Sunday, August 10, 2008

retour, départ , absences - et présence du Poète

Je vais devoir changer le nom de ce blog, sans pouvoir véritablement décider d'une destination. Yasmine-à-Paris n'est pas assez exotique pour moi,-en-Iran ne sera que temporaire. D'ici là je garde le nom de Seattle en mémoire de cette ville où je reviendrai très certainement.

Pour aujourd'hui, jour de deuil, je veux laisser de côté ces débats vains autour du lieu, et rendre hommage au poète de la terre et de l'exil. Voici un des poèmes de Darwich, une des pages cornée du recueil qui accompagna souvent mon sommeil. C'est un choix un peu narcissique puisqu'il commence, en arabe, par mon nom...

"Nuit qui déborde du corps"

Jasmin sur les nuits de juillet. Chanson
Pour deux étrangers qui se rencontrent dans une rue qui ne mène nulle part
Qui suis-je après ces deux yeux en amande?
Dit l'étranger
Qui suis-je après ton exil en moi ? Dit l'étrangère
Prenons garde alors, à ne pas remuer le sel des mers anciennes
Dans un corps qui se souvient
Elle lui restituait son corps chaud
Et il lui restituait son corps chaud
Ainsi les deux amants étrangers laissent leurs amours en désordre
Comme ils abandonnent leurs sous-vêtements entre les fleurs des draps
- Si tu es vraiment mon aimé, compose un Cantique des cantiques pour moi
Et grave mon nom sur la branche d'un grenadier, dans les jardins de Babylone
- Si tu m'aimes vraiment, place mon rêve entre mes mains, et dis
Dis au fils de Marie: Ainsi, tu nous fais subir le sort que tu t'es choisi
Seigneur, sommes-nous assez justes, pour l'être demain?
- Comment guérirais-je du jasmin demain?
- Comment guérirais-je du jasmin demain?
Ils font obscurité ensemble dans des ombres qui dansent au plafond de la chambre
Elle lui dit: Ne sois pas ténébreux après mes seins
Il dit: Tes seins, nuits qui éclairent l'essentiel
Nuits qui me couvrent de baisers, et nous nous sommes emplis
Le lieu et moi, de nuits qui débordent de la coupe
Elle rit de sa description. Et elle rit encore
Lorsqu'elle cache la pente de la nuit dans sa main
- Mon amour, s'il m'était donné d'être un garçon, je serais toi
- Et s'il m'était donné d'être une fille, je serais toi
Et elle pleure, comme à son habitude lorsqu'elle revient d'un ciel couleur de vin
Emmène -moi Etranger dans un pays où
Je ne possède pas un oiseau bleu sur un saule
Et elle pleure, pour traverser ses forêts dans le long départ vers elle-même. Qui suis-je?
Qui suis-je après ton exil dans mon corps?
Aah cette peine qui me vient de moi, de toi de mon pays
Qui suis-je après ces deux yeux en amande?
Montre-moi mon lendemain!
Ainsi les deux amants laissent leurs adieux en désordre
Comme le parfum du jasmin sur les nuits de juillet
Quand vient juillet
Le jasmin me porte à une rue qui ne mène nulle part
Mais je chante encore
Jasmin
Sur les nuits
De juillet

(traduction d'Elias Sanbar)