Thursday, December 28, 2006

Washington DC - The City of Magnificent Distances


Une petite escapade de deux jours dans la capitale fédérale... une ville monumentale, dessinée pour être le siège du pouvoir et la célébration des fondateurs de la nation.

Les plans ont été imaginés par un architecte français, L'Enfant, qui avait sans doute vu la terre vierge sur les rives du fleuve Potomac comme un terrain tout désigné par la Providence pour la réalisation des grandeurs les plus monumentales...

Le pauvre architecte est finalement mort dans la misère et l'oubli, après avoir été congédié car ses plans étaient inconciliables avec les approches plus pragmatiques des autres urbanistes appointés par Georges Washington pour construire la capitale. Mais les plans ont été conservés et ce sont d'immenses monuments d'inspiration gréco-romaine qui s'élèvent dans de majestueuses perspectives.
Un sens de la grandeur, certes, un certain sens du marketing aussi... tout monument édifié se doit de battre un record pour mériter l'attention la plus extrême des visiteurs, comme ne manquent pas de nous le rappeler les guides et "rangers" qui font visiter les lieux.

Le plus haut obélisque du monde, construit de blocs de marbre et au sommet duquel deux yeux rouges scrutent l'horizon (ils ont certainement une utilité immédiate, comme avertir les avions, mais je soupçonne d'autres fonctions plus ésotériques... ces yeux ressemblent terriblement à ceux des fétiches dans Kirikou et la sorcière) ; le plus grand bâtiment en marbre du monde (la National Gallery of Art); la plus belle bibliothèque du monde (dixit le guide de la bibliothèque du congrès, édifice effectivement magnifique); la plus grande démocratie du monde sous le dôme du capitole (hum...).
Washington est une ville qui se visite, il n'y a pas la vie de NY (surtout que la plupart des fonctionnaires doivent être actuellement en congé: résultat, il n'y a que des touristes, des gardes, et des drapeaux en berne en mémoire du président Ford).

C'est une capitale faite pour forger l'identité nationale, autour de ses lieux fondateurs (les monuments abritant les institutions de la démocratie), de ses personnalités marquantes : Jefferson (qui a un beau monument de marbre entouré de pins, ce qui lui donne un air très méditerranéen- photo) et Lincoln (dont la statue paternelle regarde de haut toutes les manifestations qui se déroulent à ses pieds...); Roosevelt aussi a un monument qui retrace, avec ses paroles gravées dans le granit, les moments clés du New Deal...

Et bien sûr la personnalité fondatrice, Georges Washington, à qui la ville est toute entière dédiée, et qui est même représenté en "ascension" sur le plafond de la coupole du Congrès - comme Jésus dans l'iconographie des églises... c'est un culte de la personnalité qui peut surprendre par son omniprésence (curieusement on était plus habitué à voir cela chez les ennemis de l'Amérique !) mais finalement quand on voit combien les Etats-Unis revendiquent l'héritage de Rome, tout fait sens...
Enfin troisième moment du culte national, les monuments aux morts: le monument aux combattants de la Seconde Guerre Mondiale, inauguré très récemment (2004), qui égrène des batailles et des noms de lieux ; le monuments aux morts du Viet Nam, qui égrène le nom des Américains morts au combat, et qui sont encore chéris par leurs proches, en témoignent les fleurs, l'arbre de noël avec ses messages, les visiteurs avec leur petit papier où ils ont griffonné la référence de la plaque commémorative pour retrouver un nom parmi les milliers d'autres.


En face, le monument aux morts de la guerre de Corée (photo), et le "combat pour la liberté"...



Je repars avec des sentiments mitigés, impressionnée par la foi de l'Amérique dans sa grandeur et sa capacité à réaliser l'accomplissement de l'humanité par la démocratie et la science, effrayée aussi par ce que cette foi peut avoir de fanatique dans ses excès.

Monday, December 25, 2006

Noel à New York


Aujourd’hui, journée larvesque et studieuse. Il pleut à New York, journée idéale pour ne rien faire, tout en préparant un peu mes cours pour la rentrée. Ente le chapitre sur le présent (tiens je découvre qu’il y a 4 groupes de conjugaisons en français, j’ai toujours cru qu’il y en avait 3…) et le chapitre sur l’impératif (avec une délicieuse comptine de Prévert), je vais vous raconter les jours passés à New york…

J’avais bien commencé méthodiquement et puis tout s’est effiloché, je suis presque entrée dans une routine newyorkaise, à sortir le soir à des concerts, dans des bars ou dans des clubs de jazz semi-clandestins, à me lever à pas d’heure et me promener avec Damien l’après-midi. J’ai continué mes visites de la ville fantastique, aussi bien dans ses hauteurs que dans ses souterrains…

Voici quelques photos de l’Empire State Building et de la "skyline" New York - un peu brumeuse ce jour là mais d’autant plus fascinante d’une luminosité auréolée de mystère, dans laquelle se découpent et se fondent les silhouettes d’une forêt de grattes-ciel….



Et puis des photos de l’intérieur de la Gare Centrale, toute parée pour la fête, diffusant tous les quarts d’heure un spectacle son et lumière évoquant l’atmosphère de noël…

