Monday, December 10, 2007

(photos plus tard...)

Je suis à l'aéroport de Copenhague, pour quatre bonnes heures. Je regarde les petits engins s'affairer autour des avions, c'est rigolo.
Je n'ai pas écrit sur mon blog depuis longtemps, alors voici une brève mise à jour.
Pour Thanksgiving, la famille de Cody est venue à Seattle : sa mère et son beau-père, de Houston, Texas, et son père de San Diego, Californie. Ils étaient frigorifiés en arrivant à Seattle depuis leurs contrées méridionales, mais Cody et moi nous trouvions que justement le temps était exceptionnellement beau à Seattle: il faisait froid, mais il n'a pas plu pendant 4 jours d'affilée, et on avait même un grand soleil. Alors le jeudi, nous avons mis la dinde de 25 livres (12,5 kg)dans le four et nous sommes partis nous promener à Carkeek Park, histoire de respirer l'air frais. C'est un parc un peu au nord de chez nous, qui descend sur le lac, et d'où on a une vue magnifique sur toute la baie (Puget Sound). Nous ne sommes pas restés très longtemps, on ne voulait pas laisser la dinde toute seule et de toutes façons il faisait un peu frisquet. Rentrés à la maison nous avons continué à préparer le repas pantagruléique: dinde monumentale, donc; sauce de "cranberries"; plat de patates douces et yams recouverts de marshmallow (ça c'est un truc de Louisiane, où a grandit la maman de Cody); pommes et navets; farce de croûtons et chair à saucisse épicée; riz au curry et aux raisins secs; haricots dans une sauce aux champignons; bon vin californien; et tartes en dessert. Autant dire que nous avons eu de quoi nous nourrir pour toute la semaine, et j'ai stocké de la dinde au congélo pour les mois d'hiver.... Alourdis par ce repas nous avons digéré en regardant des films- ils ont voulu absolument me montrer la Panthère Rose, parce que ça se passe à Paris avec un flic français un peu fou, et ils étaient morts de rire à entendre son accent en anglais. J'ai essayé de leur montrer de l'humour français après mais Le Père Noel est une ordure n'avait pas de sous-titres, et La Chèvre ça ne les a pas fait rire du tout, ils se sont endormis devant. Seul le père ce Cody a trouvé ça amusant, au moins un qui me comprend...
Le lendemain il faisait tellement beau qu'on a décidé sur le coup d'aller aux Iles San Juan. Il faut faire environ 1h30 de route, et après prendre le ferry. Comme on est parti un peu tard, on a décidé au hasard de s'arrêter sur la première île desservie par le ferry: Lopez Island, du nom d'un illustre personnage à l'histoire rocambolesque. C'était tellement beau... les îles San Juan sont un archipel tout au nord de l'Etat de Washington, à la frontière avec le Canada. C'est le point où la baie se mêle à l'océan, sous le regard des montagnes. Des phoques jouent dans les courants et regardent les passants, attendant les restes du pique nique peut-être...

Après tout cela il a fallu se remettre au travail parce que la fin du trimestre approchait déjà. Le temps est redevenu sombre alors ce n'était pas trop gênant de passer la journée à la bibliothèque... j'ai vu un film sur la prison d'Abou Ghraib, diffusé par la section d'Amnesty International à l'université. très intéressant. Le film montrait le point de vue des soldats qui avaient été placés comme gardiens de la prison, et chargés de surveiller les prisonniers interrogés par l'armée américaine. Ils expliquaient comment les sévices infligés aux prisonniers ne leur avaient semblé ni terribles ni anormaux puisqu'ils ne faisaient que répéter des pratiques utilisées lors des interrogatoires, sur ordres de la hiérarchie. En bref, le documentaire expliquait l'affaire des photos et montrait que ce n'était pas une "dérive" de la brigade de nuit (version officielle) mais la partie émergée de l'iceberg des pratiques de l'armée américaine. Le responsable chargé des interrogatoires à Abou Ghraib avait été nommé sur foi de ses bons services à Guantanamo. Il n'y avait pas de discussion à la fin du film (dommage) mais la question apparaît souvent dans les médias; c'est devenu un rituel maintenant de demander aux candidats à la présidentielle ce qu'ils pensent du "waterboarding" (simulation de noyade). L'autre jour, lors du débat républicain, Mitt Romney, le bon mormon, disait que puisque c'était pratiqué par l'armée américaine ce ne pouvait pas être de la torture, car l'armée américaine est une armée de héros justes et droits et qui défendent la liberté. Et surtout qu'on ne lui parle pas de fermer Guantanamo, parce qu'il ne tolérerait pas de voir un seul de ces terroristes dans un tribunal américain accompagné d'un avocat (souligné); ces gens là sont des ennemis de la démocratie, ils ne doivent pas avoir d'avocat. Seul McCain s'est franchement prononcé contre la torture et il s'est attiré des huées... Et puis maintenant on reparle de la question avec l'affaire des vidéos d'interrogatoires détruites par la CIA, probablement pour se protéger contre d'éventuelles poursuites.

