pas un phénomène d'isolation thermique pédestre. Les gens ici sont AUSSI sensibles au froid au niveau des pieds, mais simplement ils aiment agiter les orteils en cours, exhiber la perfection de leurs ongles de pieds ou avoir l'impression que c'est bientôt l'été - alors là, la méthode Couet est vraiment vraiment poussée à son comble, parce que c'est plutôt la saison du snowboard.. mais je vous rassure, personne ne fait du snowboard en tongues, parce que ça glisse. Par contre j'ai vu l'autre jour (quand il faisait -10°C...) un mec en bottes fourrées (frileux des pieds) et short hawaiien.... bon c'est vrai que -10C chez nous, ça fait 20° et quelques ici, avec leur système de mesure bizarre...

Thursday, November 30, 2006

Bulletin météo...

Oh j'ai beaucoup de choses à raconter: ma dinde de Thanksgiving chez Eric et Amy, une très bonne dinde version "gaucho écolo" de Seattle, dans une ambiance très sympathique - mon week-end à vancouver, ville jumelle de Seattle, beaucoup plus grande, entourée de belles montagnes enneigées et dont le centre-ville ressemble à la cour aux miracle tant les clodos y sont nombreux et mal en point... Beaucoup de choses mais je vais commencer par le plus spectaculaire, la METEO.
Après un mois de novembre tres pluvieux, qui a enregistre le RECORD DU SIECLE de pluviométrie (voir: http://www.nytimes.com/2006/11/27/us/27rain.html ), il s'est soudain mis à neiger... une tempête comme on n'en avait jamais vu ici, où il ne tombe jamais que quelques petits flocons par an. Bien sûr il neige dans les montagnes, mais les montagnes c'est fait pour faire du ski, pas la ville ! Du coup, vent de panique à Seattle. La tempête nous a pris à Vancouver le dimanche, nous a suivis sur la route, bloquée par 30 cm de neige... puis lundi soir à Seattle la grêle est tombée, puis la neige, et il s'est mis à faire super froid ( -10C), du coup tout a gelé, et on s'est retrouvé avec 3 à 5 cm de verglas sur les routes. Comme les Seattleites sont habitués à une douce humidité, mais pas au grand froid neigeux, bien sûr les routes n'étaient pas sablées ou salées... Le lendemain matin, les gens étaient paniqués par le temps, la moitié des cours ont été annulés à l'université. Tout d'un coup le nombre de gens en tongues a chuté de 80% (je ne dirais pas 100%, il y a toujours des tarés. Et des gens qui portent des shorts au dessus de leurs bottes de neige. Par -10C je le répète...). Les infos à la télé ont mis en place une cellule de crise, pour couvrir l'événement. Des dizaines de voitures ont été abandonnées sur le bord des routes. Les carrossiers vont faire fortune. Et, attendez-vous à pire: sur un ton savamment dramatique le présentateur expliquait "demain matin, quand vous vous réveillerez, vous aurez l'impression qu'il fait beau, et que le mauvais temps est passé. En effet, le ciel semblera dégagé, le soleil brillera. Mais détrompez vous, une nouvelle tempête de neige s'abattra sur la ville dans la soirée, encore plus importante que la précédente.." - suivent les images satellites montrant le déplacement menaçant des nuages de neige.. En effet le lendemain après une affreuse pluie verglaçante (de la pluie qui gèle en tombant, c'est très bizarre, ça fait comme des petites aiguilles. Si vous voulez étudier la pluie, Seattle est une région très intéressante par la diversité des phénomènes pluviométriques qu'elle présente), la neige est venue, toute jolie et dansante dans les airs, on se croyait à Noel.
La douceur et la pluie sont désormais revenues, je pense que j'aurai presque une classe complète en cours demain, c'est bien je vais leur faire le petit spirou... Et puis j'ai trois papiers à rendre pour la semaine prochaine (c'est déjà la dernière semaine de cours!) - mais je prendrai un peu de temps pour vous raconter Vancouver...

Wednesday, November 15, 2006

que d'arbres que d'arbres...



J'ai entendu par écho des réactions d'intellectuels parisiens ( ;-))surpris du ton très "nature" que prend mon blog, où je m'émerveille des écureuils, marmottes, dauphins, et autres spécimens de nos amies les bêtes. Non je ne suis pas encore devenue une femme des bois, mais presque... d'ailleurs je vais en rajouter puisque mon appareil photo, qui a eu un coma pluvial (court-circuit provoqué par la sur-humidité de la "rainforest"-bien-nommée) est remis de ses émotions...
Donc plutôt que de vous parler de mes cours (qui sont au demeurant très intéressants) et de mes enseignements (qui se passent très bien), je vous envoie encore des photos de l'Evergreen State (pour les "pas-très-anglophones": le Pays Toujours Vert, c'est comme ça qu'on appelle l'Etat du Washington)
Et pour continuer sur ma lancée j'aimerais vous parler de la beauté de cet automne avec ces arbes qui passaient doucement du vert au jaune puis au rouge... et soudain, la pluie et le vent, et toutes ces couleurs se sont envolées, éparpillées dans une boue triste et glissante...


(et, pour encore en rajouter, en rentrant ce soir après une longue journée de cours et de correction de copies, je suis tombée nez-à-nez avec un raton laveur énorme, qui m'a regardé de ses petits yeux à la zorro, perdus au milieu de ses bourrelets, avant de se décider à trottiner son obésité derrière un buisson. C'est très bizarre comme bestiole. Et assez incongru, entre le bâtiment des sciences sociales et l'entrée ouest de la bibliothèque...)