Et ces murs d'un squatt d'artiste à Lower East Side (entre Greenwich Village et Chinatown), superposant les rencontres - Par chaînes de contacts plus ou moins directes d’amis d’amis et leurs amis respectifs, j’ai rencontré pas mal de monde. Des étudiants arabes qui m’ont fait découvrir le quartier arabe du Queens où on peut fumer une bonne chicha malgré l’interdiction générale de fumer à NY (ce sont des chichas « sans nicotine »… !) ; un juif newyorkais qui écrit un guide des sorties, nous a harponnés lors d’un spectacle de danse du ventre à la Brooklyn Academy of Music, nous a proposés de venir voir un spectacle de musique sépharade dans un club célébrant la fin de Hannoukhah puis nous a tenu la jambe pendant 3 h pour nous parler du prix nobel du génie décerné à un des musiciens de ce club ; un indien architecte, Chai (qui travaille à construire des grands ouvrages un peu partout dans le monde) et sa sœur, Debochery (oui elle a un nom très bizarre mais c’est une jeune fille très décente et réservée, et très belle en plus) qui sont venus passer le réveillon avec nous. New York est une ville très cosmopolite…j’ai l’impression d’être au centre du monde…
J’ai visité le Metropolitan Museum of Art ( Met’ pour les intimes), absolument extraordinaire, j’ai l’impression de dire ça tout le temps mais c’est vrai ! Depuis les plus fins textiles byzantins (Violaine tu pourrais négocier un voyage d’étude avec ton école) au patio de palais andalou entièrement déplacé de son Espagne originelle, en passant par les paravents japonais, les impressionnistes français (euh je triche, je ne les ai pas vus parce qu’on ne pouvait pas faire le musée en une fois…), les vitraux de cathédrales gothiques, les ivoires, les petits santons en porcelaine de Saint Petersbourg, les statues maya et leurs vases aux motifs de bande dessinée, les totems papous (dont le sourire égare un peu le spectateur après les tableaux légers de Boucher… cette figure que nous voyons comme sympathique représente-t-elle vraiment une divinité bienveillante, ou est-ce nous qui n’avons pas les bonnes clés de lecture ? Je lance le débat pour les amis intéressés, ceci s’adresse à Julien en particulier)… Ces impressions sont un peu décousues, pardonnez le style, disons que j'ai été émotionnellement perturbée... Et en cherchant des photos sur internet pour illustrer tout cela, je m'aperçois que je n'ai pas vu le quart des collections (moi qui pensais en avoir parcouru presque la moitié !)

Dimanche, jour du Seigneur et jour de Noël, nous sommes allés à deux messes (entre les deux, courses, préparation du repas, une bonne dinde aux agrumes, recette maison).

Le matin, il a fallu se lever tôt pour aller à la messe à Harlem (un quartier Nord de Manhattan, le quartier Noir, toujours pauvre mais en fait assez joli avec ses grandes avenues et ses petits immeubles anciens, ce n’est pas du tout l’image de ghetto que j’en avais !).
C’était une messe africaine-américaine, menée par le pasteur Rev. Calvin O. Butts, qui a commencé la messe (après le chant de bienvenue du chœur) par une présentation des « invités » aux membres de l’église, puis une lecture de messages personnelles ( X. est en ce moment en voyage d’études à Sanghai, grâce à une bourse financée par l’église, et elle nous adresse un message de Noël, Y. a perdu sa mère, nous nous associons à son chagrin et la remercions d’avoir pensé à l’église dans ses dons..) : on a l’impression d’assister à une réunion de famille. Puis après quelques chants, prières, et lecture d’évangile, le pasteur commence son sermon d’emblée très politique. L’attitude de la police est inacceptable, et la communauté noire ne peut plus tolérer cela (je pense qu’il faisait allusion au fait général d’une très inquiétante sur-représentation des Noirs dans les taux d’arrestation et d’incarcération aux Etats-Unis, et d’un fait divers plus récent où un jeune homme, suite à une altercation dans un club de NY, a été abattu de 40 balles par la police alors qu’il n’était pas armé) : le pasteur donne publiquement un ultimatum aux autorités, qui doivent apporter des réponses satisfaisantes avant le 15 janvier.

Puis il reprend sa lecture de la Bible, et dénonce l’hypocrisie du gouvernement, qui envoie des soldats en Iraq et ne se préoccupe pas des pauvres de Harlem. Il conclut son sermon en espérant qu’une vraie révolution interviendra dans 2 ans (nb. Elections présidentielles). Il est très chaudement applaudi. Le sermon politique enchaîne très naturellement sur des prières et des actions de grâce, et de très beaux chants. On repart, ayant enfin compris l’importance que la religion pouvait avoir pour les Américains en général, pour les Noirs en particulier. Autour de l’église se forme une véritable communauté de gens qui se connaissent et se soutiennent. La messe n’est pas seulement un moment de prière, c’est un moment où la communauté se définit elle-même et se soude.

Abyssinian Church est l’une des églises les plus anciennes et des plus célèbres de Harlem - notamment grâce au prédicateur Adam Clayton, élu à la chambre des représentants en 1945 et très actif dans la lutte pour les droits civiques (déségrégation de l’armée) mais aussi pour une politique sociale (salaire minimal). A entendre la force rhétorique du pasteur Calvin O. Butts, sa virtuosité oratoire, et l’impression qu’il produit sur son auditoire, je comprends aussi que les églises puissent être un lieu de formation politique…
Dans un tout autre style, après un repas de Noël partagé entre agnostiques, athées, hindous et musulmans, nous sommes allés écouter la messe de Noël à l’église Saint Ignace de Loyola, catholique comme son nom l’indique, une immense cathédrale dans un style contre-réforme, tout en marbres et en dorures, et un auditoire presque complètement blanc… quel contraste avec Harlem ! la musique était très belle, mais le sermon du prêtre un peu ennuyeux (surtout à minuit…), et bien plus conservateur qu’à Harlem…Je me demande dans quelle mesure l’église influence politiquement les fidèles ou au contraire si les fidèles choisissent leur église en fonction de leurs convictions politiques (je parle d’église non pas comme confession en général, mais comme lieu spécifique, avec une certaine histoire, certaines personnalités, un certain type d’auditoire).

C’est la dernière solution qui me semble plus plausible (un épisode de Six Feet Under confirmerait cette intuition : le jeune entrepreneur de pompes funèbres gay, qui fréquentait une église très libérale avec son amant policier black, a changé d’église pour être inséré dans un milieu où il se ferait plus de relations pour ses affaires – banquiers, avocats etc. – mais la nouvelle église étant trop conservatrice, il est retournée à la précédente.. Je n’ai pas fini la série, je ne sais pas ce qui se passe après. Pour ceux qui l’ont vu, Olivier notamment, je suis très intéressée par vos commentaires - photo: une autre église de Harlem)
Fini pour aujourd'hui... il pleut toujours, il y a peu de passants dans la rue ce soir et de temps en temps on entend ces alarmes de voiture absolument insupportables qui en même temps font le charme de New York...

Tuesday, December 19, 2006

La Liberté...


Aujourd'hui, belle journée ensoleillée, j'ai visité la Statue de la liberté et Ellis Island, où arrivaient les immigrants. Je vous épargnerai l'histoire de la statue de la Liberté, grand symbole de l'amitié franco-américaine. Mais quelques mots sur Ellis Island: l'île était le point d'entrée des candidats à l'immigration aux Etats-Unis, de 1892 à 1956. La plupart des immigrants à cette époque venaient d'Europe, et 75% d'entre eux sont passés par Ellis Island. On estime à environ 12 millions le nombre de gens qui sont passés par ce point de contrôle, ont subi la visite médicale et parfois le test d'alphabétisation. Il y aurait 100 millions d'Américains descendant d'un émigrant passé par Ellis Island. C'est dire si ce lieu marque la mémoire nationale.