Retour à la météo. Premières neiges samedi dernier c'est tellement beau, je joins quelques photos. Puis le lendemain déluge de pluie, qui a presque atteint le record du siècle pour la quantité de précipitations tombées en un jour. Olympia a été inondée, et plusieurs routes se sont effondrées à Seattle suite à des glissements de terrain. Enfin ce n'est pas le Bangladesh tout de même, pas trop de mal et, pour moi qui habite sur la colline, rien de plus que les pieds mouillées (j'ai eu la sagesse de ne pas prendre mon vélo ce jour là !!). Voilà pour l'actualité locale. Je ne suis pas trop ce qui se passe en fait; il y a eu des élections pour le conseil municipal, je ne sais même pas qui a gagné. Je sais seulement que le grand projet en cours c'est le tram qui doit relier bientôt le centre ville à l'aéroport. Mais le budget de son extension n'a pas été voté. Donc Seattle est une ville "écolo", qui se bat contre la voiture de manière assez rigoureuses (circulation limitée en centre ville; prix prohibitif pour le parking) mais n'offre comme système de transport en commun que des bus pépères, très sympathiques mais TRES très lents. C'est un peu comme le train au niveau national. Amtrack c'est sympa mais il faut vraiment avoir du temps à perdre, parce que les trains de marchandise sont prioritaires sur les trains de passagers, donc on met 24h pour aller à San Francisco, contre 3h en avion et 16h en voiture. Et les bus greyhound, c'est bien, pas très cher, mais c'est vraiment un repaire de marginaux pas toujours agréable à fréquenter. Du coup je suis bien contente de pouvoir utiliser la voiture de Cody, complètement en règle maintenant que j'ai passé mon permis de l'Etat de Washington. C'est complètement contraire à mes principes mais de toutes façons il n'ya pas d'autre moyen d'aller à la prison...

