Thursday, April 17, 2008

Kader Attia


Je suis enfin allée voir l'exposition des oeuvres de Kader Attia, artiste français d'origine algérienne, à Henry Art Gallery, le petit musée d'art contemporain de l'université.
Kader Attia était en résidence à Seattle au mois de février - je n'ai pas pu assister au vernissage de l'exposition ni à sa présentation, et je le regrette car ses oeuvres sont d'une force et d'une poésie extraordinaires.
Le visiteur arrive par une passerelle qui surplombe une grande salle, où sont agenouillées de fragiles sculptures de papier aluminium. Ce sont des hommes en prière. Plus d'une centaine se recueillent dans leur corps frêle, le dos courbé devant l'immense lumière. Humble état de mortel. Et lorsqu'on descend au niveau de ces prieurs, que l'on s'approche de leur corps et de la ligne nette de la colonne vertébrale, leur visage surgit, immense vide, questionnant l'infini.

Dans la salle qui jouxte les hommes en prière se dressent des cubes blancs, massifs mais un peu chancelant, comme une forêt incertaine d'obstacles et de poésie. Les photographies de la plage d'Alger "Rochers Carrés" donnent une clé de lecture pour ce monument qui rappelle aussi bien le monument de l'holocauste à Berlin que les HLM en France. Il faut marcher entre les cubes et ressentir cette peur enfouie - cela va-t-il me tomber dessus, m'engloutir ?

Une autre installation : les sacs plastiques vides. Une poésie de l'ordinaire qui prend tout son sens avec le petit récit des promenades de l'artiste le soir à Paris, rencontrant des pauvres gens leur plastique vide à la main, venus attendre la distribution de la banque alimentaire. La simplicité évidente de ces quelques sacs exposés sur une table à tréteaux en bois.

Enfin, une vidéo. Belle et efficace. C'est un grand cube blanc formé de centaines de petits cubes de sucre. Un bâtiment. Un iceberg bien géométriques si vous voulez. Des jets de pétrole sont lancés sur le cube et créent de jolies taches noires. Jolies taches noires. Jolies taches noires. Jusqu'à ce que le cube imbibé de pétrole commence à chanceler, et un pan de l'édifice s'effondre. Le pétrole continue à couler. Passe à travers le sucre, ressurgit en dessous. Le cube tout entier s'effondre et les petits morceaux géométriques flottent sur la mare noire, en scintillant. Et c'est toujours en scintillant que peut à peu le sucre se dissout dans une purée infâme qui s'écoule par tous les bords.

1 comment:

zoe said...

Hey je viens juste de voir l'article et je me décide enfin à t'écrire un mot!!!!
Kader je suis allée le voir en conférence à lyon c'est un pacha!
Je ne suis pas trop fan de son travail mais bon l'expo que tu as vu avait l'air mieux que tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent.
Je préfère Adel Abdessemed qui ne lui ressemble pas du tout mais qui pourrait te toucher aussi...
Il a fait une grande expo au magasin à Grenoble, un supe rlieu d'expo. Il y a des sculptures, des vidéos et des "dessins- performances" dont inch allah que je trouve juste...
http://arts.fluctuat.net/adel-abdessemed.html

il a fait les beaux arts de lyon!

Bon, à bientôt
tu me manques souvent même si je ne te le dis jamais!
bisous
zoé