Lieu d'accueil pour ceux qui ont fuit la misère et les pogroms, Ellis Island est encadrée par la statue de la liberté sur sa petite île, et par les hautes tours de Manhattan sur le continent. Le musée raconte comment le pays s'est construit par ses migrations successives - il est très centré sur l'Europe, on ne parlera pas trop des Mexicains qui de toutes façons ne sont pas passés par Ellis Island. Beaucoup de belles photos, de documents historiques. On peut chercher le nom de son ancêtre sur les registres numérisés des archives. S'émouvoir devant les images de ces immigrants quittant une Europe misérable et tyrannique pour la Terre promise qui s'annonçait lumineuse et grandiose de toute la hauteur de ses grattes-ciel.



En bonus, les lumières de Time Square.. impossible de rendre en photo cette impression étrange d'être assiégé par les néons et les publicités plus ou moins agressives, cette impression indéfinissable de n'importe quoi, devant ces façades clignotantes, avec rien derrière.. Mais heureusement cette débauche de scintillements commerciaux est finalement limitée à cette portion de Broadway. Ce n'est pas le New- York que j'aime, vous l'aurez compris...

Sunday, December 17, 2006

NY3-Frick collection & Chinatown


Aujourd'hui, visite de la Frick collection, encore un musée extraordinaire, une collection privée qui contient parmi les plus belles pièces de la peinture, allant de Cimabue à Gainsborough en passant par Turner et Vermeer. Je vous ai mis ici un Whistler, parce que c'est un des seuls peintres américains représentés et que j'aime beaucoup cette symphonie rose vaporeuse...
On peut visiter le musée en ligne, avec de très belles reproductions des tableaux: www.frick.org




Le soir, pour faire à manger, nous sommes allés dans une poissonnerie à Chinatown, en passant par Little Italy - du quartier italien, il ne reste qu'une grande rue de restos pastas-pizzas, cafés espresso, et puis quelques bibelots catholiques...








Par contre le quartier chinois se porte bien, avec tous ses commerces de l'alimentation à l'électronique, et même les banques en chinois...









Et comme c'est Hannoukah, il y a de petits chandeliers absolument partout (restos, magasins, entrées d'immeubles, supermarché), et même parfois des camionettes des Loubavitch qui annoncent avec une joyeuse musique mi-Bar Mitvah mi-marchand de glace l'arrivée à NY du rabbin Moshiah (cf photo, dans Chinatown)

Saturday, December 16, 2006

Les voies de la politique

Je reçois régulièrement des questions portant sur la politique aux Etats-Unis, il est temps d'y répondre, surtout que j'ai eu plusieurs mois pour mûrir ce sujet... Alors laissez-moi vous dire que la politique, ce n'est pas un sujet qu'on aborde en société. D'abord c'est chiant. Ensuite, ça fâche. Enfin, ce n'est pas fun. Bon après ces simplifications, quelques exemples pour illustrer tout ça et le contredire:

Les élections de novembre ont beaucoup plus passionné le monde que les Américains eux-mêmes. Le débat politique, d'après ce qu'il m'en a semblé, a été pas mal eclipsé par les scandales de corruption (autant financière que morale) frappant les personnalités républicaines... D'autre part, les grandes questions nationales (comme la guerre en Iraq) sont certes très importantes, mais au moment même du vote elles sont diluées parmi tout un tas de questions de politique locale, allant de l'élection du shériff ou du juge, au vote sur les propositions citoyennes concernant la réforme globale de la politique fiscale, la réglementation de la distance légale entre la stri-teaseuse et le client de la boîte de strip-tease, la suppression de la subvention phénoménale accordée à l'équipe de basket de Seattle, les Sonics, qui n'a pas gagné un match depuis des années et réclame un nouveau stade, la réparation de telle route - et ils en auraient bien besoin, je suis effarée du mauvais état des rues aux Etats-unis : les autoroutes sont bien entretenues, mais dans les villes même les grandes avenues sont pleines de trous, et à Seattle, dès qu'il pleut, on se croirait au Sénégal avec des routes impraticables... pourtant on ne peut pas vraiment dire que la pluie soit une condition météorologique exceptionnelle ici.. hum...

Deuxième remarque générale sur la politique... J'ai suivi un cours de sciences politique le trimestre dernier. J'ai lu beaucoup de choses, appris beaucoup sur la "culture politique" aux Etats-unis et sa résistance à l'Etat providence. Mais j'ai été assez déçue du professeur : j'avais l'impression qu'il cherchait dans la science politique une science de prédiction des résultats électoraux... comme si ça servait au tiercé quoi! Je trouvais ça absurde, d'autant plus que chacun des cours (un séminaire en comité restreint, 7 élèves, et j'étais la seule fille...) comportait au moins une demi-heure de digression sur le baseball ou le poker. Cela m'ennuyait terriblement, surtout quand il était question de faire des paris, de tirer des prédictions pour gagner un maximum de fric. Je trouvais ça particulièrement immoral et cela dégradait beaucoup à mes yeux l'image du professeur, qui était censé être un intellectuel dans les hautes sphères de l'esprit plutôt que dans ces paris très bassement matériels. Jamais de débat idéologique ou philosophique sur la politique américaine: j'en étais frustrée (d'ailleurs je me venge beaucoup en privé. On va encore dire que les Français sont anti-américains...).

Mais finalement je crois que j'en ai appris beaucoup sur la culture politique américaine, "politique du poker": tâter le terrain, bluffer, et essayer de gagner un max.

Mais en écrivant mon "final paper" pour ce cours, un commentaire d'un discours d'une personnalité politique américaine, j'ai trouvé autre chose que cette politique du cynisme. J'ai choisi de commenter le discours de Barack Obama, Sénateur black de l'Illinois, très en vogue dans les médias et dans l'opinion, au point qu'on peut vraiment parler d'un "phénomène Obama".