Je continue donc mon volontariat à la prison de Monroe; j'anime un "open studio" le vendredi après-midi; c'est un groupe ouvert où les prisonniers peuvent venir dessiner. Il n'y a pas beaucoup de matériel mais je leur montre un peu des trucs avec la peinture et les pastels. Et on discute. Ils sont très contents de pouvoir discuter avec moi qui viens d' ailleurs. Ils ont une vue très déformée du monde; la plupart sont en prison depuis très longtemps ou alors ils sont jeunes et très naïfs; leur principale source d'information sur le monde, c'est la télévision. L'autre jour ils me posaient des questions sur Paris en me parlant de Da Vinci Code. Je dois présenter mes recherches au département de sciences sociales à Paris et je ne sais même pas de quoi je vais parler... j'ai mis comme titre de ma présentation "qu'administre-t-on en prison" parce que je pense qu'il y a un double sens dans le fonctionnement même de la prison entre l'administration - gestion bureaucratique (centrée sur les stocks et les flux; les prisonniers comme nombre dont il faut ordonner les mouvements pour assurer un fonctionnement optimal) et l'administration de quelque chose au sens d'administrer un traitement, administrer la loi ou la sentence; administrer les médicaments... cela requiert un peu d'attention à l'individu. Monroe est un endroit particulier dans le système carcéral de l'Etat de Washington, peu de prisons ont comme celle ci les moyens d'apporter des soins particuliers pour les détenus atteints de troubles psychiatriques. C'est un environnement protégé. L'unité que je visite comporte surtout des prisonniers de très longue peine ou perpétuité ("life without"= prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle). Mais pas des gros durs... plutôt des détenus vieillissants; ou au contraire de jeunes détenus qui ont l'air tout juste sortis du lycée. Un peu perdus pour beaucoup. Vulnérables. Certains sont très clairement simples d'esprit (on dit DD ici : developmentally delayed); d'autres semblent complètement normaux jusqu'au moment où il commencent à raconter leurs délires paranoïaques. Beaucoup ont un discours religieux surexaltés. La religion est le discours extérieur le mieux toléré dans la prison; quand les détenus sont punis à l'isolement, le seul objet auquel ils ont droit est la Bible (ou un autre livre religieux); la religion est le seul argument qui permet de contourner les règles de la prison (les Amérindiens ont même le droit de bâtir une sweatlodge dans un coin grillagé de la cour de la prison: il s'agit d'une sorte de petite hutte qui est utilisée comme sauna dans des rituels auxquels je ne connais rien). Et c'est aussi le discours que les détenus semblent se réapproprier le mieux - vendredi, un prisonnier d'une vingtaine d'années, grand blond à l'air un peu rêveur, dessinait un paysage de montagnes avec un soleil levant; je lui demande ce que cela représente pour lui: c'est beau; j'aime cela, c'est très beau; c'est la création de Dieu. Je ne sais pas quel est son crime. D'un côté cela m'arrange, c'est plus facile pour moi; d'un autre côté j'aimerais savoir, car il a l'air tellement puéril et inoffensif....

Sunday, November 18, 2007

Iraqiens à Seattle

Parmi mes nombreuses activités à Seattle : apprendre à compter des M&Ms et calculer les probabilités d'obtenir un M&M rouge - d'ailleurs grâce à ce cours de statistiques j'ai vu que les Americains ne faisaient pas la distinction entre M&M et Smarties.... ; dessiner avec les prisonniers ; enseigner le passif à des étudiants éberlués que "la gazelle est mangée par le lion" ce soit du présent - et moi d'autant plus éberluée que c'est pareil en anglais ; me disputer à la fin d'une conférence sur le multiculturalisme en France avec une vieille pied-noir du Maroc arrivée à Seattle en 1954 et qui m'a dit que si l'islam continuait à se répandre en France on aurait des filles brûlées par leurs frères jaloux chaque jour de la semaine ; admirer la représentation de la Compagnie de danse La Baraka (dont la venue fut la cause de cette conférence sur le multiculturalisme) et le gracieux mélange danse classique-hip hop, le tout sur les ondulations de la musique orientale... Bref, parmi tout ça j'ai encore trouvé le temps de paser la journée de samedi avec la famille Kmeir, des Iraqiens de Bagdad arrivés à Seattle il y a trois semaines; il étaient réfugiés en Syrie depuis déjà 3 ans; suite aux persécution dont leur communauté religieuse faisait l'objet: sabéens, ils vénèrent Saint Jean Baptiste mais ne sont ni vraiment chrétiens ni vraiment musulmans. Je ne sais pas grand chose de leur histoire personnelle, je suis avec eux pour les aider à s'installer et pour leur apprendre un peu d'anglais: alors on a passé l'après-midi à répéter "who is it?"- "this is my brother" - "what is your brother's name" - "Do you like chocolate ? And your father, he likes chocolate?" - who is it? This is my son. How old is he ? - mmm sita'acher: bon il faudra apprendre les chiffres la prochaine fois... Je transpose mes cours de français en anglais, c'est vraiment de l'immersion totale. Seule la mère parle un peu anglais. Heureusement ils ont un voisin, Hayder, qui est aussi Iraqien, arrivé il y a trois mois. Et il parle bien anglais, lui: il était interprète pour l'armée américaine avant d'être blessé, évacué à Amman, puis accueilli aux Etats-Unis. Hayder comme la famille Kmeir disent qu'ils rentreront en Iraq, dès que la situation sera stqbilisée. Abou Marwan, le père, me dit qu'avec la situation actuelle, ce n'est pas leur pays, l'Iraq n'est pas reconnaissable; quand il y avait Saddam, que Dieu ait son âme, on vivait en paix. Silence. Puis nous passons à des sujets plus joyeux lorsque la mère apporte le déjeuner: du poisson grillé. Hayder et Abou Marwan entreprennent de m'expliquer que personne ne sait cuisiner le poisson comme les Iraqiens: l'Iraq est le pays où on mange le mieux. La preuve: le nombre d'Iraqiens qui portent la bedaine (Abou Marwan tape sur son ventre pour me montrer qu'il est bien nourri), et le nombre de restaurants iraqiens qui font fortune à Damas depuis l'arrivée de leurs propriétaires comme réfugiés. Abou Marwan était orfèvre à Bagdad, mais il aimerait bien ouvrir un restaurant aux Etats-Unis.

Thursday, November 08, 2007

Waterboarding and homelessness

Aujourd'hui le Congrès américain a confirmé la nomination de Michael Mukasey comme "attorney general", équivalent local de ministre de la justice, ou plutôt, sous l'administration Bush, ministre de la torture et de la détention illimitée sans procès. Mukasey remplace Alberto Gonzales, valet de président embrouillé dans des affaires troubles de révocation abusive de procureurs fédéraux, révocations sur lesquelles il a été incapable de s'expliquer car il ne "se souvenait pas" d'avoir pris la décision, pourtant il est formel, c'est bien lui qui a pris la décision. Typique du style à la mode en ce moment. Comme Bush qui, à un journaliste qui lui demande sa définition de la torture, répond que c'est écrit dans la loi (voir Le Monde du 20 octobre: Dans sa conférence de presse, mercredi, M. Bush a été interrogé sur la torture. « Quelle est votre définition du mot torture », a demandé un journaliste. « De quoi ? » a sursauté le président. « Le mot torture, quelle est votre définition ? », a répété le journaliste. « C'est défini dans la loi des Etats-Unis - et nous ne torturons pas », a assuré le président. Mais « votre définition à vous ? » a insisté le journaliste. « Quoi que ce soit qui figure dans la loi », a rétorqué M. Bush. )
La torture, justement. Mukasey, en qui tout le monde voulait voir un juge intègre, respectueux des lois et éloigné des manoeuvres politiques, a justifié le simulacre de noyade (waterboarding) comme une méthode d'interrogatoire légitime, qui ne constitue pas une forme de torture - d'ailleurs puisque ceci est pratiqué par les Etats-Unis, ce n'est pas de la torture: on ne torture pas aux Etats-Unis, c'est interdit par la loi. Vous n'imaginez pas à quel point le syllogisme perverti est devenu commun dans le discours politique. Vous connaissez l'histoire du gruyère ? Dans le gruyère il ya des trous; plus il y a de gruyère, plus il y a de trous; mais plus il y a de trous, moins il y a de gruyère; donc plus il y a de gruyère moins il y a de gruyère....
Bref l'autre info du jour, trouvée dans le New York Times, c'est ce reportage sur les vétérans de la guerre en Iraq qui, complètement déconnectés de la vie quotidienne américaine à la fois sur le plan psychologique et sur le plan socio-économique, commencent à arriver en masse dans les foyers de sans-abris, au point que la situation devient alarmante. Selon une association basée à Seattle, les vétérans qui constituent 11% de la population représentent 26% des sans-abris dans le pays, et le phénomène paraîtrait encore plus accentué pour les vétérans d'Iraq. D'après un autre article du NYT, édito sur les lacunes de la couverture maladie pour les vétérans (Malgré le recul du nombre de vétérans dans la population active, le nombre des vétérans non-assurés a augmenté de 290 000 entre 2000 et 2004, du fait d'une érosion continue de la couverture maladie garantie par l'employeur, et d'un resserrement des critères d'éligibilité à la couverture spéciale pour les vétérans.
Fin de la revue de presse. J'aime ce pays malgré tout... ce matin les arbres du parc Ravenna, véritable forêt que je traverse sur mon chemin vers l'université, s'éveillaient à peine, encore enveloppés de leurs draps de brouillard, et sitôt le voile levé, les montagnes apparurent dans le scintillement du lac. Seattle est la plus belle ville du monde; lorsque le soleil surprend sa pudeur et la révèle hors des brumes.