Il s'est fait connaître en 2004, lors du discours de clôture de la Convention Démocrate, où il appelait à un nouveau consensus national, surmontant les fausses divisions morales pour trouver un nouveau souffle politique, et croire en une politique de l'espoir. L'expression "the audacity of hope" est devenu son leitmotiv, et le titre de son bouquin paru en 2006 et déjà best-seller -

Obama est désormais ovationné partout et tient des meetings à travers l'Amérique où il est accueilli comme une star de ciné, et raconte, avec beaucoup de modestie, son parcours politique improbable, lui le "skinny little boy with a funny name", et sa vision d'une Amérique plus juste (avec un salaire minimum plus décent et une couverture maladie globale) . Dans le NYT, le gouverneur du New-Hampshire racontait qu'il avait programmé la salle pour les Rolling Stones, puis qu'il avait annulé le concert ensuite en réalisant qu'Obama ferait davantage d'entrées ( http://www.nytimes.com/2006/12/11/us/11obama.html )... Alors, prochain président des Etats-Unis ? La route sera longue et difficile mais sincèrement le personnage m'est très sympathique (en plus il est plutôt charmant, non?)

New York - 1 et 2


Me voilà à New york, centre du monde...vous remarquerez que je me suis coupée les cheveux, toute seule, je suis assez fière de moi, de toutes façons avec les frisettes on voit pas trop les irrégularités.. Et puis j'ai aussi un nouveau manteau acheté au Zara de Vancouver. Ce qui me rappelle que j'ai beaucoup de retard dans ce blog, il faut que je raconte Vancouver encore, et j'ai un billet presque prêt sur la politique aux Etats-Unis.. Mais cela viendra... Pour commencer, une visite en images de New york, qui est une ville magnifique.
Je suis arrivée jeudi soir, après un long voyage (Seattle c'est quand-même super loin!!), accueillie par Damien (copain de l'ENS qui m'héberge et me fait découvrir la ville). Vendredi, visite de Central Park puis du MoMA, gratuit ce jour là.. curieusement, on entend du français partout, et j'ai même rencontré d'autres élèves de l'ENS, comme si tous les normaliens en échange aux USA s'étaient donné rdv à NY... Bon il faut dire aussi que NY c'est LA destination à la mode pour Noël et le Nouvel An... Il y a même des étudiants étrangers de Seattle qui ont créé un groupe Facebook "Christmas in NY" (pour ceux qui ne connaissent pas Facebook, c'est un site internet qui met les étudiants en réseau, permet de créer des groupes plus ou moins intéressants allant des activités politiques aux soirées beuverie parfois, et surtout qui fait perdre beaucoup de temps, mais c'est assez amusant aussi...).

Le MoMA est un musée magnifique, mais en l'admirant je comprends un peu le sentiment des Grecs qui voient les morceaux du Parthénon au Louvre... Tous ces tableaux que l'on considère comme notre patrimoine culturel national et qui se trouvent de ce côté-ci de l'Atlantique... Bon, cela rappelle les liens anciens qui unissent les deux rives. Et cela fait aussi qu'on se sent aussi dans un univers familier ici...
Nous y avons donc rencontré d'autres normaliens en vadrouille, et nous sommes allés dans un resto japonais très marrant, où on mange de la soupe de poisson avec des yeux et on peut faire sa barbe-à-papa à la sortie.

Je me suis initiée au billard le soir dans un bar (aussi très fréquenté par les Français !!) où les gens jouent aussi aux échecs et au scrabble.. c'est marrant, il y a un square aussi près de chez Damien (à Manhattan, Greenwich Village, près de la New York University) où les gens viennent jouer des parties d'échec à 5$.. Ah les rues sont drôlement plus animées qu'à Seattle, qui a un côté un peu provincial et suisse, tout est bien ordonné et tout le monde dort à 22h... New York a l'air incessamment actif, j'ai l'impression qu'on y dort peu. Et en effet il y a toujours de l'animation un peu bruyante dans la rue, surtout à Greenwich village...


Samedi, longue promenade dans la ville et sous ses gratte-ciel... passage de Soho à Canal Street (le Barbès de NY), au quartier administratif (très impressionnant, cet immense palais de justice qui semble une matérialisation architecturale de la bureaucratie kafkaïenne), le Brooklyn Bridge : premier pont suspendu au monde (cf photo avec Damien), construit par Roebling père fils et épouse.


Photo d'un gratte-ciel à travers une monumentale sculpture de Dubuffet, dans le quartier des affaires.


La statue de la liberté.. juste pour la photo. Bon elle est un peu floue, il faut dire qu'elle était complètement ivre, et après avoir expliqué à la maman de la petite fille que non, définitivement, elle ne pouvait pas tenir son flambeau, c'était trop pénible, et après que la maman et la petite fille soient parties (déçues et sans doute choquées par l'odeur immorale d'alcool qui émanait de dessous le masque..), est complètement tombée à la renverse, découvrant sous sa jupe faussement chaste deux grosses jambes poilues...



Trêve de plaisanterie, voici la vraie, au large de NY, accueillant les navire et leurs immigrants cherchant refuge "huddled masses yearning to be free"...



Pour finir cette promenade sur une note très émouvante, nous avons visité le Ground Zero, le lieu où se trouvaient les tours du World Trade Center.. En fait c'est un vaste chantier boueux entouré d'un gros grillage et protégé par des voitures de police, mais tout autour il y a des photos du 11 septembre, la chronologie de cette journée. C'est un lieu de commémoration d'un traumatisme national. Plus que national. Je me rappelle mes impressions ce jour là, ces images tellement esthétisées et tellement surréalistes, l'impression d'avoir un film d'action américain au journal de 20h, cette impression aussi d'un monde ébranlé et d'une menace terrible. Et la suite.
La station de métro est parsemée d'yeux en mosaïque, je ne sais pas trop ce qu'ils représentent, mais ça donne un peu l'impression d'une omnisurveillance dans le goût du Patriot Act.

Tuesday, December 12, 2006

Vancouver en retard...


C'est un peu tard maintenant pour raconter mon w-e de Thanksgiving à Vancouver, cela me paraît loin !! Juste quelques photos (en rappelant que mon appareil n'était pas tout à fait remis de la rainforest, et qu'il a eu des crises en humant l'air frisquet de Vancouver) pour donner une idée de cette ville qui ressemble énormément à Seattle, en beaucoup plus grand.. Même localisation géographique, au bord de l'eau dans une baie entourée de hautes montagnes, même centre ville de grattes-ciel, et immense banlieue de petites maisons dans un paysage verdoyant, même tour genre vaisseau spatial (Space Needle à Seattle, un peu ratée à Vancouver), et même train aérien (une réussite à Vancouver, un projet avorté à Seattle), bref des villes jumelles. J'y suis allée avec Arnaud, un copain de l'université qui enseigne aussi le français, et avec deux TA d'espagnol, Elena et Carlos.