Tuesday, November 06, 2007

Planter des arbres et des poèmes pour sauver la planète

Week end bien chargé. Samedi, je suis allée planter des arbres dans un parc de Seattle, une vraie forêt en plein centre ville. C'était le Earthcorps day, le jour des volontaires de la terre. Alors il y avait plein de jeunes et de moins jeunes, tous avec un joli t-shirt et un café offert par Starbucks; il y avait même le maire et un congressman qui ont fait un discours galvanisant nous disant que nous étions l'avenir du monde; que chaque arbre que nous plantions absorbera une tonne de dioxyde de carbone dans sa vie et que c'est avec les gouttes d'eau qu'on fait l'océan. Alors nous avons tous retroussés nos manches, très enthousiastes d'autant que, pour une fois, il ne pleuvait pas et il faisait même assez doux... et nous avons planté des arbres et arraché du lierre, nous arrêtant de temps à autre pour admirer la pluie de feuilles colorées qui nous tombait du ciel à la moindre brise.

Dimanche, c'était la version activisme contre la guerre en Iraq. Invitée par ma copine Amel qui connaît à peu près tous les Arabes et pro-Arabes de la région, je suis allée à un déjeuner d'activistes à Olympia, où étaient invités Dahr Jemail, un journaliste américain auteur d'un livre édifiant sur les premiers mois de la guerre en Iraq, et Souhair Hammad, poète américaine d'origine palestinienne, une femme absolument extraordinaire (extrait sur youtube). Avant d'assister à leur intervention en public, nous avons discuté de l'activisme aux Etats-Unis, des risques de guerre en Iran (risques très sérieux et en même temps complètement absurdes compte-tenu de l'état de l'armée et de l'économie américaine), des manières de mobiliser les foules via la culture populaire (c'est le rayon de Souhair Hammad; diva du slam) et du rôle des vétérans.
Après tout ce bouillonnement il a bien fallu que je rentre à Seattle et à mes occupations quotidiennes... mais j'ai décidé de faire partager davantage mes informations sur internet, pour que les gens sachent au moins... Alors voici un extrait, traduit par mes soins, du bouquin de Dahr Jamail "Beyond the green zone: Dispatches from an unembedded journalist in occupied Iraq"
p:62, à Baghdad, décembre 2003, devant une école bouclée par l'armée américaine.

"Plus près de l'école, nous avons croisé trois Humvees équipées de haut-parleurs: Un traducteur iraqien donnait des instructions à la foule rassemblée devant l'école : " vous ne devez pas participer à la manifestation qui aura lieu ici demain ! Dispersez vous et allez-vous en ! "
J'ai finalement appris ce qui se passait par un soldat américain du Wisconsin, qui a demandé l'anonymat. "Apparemment quelques élèves de l'école ont tenu une manifestation pro-Saddam hier et la police iraqienne était là pour attraper les gamins qui jetaient des pierres sur la patrouille [americaine] qui passait. A part cela, ce n'était pas violent, personne n'a été blessé". J'ai demandé s'il y avait eu des coups de feu. "Non; quelques enfants jetaient des pierres; c'est tout." J'ai poussé encore mes questions, demandant s'il savait quels enfants je pouvais interroger à propos de la veille.
"Quelques policiers iraqiens ont pris des photos hier. Ils sont dans l'école en ce moment pour identifier les enfants sur les photos". Je fus stupéfait par sa réponse, et par le fait que les soldats américains soient impliqués dans la détention d'écoliers. "Quiconque se pose contre les intérêts américains ici sera arrêté."