On a voulu faire un w-e routard pas cher, alors on est parti en car à 30$ aller-retour (tarif "w-e étudiant"), on a trouvé un hotel miteux pas cher (13$ la nuit), mais vraiment miteux (tout était en carton, même les étagères du frigo), dans Chinatown et juste après le quartier des paumés (il y a un nombre incroyable de clochards et de gens mal en point dans les rues de Vancouver, le quartier de Gastown ressemble vraiment à une cour aux miracles).

On s'est bien promenés, on a eu bien froid, on a croisé l'équipe d'un film qui réalisait "the Battle of Seattle", racontant l'épopée des manifestants altermondialistes lors du sommet de l'OMC en 1999, on a vu les totems des descendants de la tribu indienne qui vivait dans la région autrefois (et qui font toujours de l'artisanat d'ailleurs, et notamment des gros bonnets en laine qui se sont avérés super utiles), on a admiré les flocons de neige qui dansaient joyeusement dans le soir, avant de souffrir de la neige fondue dans les chaussures, on a testé la bière excellente de brasseries locales, j'ai laissé mes compagnons dans les bars un soir pour aller à l'opéra écouter MacBeth de Verdi (une très belle représentation mais j'ai des réserves sur l'aptitude de Verdi à rendre les accents du drame shakespearien), on a visité le quartier de Grandville, son marché couvert (qui ressemble terriblement au Pike Market de Seattle, décidément) et ses cafés où malheureusement on ne nous a pas servi de café aprce qu'à cause des précipitations anormales de la semaine précédente les sources d'eau de la ville avaient été contaminées et l'eau du robinet était impropre à la consommation. On a soupçonné la serveuse du café d'être de mauvaise foi et de nous pousser à la consommation d'alcool (doute qui s'est confirmé lorsque nous sommes sortis...) - mais nous avons trouvé un bon thé bien chaud quelques mètres plus loin...

Nous sommes repartis avec la tempête de neige, c'était assez impressionnant sur la route, au point que nous regrettions de ne pas avoir prévu des vivres pour le trajet dans le car, et nous envisagions déjà de tirer un passager au sort au cas où nous en serions réduits à mourir de faim dans la neige... Heureusement nous sommes arrivés sains et saufs (tous-!), quelques 8 heures plus tard...

Friday, December 08, 2006

information cruciale

c'est la fin du trimestre, déjà.. j'ai encore deux papiers à rendre, un est presque fini (pour mon cours de méthodologie d'enseignement: comment je mets en oeuvre la méthode "communicative") et l'autre pas commencé (pour mon cours de sciences politiques: une analyse du discours de Barack Obama - c'est moi qui l'ai choisi.. c'est quelqu'un de très intéressant, vous pouvez trouver ses discours sur Youtube, ou juste sur google, mais ce n'est pas traduit...).
Sinon, j'ai une information très importante à vous communiquer: aujourd'hui j'ai demandé à une de mes élèves qui est TOUJOURS en tongues même en décembre, alors que la température moyenne est de 4°C, si elle n'avait pas froid aux pieds, eh bien elle m'a dit que SI. contrairement à ce que je pensais, il n'y a pas un phénomène d'isolation thermique pédestre. Les gens ici sont AUSSI sensibles au froid au niveau des pieds, mais simplement ils aiment agiter les orteils en cours, exhiber la perfection de leurs ongles de pieds ou avoir l'impression que c'est bientôt l'été - alors là, la méthode Couet est vraiment vraiment poussée à son comble, parce que c'est plutôt la saison du snowboard.. mais je vous rassure, personne ne fait du snowboard en tongues, parce que ça glisse. Par contre j'ai vu l'autre jour (quand il faisait -10°C...) un mec en bottes fourrées (frileux des pieds) et short hawaiien.... bon c'est vrai que -10C chez nous, ça fait 20° et quelques ici, avec leur système de mesure bizarre...

Thursday, November 30, 2006

Bulletin météo...

Oh j'ai beaucoup de choses à raconter: ma dinde de Thanksgiving chez Eric et Amy, une très bonne dinde version "gaucho écolo" de Seattle, dans une ambiance très sympathique - mon week-end à vancouver, ville jumelle de Seattle, beaucoup plus grande, entourée de belles montagnes enneigées et dont le centre-ville ressemble à la cour aux miracle tant les clodos y sont nombreux et mal en point... Beaucoup de choses mais je vais commencer par le plus spectaculaire, la METEO.
Après un mois de novembre tres pluvieux, qui a enregistre le RECORD DU SIECLE de pluviométrie (voir: http://www.nytimes.com/2006/11/27/us/27rain.html ), il s'est soudain mis à neiger... une tempête comme on n'en avait jamais vu ici, où il ne tombe jamais que quelques petits flocons par an. Bien sûr il neige dans les montagnes, mais les montagnes c'est fait pour faire du ski, pas la ville ! Du coup, vent de panique à Seattle. La tempête nous a pris à Vancouver le dimanche, nous a suivis sur la route, bloquée par 30 cm de neige... puis lundi soir à Seattle la grêle est tombée, puis la neige, et il s'est mis à faire super froid ( -10C), du coup tout a gelé, et on s'est retrouvé avec 3 à 5 cm de verglas sur les routes. Comme les Seattleites sont habitués à une douce humidité, mais pas au grand froid neigeux, bien sûr les routes n'étaient pas sablées ou salées... Le lendemain matin, les gens étaient paniqués par le temps, la moitié des cours ont été annulés à l'université. Tout d'un coup le nombre de gens en tongues a chuté de 80% (je ne dirais pas 100%, il y a toujours des tarés. Et des gens qui portent des shorts au dessus de leurs bottes de neige. Par -10C je le répète...). Les infos à la télé ont mis en place une cellule de crise, pour couvrir l'événement. Des dizaines de voitures ont été abandonnées sur le bord des routes. Les carrossiers vont faire fortune. Et, attendez-vous à pire: sur un ton savamment dramatique le présentateur expliquait "demain matin, quand vous vous réveillerez, vous aurez l'impression qu'il fait beau, et que le mauvais temps est passé. En effet, le ciel semblera dégagé, le soleil brillera. Mais détrompez vous, une nouvelle tempête de neige s'abattra sur la ville dans la soirée, encore plus importante que la précédente.." - suivent les images satellites montrant le déplacement menaçant des nuages de neige.. En effet le lendemain après une affreuse pluie verglaçante (de la pluie qui gèle en tombant, c'est très bizarre, ça fait comme des petites aiguilles. Si vous voulez étudier la pluie, Seattle est une région très intéressante par la diversité des phénomènes pluviométriques qu'elle présente), la neige est venue, toute jolie et dansante dans les airs, on se croyait à Noel.
La douceur et la pluie sont désormais revenues, je pense que j'aurai presque une classe complète en cours demain, c'est bien je vais leur faire le petit spirou... Et puis j'ai trois papiers à rendre pour la semaine prochaine (c'est déjà la dernière semaine de cours!) - mais je prendrai un peu de temps pour vous raconter Vancouver...

Wednesday, November 15, 2006

que d'arbres que d'arbres...



J'ai entendu par écho des réactions d'intellectuels parisiens ( ;-))surpris du ton très "nature" que prend mon blog, où je m'émerveille des écureuils, marmottes, dauphins, et autres spécimens de nos amies les bêtes. Non je ne suis pas encore devenue une femme des bois, mais presque... d'ailleurs je vais en rajouter puisque mon appareil photo, qui a eu un coma pluvial (court-circuit provoqué par la sur-humidité de la "rainforest"-bien-nommée) est remis de ses émotions...
Donc plutôt que de vous parler de mes cours (qui sont au demeurant très intéressants) et de mes enseignements (qui se passent très bien), je vous envoie encore des photos de l'Evergreen State (pour les "pas-très-anglophones": le Pays Toujours Vert, c'est comme ça qu'on appelle l'Etat du Washington)
Et pour continuer sur ma lancée j'aimerais vous parler de la beauté de cet automne avec ces arbes qui passaient doucement du vert au jaune puis au rouge... et soudain, la pluie et le vent, et toutes ces couleurs se sont envolées, éparpillées dans une boue triste et glissante...


(et, pour encore en rajouter, en rentrant ce soir après une longue journée de cours et de correction de copies, je suis tombée nez-à-nez avec un raton laveur énorme, qui m'a regardé de ses petits yeux à la zorro, perdus au milieu de ses bourrelets, avant de se décider à trottiner son obésité derrière un buisson. C'est très bizarre comme bestiole. Et assez incongru, entre le bâtiment des sciences sociales et l'entrée ouest de la bibliothèque...)

Sunday, November 12, 2006

Californian Islands and Temperate Rainforest


Ce blog a bien des allures de journal de voyage... vous allez croire que je ne fais que me promener, mais non, je travaille aussi ! Simplement les voyages m'inspirent davantage quand il s'agit de raconter ma vie "de l'autre côté" de l'Atlantique. Alors je vous fais part de deux week-ends extraordinaires...
Le premier, en Californie - euh, c'est un peu du luxe mais c'est mon cadeau d'anniversaire, je suis allé rendre visite à un ami à Santa-Barbara (oui oui, rigolez, l'université est très bien là bas, y a pas que des soap opéras!)... Week-end de rêve dans une région extraordinaire. Je ne m'y attendais pas, je pensais que la Californie était une espèce de riviera de riches, très superficielle, et parsemée d'enclaves de pauvres, très violentes. Je pense que LA est un peu comme ça... mais traverser LA depuis les collines de Mulholland Drive, on se croirait sur une petite route de la côte d'Azur, avec des paysages encore plus extraordinaires... Nous sommes allés visiter les Channel Islands, petit sanctuaire marin absolument charmant, encore tout desséché par le soleil; pendant la traversée, des dizaines, vingtaines, cinquantaines de dauphins accompagnaient le bateau, c'était plus extraordinaire que je ne saurais le dire. Ils fusaient droit sur le bateau pour jouer dans ses vagues, surfant dans le sillage du navire et s'amusant à bondir en groupes synchronisés, spectacle incroyable, et ils riaient bien de l'étonnement de leurs spectateurs...
Le deuxième week-end, quelques semaines plus tard, est tout en contraste... J'en reviens seulement, j'ai encore les pieds mouillés. C'était une excursion dans la Olympic Peninsula, à quelques heures à l'Ouest de Seattle. La péninsule abrite un parc naturel, avec une flore très particulière, appelée "temperate rainforest". Des arbres centenaires s'élèvent, immenses, dans de profondes forêts moussues, la cime perdue dans la brume de pluie, les rivières bruissent entre leurs racines, et finissent en tumultueuses cascades. Plus loin, les rivières rejoignent la mer, et parfois les arbres, peut-êtres nostalgiques de leurs compagnes joyeuses, se jettent aussi dans l'océan du haut des falaises. On retrouve sur la plage, après les mugissements des vagues et les tourmentes des rochers, leur corps démembré et poli par les larmes de la mer.

Thursday, October 26, 2006

Queen Ann, le bowling solitaire et les tongues

Vous aurez remarqué que le rythme de mes visites s'est un peu ralenti... UW me prend beaucoup de temps, entre la préparation des cours de français (faire de la grammaire "communicative" et amusante. Le thème de la semaine dernière: les violences dans les banlieues françaises...), et mes cours (lecture de cette semaine: Bowling Alone, un pavé de 600 pages où on apprend que le lien social aux Etats-Unis se dissout parce que les gens regardent trop la télé, du coup ils ne vont plus jouer au bowling avec leurs amis et du coup ils n'ont plus d'amis qui pourraient leur venir en aide en cas de besoin, pour des dons d'organe par exemple... si,si, c'est l'histoire qui commence le bouquin si vous jetez un oeil à l'intro). Bref. Dans tout ça j'ai besoin d'un peu d'air le w-e. Dimanche je suis allée avec des collègues visiter le quartier de Queen Ann sur les hauteurs de Seattle, on a une vue magnifique (cf photo) de la haut. Et en plus, quand on habite là, on est à l'abri des tsunamis... (ce n'est pas une blague, Seattle se situe juste dans la ligne de la faille et exposée au redouté "Big One"...)