Et Souhair Hammad: http://www.youtube.com/watch?v=LFbE8RBhSDw

Saturday, October 27, 2007

Anti-War Rally in Seattle




Le titre de ce message est volontairement en anglais, pour que les gens puissent accéder aux photos viq google. Une manière de rendre hommage à ces Américains courageux qui descendent dans les rues pour manifester contre la politique criminelle de leur gouvernement. Des manifestations étaient organisées ce samedi dans une dizaine de villes des Etats-Unis. Les coalitions contre la guerre de Seattle réunissaient une variété de gens, depuis les vétérans pour la paix jusqu'aux anarchistes en noir; en passant par tout le spectre politique des socialistes aux démocrates; ils ont bénéficié d'un renfort massif de leurs voisins de l'Oregon (Code Pink Women de Eugene; Unitarian Church of Oregon; Students for a Democratic Society de Portland). Je remarquais quand meme que la foule avait bien, en moyenne, dans les 40-50 ans, formée aux manifs contre la guerre du Viet Nam sans doute; et était aussi très blanche.




Ce qui faisait un contraste frappant avec les quartiers que nous traversions, quartiers populaires du centre-ville (rappelez-vous que la géographie urbaine des Etats-Unis est inversée par rapport au modèle parisien: les quartiers de centre ville tendent à être plus pauvres): blacks en baggy nous regardant dubitativement depuis le pas de la porte, et plus loin le quartier asiatique, où nous recevions parfois des signes de la main à travers la vitrine des restaurants, pour nous encourager. Autre chose intéressante: les flics. Toutes espèces possibles: en voiture Starsky et Hutch; en Harley (oui je vous jure, des vraies Harley Davidson !) avec des flics bedonnants dessus de préférence; puis les sportifs en vtt noirs et short noir, avec la pochette spéciale anti-émeute accrochée au vélo; et enfin les flics à cheval, qui vraiment font peur alors je suis pas restée à côté longtemps. Dans les slogans, des mots contre la guerre, pour ramener les troupes à la maison, et beaucoup de paroles contre Bush et Cheney, menteurs et criminels contre qui il prendre une mesure d'impeachment (qui entre nous, vu l'audacité des démocrates du congrès, ne risque pas d'arriver de sitôt... ). Mais les gens avec qui j'ai parlé avaient bon espoir: le mouvement d'opposition à la guerre se réorganise, il est de plus en plus fort et les manifs vont être de plus en plus fréquentes.





Sur les photos
- Un beau mannequin de l'Iraq qui pleure ses morts
- Une émouvante exposition des chaussures des soldats de l'Oregon morts en Iraq
- Bush, Cheney et Condi en prisonniers
-Une confrontation entre trois téméraires "pro war" et les manifestants, sous l'oeil vigilant de la police
- les femmes de Code Pink qui ont aussi lancé une campagne pour contrer les projets de guerre en Iran (http://www.codepink4peace.org/)



Thursday, October 25, 2007

des trucs typiques



Pour mon anniv, j'ai reçu de mes potes Joel et Traci des cadeaux typiquements américains que je vous laisse savourer...
Et puis j'ai sacrifié à la tradition d'Halloween aussi...

Wednesday, October 17, 2007

tant de choses...