Pour vous faire sourire un peu: une des curiosité de UW (qui à part ça a tout d'une université normale) est la passion des étudiants pour les tongues, même quand il pleut. ça donne un petit air de plage, genre je suis un rebelle contre l'hiver, même pas froid aux doigts de pied. Et puis quitte à avoir les pieds mouillés, au moins ils sont à l'air et sèchent plus vite. C'est rigolo. Et j'ai même vu aujourd'hui une fille en jupe, collants noirs et tongues. Pour ceux qui sont avides de modes originales... D'autres moins téméraires ont déjà sorti les bottes en caoutchouc, oui, comme on mettait quand on était petit pour patauger dans la gadoue, sauf qu'ici on en a de toutes les couleurs. J'irai faire du shopping un de ces jours...

Saturday, October 14, 2006

boulot, velo, gateaux

Pas beaucoup de messages depuis la rentrée... J'ai beaucoup de travail, entre les cours de français que j'enseigne (chp 1, le conditionnel- chp2, le subjonctif...), les cours de sc - po et d'anthropo que je suis (le 1e, sur la culture politique américaine, me demande de lire en moyenne 300 pages par semaine, et le second d'arriver à me faire une idée du système des prisons américaines en un trimestre...).
Jusqu'ici le temps était radieux. Les pelouses du campus étaient parsemées d'étudiants allongés devant leur ordinateur portable, et de sportifs en short qui faisaient leur jogging ou allaient au centre sportif (IMA: c'est un complexe olympique ! avec piscine, terrains de foot, de volley, de tennis, de squash, de badmington etc - le stade de l'équipe de foot américain de l'université peut accueillir jusqu'à 75 000 personnes... et ce n'est pas le stade de la ville, c'est le stade de l'université...)
Une copine m'a passé son vélo, dont elle ne se sert pas, et j'ai pu faire de belles promenades sur les collines boisées de Seattle. Et même aller à l'université à vélo. ça va plus vite que le bus mais ça fait mal aux cuisses. Seattle, c'est hyper vallonné...


Ce vendredi, nous avons fait une fête avec ma coloc Lena, pour nos anniversaires (cf photo, Lena est Sibérienne, elle a un type asiatique- au centre, Tracie, la proprio-coloc, à droite Sean, et à gauche Santosh, deux autres colocs) ; j'ai passé l'aprèm à m'arracher les cheveux sur les équivalences grammes- onces pour traduire ma recette de gâteau au chocolat, avant de m'apercevoir que je ne savais pas comment dire "levure" et que ce truc était quasi introuvable dans les supermarchés (où la jelly abonde par contre ; c'est dingue toutes les sortes de jellys qu'ils peuvent avoir ici, alors que le rayon yaourt est tout petit et il y a même pas de danettes...), bon finalement le gâteau était très bon, merci maman... Et puis il faisait si beau qu'on a pu faire un barbecue (pour avoir de BONS hamburgers...) ! Il y avait des gens d'un peu partout, c'était super. Après qq verres, Zied et moi avons donné des cours de danse orientale aux américains... ( Zied est un étudiant tunisien dont vous pouvez visiter le blog : zizoufromdjerba.blogspot.com)

Le lendemain, l'été était fini. Samedi la grisaille est tombée sur Seattle et tout le monde dit qu'elle ne partira pas de sitôt... j'ai gardé précieusement le petit papier du centre médical de l'université, qui offre des séances gratuites de rayons lumineux pour lutter contre le seasonal affective disorder...
Envoyez-moi de vos nouvelles les amis, et des photos, des dessins, des trucs pour décorer mes murs !

Friday, September 29, 2006

la rentrée

Finies les vacances, le boulot commence sérieusement... enfin, dans des airs festifs tout de même. Pour accueillir ses nouveaux étudiants, l'Université, sous un soleil radieux, s'est revêtue de banderoles or et violettes scandant "Go Dawgs": le match a commencé. Avec les petits ballons, les stands et mêmes les grillades (merguez à l'américaine), le campus a un air de kermesse : on se croirait presque à la Fête de l'Huma ! Concerts, animations et stands divers: des stands offrent du café, des bonbons, des stylos..., stands des Huskies for Christ (le husky est la mascotte de UW et désigne aussi les étudiants), stands des fraternities et sororities (groupes jeunes étudiants qui s'appellent avec des lettres grecques et forment une sorte de tribu : communauté de vie, parfois d'études, et souvent de beuveries...), stands des clubs de voile, d'aviron, de football.., stands des "under-represented minorities", stand de l'armée qui recrute sur le campus (l'armée paie les études de ses jeunes recrues...), stand des écolos, stand des gays contre le sida, stand de l'association juive qui distribue des petits thermos très pratiques (les chrétiens, à côté, distribuent l'eau à mettre dedans, belle complémentarité), stand de Larouche (ceux qui étudient à la Sorbonne ou fréquentent le Boul Mich ont dû déjà croiser les militants de ce candidat gauchiste anti-Bush, dont le slogan est: why do squirels love G.W.Bush? because he is nuts!)
Les cours commencent pourtant sérieusement, beaucoup de travail.. mais certains profs, ne voulant pas gaspiller ce soleil radieux de fin septembre, si rare, et qu'on ne verra plus pendant quatre mois, font cours sur les pelouses.

Au passage, je vous envoie aussi une belle vue de Seattle, prise sur le chemin du centre d'immatriculation à la Sécu (c'est juste administratif, un numéro de Sécurité sociale ne donne pas de protection sociale, c'est un enregistrement fiscal qui permet juste d'être payé...), juste pour vous montrer la ville un peu: le centre ville de Seattle, et au fond le Mont Rainier...
Je vous embrasse, je pense que j'écrirai plus sporadiquement maintenant, vu la masse de travail khâgnesque que j'ai, entre les préparations de mes cours et les lectures pour les séminaires que je suis...

Sunday, September 24, 2006

encore en vadrouille !!


Bon, je me promène beaucoup, vous allez dire que ce n'est pas sérieux tout ça, mais il faut en profiter, les cours commencent mercredi, je vais avoir beaucoup de travail, et puis l'hiver vient, alors ce serait dommage de laisser perdre de belles journées ensoleillées comme aujourd'hui... Après avoir préparé une leçon de français pour mon cours de jeudi, et commencé à lire Tocqueville pour un cours de sciences politiques sur les USA, je suis partie pour une petite croisière avec les étudiants étrangers, financée par le Rotary Club (sympas les gars), dans la baie de Seattle (Puget Sound : vous remarquerez en regardant sur une carte que Seattle n'est pas au bord de la mer, mais plutôt dans une sorte d'immense fjord...). Vous verrez sur la photo, outre moi, mon colocataire allemand et une copine allemande aussi, les grands gratte-ciel de Seattle, concentrés en centre-ville (Down town) : c'est le coeur historique de la ville, en même temps que le quartier des affaires. Partout ailleurs, on ne trouve que de petites maisons, comme la mienne (cf photo ci-dessous). Voilà, après ce rapide message je retourne à mes bouquins, car la rentrée approche. N'hésitez pas à poster vos commentaires... Pour ceux qui sont intéressés par les activités des normaliens aux States, je vous conseille le blog de Marianne: http://blog.myspace.com/mariannou.

Saturday, September 23, 2006

Les ours qui batifolent dans les myrtilles


Après une petite semaine d'introduction au FLE (Français - Langue Etrangère), et à la méthode communicative, de débuts dans le monde de l'enseignement (comment expliquer le conditionnel de manière marrante ??), de familiarisation avec les bibliothèques de l'Université (je ne répéterai jamais assez mon émerveillement devant l'immense Suzallo Library, sa façade de cathédrale, et sa salle de lecture qui ressemble à la Sainte Chapelle...), semaine de découverte de différents services de l'université aussi (j'ai adhéré au syndicat étudiant local), je suis partie découvrir le parc des "North Cascades" avec Eric et Amy ; c'est un parc naturel tout au nord de l'Etat du Washington, à la frontière du Canada, avec des montagnes extraordinaires et surtout une faune impressionnante. On pouvait voir de petits rongeurs courir partout, des perdrix des montagnes qui se confondent avec les rochers, des marmottes aussi, pas farouches du tout, trop préoccupées à aménager leur abri d'hiver pour prêter attention aux randonneurs... et le clou fut les ours, bien loin heureusement, qui se régalaient de myrtilles sur l'autre versant de la montagne (bon, sur la photo, c'est seulement la marmotte, je ne me promène pas avec un téléobjectif... quoique je me plairais bien à me reconvertir dans les reportages animaliers !!).

Les histoires sur les ours sont assez courantes ici. Amy et Eric n'en avaient jamais vu au cours de leurs randonnées, mais depuis que je suis arrivée j'ai eu l'occasion de recevoir des conseils d'un certain nombre de personnes m'expliquant comment faire si je rencontrais un ours (faire le mort ? faire semblant de l'attaquer en faisant le plus de bruit possible?). Une légende urbaine raconte même qu'un jour un étudiant a vu un ours sur le campus...

Wednesday, September 20, 2006

Sex and the City

Ce soir, j'ai regardé des séries américaines avec mes colocs. Il y avait aussi Tim, le petit copain américain de Francesca. C'est amusant, Tim a des origines françaises, sa grand-mère est de Verdun, et a épousé un GI qu'elle a suivi aux States après la guerre...
Tim regardait Sex and the City avec nous ; c'est une série débile sur des New-Yorkaises qui passent leur temps à courir leur garde-robe, les cocktails branchés, les beaux mecs... et comme le nom l'indique elles arrivent à en attraper un certain nombre. Enchaîné sur une autre série, Nips and Tucks (?), à peu près la même chose version masculine, avec des héros qui sont des chirurgiens plastiques qui passent leur temps entre liposuccions et autres plaisirs charnels avec les infirmières. Bref. Tim (qui n'avait pas la télé ces dernières années), était très surpris de voir que maintenant même Fox TV montrait les fesses des acteurs, et des scènes assez suggestives. Je lui dis: mais enfin, dans tous les films américains qui passent chez nous il y a des scènes de cul !
- ah bon ? mais pas à la télé ? ici c'est filtré...
- vraiment ? vous censurez les films ?
- je ne sais pas, mais on ne voit pas des gens nus à la télé ! Ah, je me souviens quand j'étais en France, même pour les pubs de savon on voyait des femmes nues, on voyait même leurs seins !
Tim, qui n'est pas exactement un puritain, semblait très choqué.
Le matin, dans le bus, il y avait quatre ados en route pour le lycée, deux filles et deux mecs ; les deux filles étaient affalées sur un des garçons, l'enlaçant langoureusement et parlant très fort de leurs petits nichons naissants, les comparant, en regardant dans l'encolure de leur T-shirts, tout en caressant les cuisses du jeune coq prépubère.... Les autres passagers détournaient pudiquement le regard.

Orientation Camp


C'était une sort de week-end d'intégration pour les étudiants étrangers, organisé par l'association "pour la promotion de la compréhension réciproque" ou je ne sais pas trop quoi... c'était très sympathique, un peu colo de vacances, dans les montagnes autour de Seattle, je ne sais pas de quel côté parce qu'on n'avait pas de carte. Ce qui était assez comique d'ailleurs parce que l'encadrant qui nous conduisait n'était pas plus informé que nous. Nous sommes quand même arrivés à Cedar Spring Bible Camp (oui, un camp biblique.. enfin, un endroit où on lit la bible le week-end, et qui avait été loué par l'université), où il faisait un peu frais, mais l'ambiance était bien sympathique. Nous avons pu découvrir les vertes montagnes de la région, les forêts moussues, et même de la neige au bord des lacs brumeux...




En termes de découvertes culturelles, c'était un week-end très asiatique, les étudiants Japonais et Chinois étant très nombreux. Les Gentils Organisateurs nous ont demandé de faire des sketches pour présenter nos pays, aussi avons-nous découvert tout le top 50 asiatique, avec chorégraphies incluses (et, à 20 sur scène, ça tape ! ils auraient pu faire plus fort si Hong Kong avait accepté d'être inclus dans la Chine, et si Taïwan n'avait pas fait bande à part...)- les Européens ont tous mis en scène leurs pires tares, caricatures de l'histoire coloniale et des moeurs alcooliques (il faut dire que les tendances prohibitionnistes sont assez présentes ici: il est absolument impossible d'acheter de l'alcool si on n'a pas 21 ans, et ceux qui sont pris à en boire risquent des peines assez lourdes, jusqu'à la suppression du visa pour les étrangers...) - bref, un bon moment de découverte de l'autre et de soi-même.