... que je ne sais pas par où commencer et je repousse l'écriture de ce message depuis longtemps: il faudrait raconter la prison; ma découverte des statistiques (horrible en ce moment : après avoir passé l'excitation de savoir programmer des graphiques sur le logiciel ésotérique "R", j'en suis maintenant aux probabilités, dans des abîmes de perplexité qu'il me faudra probablement un certain temps pour lever...); et je dois aussi vous tenir au courant de l'actualité politique locale, que je ne suis plus que via le Daily Show, équivalent local des guignols, qui souvent resse,ble à un bétisier quotidiennement alimenté par le très talentueux locataire de la Maison Blanche - allez; une perle : "Childrens do learn", prononcé à l'occasion d'un discours sur l'éducation (pour ceux dont l'anglais n'est qu'approximatif, comme un certain Georges W., je rappelle que children est déjà du pluriel donc ne prend pas de s... en vengeance à ceux qui se sont moqués de lui sur ce point, ledit président a décidé de mettre son veto à une loi qui instaurait l'assurance maladie pour les enfants pauvres, parce que les assurances privées c'est mieux ; donc les enfants pauvres n'ont qu'à aller travailler à la mine, comme ça ils pourront se faire soigner leur silicose....); et puis l'organisation de la réponse à "Islamofascism Awareness Week", un événement sympathique destiné à convaincre les Américians que les musulmans sont méchants donc il faut leur envoyer des bombes sur la gueule, meme si ça coûte drôlement plus cher que la sécu pour les gosses - et d'ailleurs je le vois bien sur ma fiche de paie maintenant que je ne bénéficie plus de la convention France-USA de dispense de taxe... qui a dit qu'il n'y avait pas d'impôts aux states ?? Mais ce qui m'a décidé à écrire, aujourd'hui, c'est un sujet plus important... une belle video trouvée sur le site du NYT:
http://video.on.nytimes.com/?fr_story=8e9862a9f3a8216027ef2f9ecd1c3bc5345b4134

Sunday, October 07, 2007

la Syrie à Seattle


Bonjour les amis. Je n'ai pas écrit depuis longtemps, la rentrée, mes conflits avec keybank (que je vous conseille vivement d'éviter, ce sont des vrais voleurs), mes tergiversations autour de l'acquisition d'un téléphone portable (ce qui est fait finalement, vous pouvez m'appeler dessus: les compagnies de téléphone américaines sont une vraie mafia dédiée au dépouillage des malheureux citoyens - on paie même pour les appels reçus !!!- mais elles présentent l'avantage de ne pas surtaxer les appels), mes négociations avec la compagnie d'électricité pour avoir une facture en avance pour prouver ma résidence et faire mon permis de conduire) - bref. Et surtout j'ai eu la visite de mon amie Silva, venue de Syrie pour rendre visite à son frère à Philadelphie, finalement elle s'ennuyait avec lui alors elle est venue chez moi à Seattle - du coup elle a appris l'anglais en deux temps trois mouvements, c'était impressionnant ! On a visité Seattle, je l'ai emmenée dans la montagne, dans les bars, à l'université... bref c'était cool. Ce fut l'occasion aussi d'intéressantes confrontations entre les Etats)Unis et la Syrie, qui soudain apparaissait sous les traits d'une séduisante jeune fille, tout en douceur et sourires, et ses longs cheveux noirs au vent... Silva est restée dix jours, puis elle a du repartie à Philadelphie, me disant à l'aéroport qu'elle avait l'impression d'être Cendrillon à la fin du bal...

Saturday, September 15, 2007

back in Seattle



Après une brève escale à Paris, me voici de retour à Seattle, et le titre de mon blog reprend tout son sens...
Pour commencer, voici mon adresse
1028, NE 69th Street
Seattle WA 98115
USA
et voici une petite idée de l'endroit absolument paradisiaque où je vis. oui c'est une maison; avec terrasse ET jardin ET fleurs devant. Il y a Cody, Birch (un copain de Cody qui est un merveilleux musicien de jazz) moi et Miles, le chat (lui aussi un peu jazzman, dans le style). Vous noterez sur l'image non truquée le charmant jeune homme avec qui je vis et les "French toast" (mûres du jardin et fraises) au premier plan qui sont l'oeuvre de ses tendres mains...

pour l'instant je me remets de mon décalage horaire et je me bats avec Cody sur les couleurs pour repeindre la chambre...

Wednesday, August 22, 2007

Damas, Hama, Sayda Zaynab

-- voilà, j'ai ajouté des photos...


Je mettrai des photos, promis, mais aucune photo ne pourra rendre l'atmosphere de la rue qui mene de la mosquee des Omeyyades à Bab Touma, et du cafe Nofara ou l'on s'assied pour "boire" la chicha pendant des heures (en arabe en effet la chicha se boit plutot qu'elle ne se fume, a cause des glouglous de la fumee qui passe dans l'eau...). - la foule dans le souq Hamidye et ces pois de lumière qui tombent en dansant depuis la galerie couvrante...







Je suis allee à Hama le week-end avec Silva, nous avons rencontre un peintre qui fait vivre, sur d'immenses toiles, le fantome brumeux de la vieille ville detruite et la plainte des norias, et le jeu du soleil qui plonge entre les herbes...








J'ai visite aussi Sayda Zaynab, le tombeau de la petite-fille du prophete, fille d'Ali, et personne sainte pour les chi'ites. J'ai rencontre la bas un vieil iraqien venu de Karbala en pelerinage, il repart demain. Beaucoup de ses compatriotes ont prefere rester a Sayda Zaynab - le souq de cette banlieue populaire de Damas est plein d'images a la gloire de Nasrallah et de t-shirts "fier d'etre irakien"...





Quant a moi je vis dans le quartier assez chic de Qussaa, quartier chretien plein de boutiques de fringues de la derniere mode pas encore descendue a Paris.

Thursday, August 09, 2007

De Seattle à Damas



avec tous ces deplacements en effet le titre de mon blog n'est plus tout a fait approprie, mais puisque j'ai tant d'assidus lecteurs j'ai prefere ne pas changer l'adresse de mes recits de voyage. J'ecris d'un cafe internet a Bab Touma, le vieux quartier de Damas. Je prends des cours d'arabe a l'universite de Damas, je suis au niveau avance maintenant ce qui me permet de lire la presse, un peu de litterature, et de deiscuter surtout. J'ai retrouve beaucoup de mes amis, et Tante Marie, ou Meme, ma grand-mere damascene. Je ne fais pas grand chose d'autre, sinon decouvrir les nouveaux cafes de Damas, et certains quartiers ou je n'avais jamais mis les pieds, comme Jaramaneh, une banlieue populaire ou vivent beaucoup de chretiens, mais aussi des palestiniens et des refugies iraquiens; beaucoup d'enfants qui jouent au foot (l'Iraq a gagne la coupe d'Asie, ce fut un jour de grande liesse populaire que j'ai malheureusement manque de quelques jours), de boutiques, de banderoles officielles ou annoncant la venue prochaine des plus grandes stars de la chanson arabe; un mariage aussi, avec la mariee scintillante de mille feux dans une voiture facon ancienne, un peu retapee avec des planches de bois et decoree de rubans blancs, et les voisins au balcon.
Damas n'a pas beaucoup change, quelques constructions de plus seulement; mais j'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de monde, une circulation de plus en plus chaotique, il faut dire qu'il y a plus d'un million de refugies iraquiens en Syrie: on s'en rend compte rien qu'a voir les prix des logements qui ont plus que double par rapport a mon dernier sejour, il y a deux ans.
J'ecris beaucoup, sur les petites choses du quotidien, les nouveaux systemes de file d'attente dans les banques avec des tickets et une voix enregistree qui appelle les clients en arabe et en anglais; l'absence de systeme dans la gare routiere de Damas qui est une veritable foire d'empoigne ou il serait impossible de trouver son bus s'il n'y avait ces rabatteurs criant le nom des destinations ("Homs, Homs!", "Halab, Halab" etc). La vie quotidienne qui repose enormement sur les ressources annexes, celles dont on est fier (le fils emigre au Canada)et celles qu'on ne dit pas. Sur la famille et les reseaux de voisins. Sur les reves rose et bleus diffuses par les chaines de clips musicaux. Sur l'espoir d'une justice extra-mondaine psalmodie dans les radios et les hauts-parleurs. Sur la douceur du parfum du jasmin qui, le soir, recouvre tendrement les tumultes de la ville.

(photo: la mosquee des Omeyyades, le lieu que je préfère à Damas)

Sunday, July 01, 2007

boucler la boucle -Seattle


Retour a Seatte. J'ai montre le campus de l'universite a Sofien: tiens, une bonne occasion de compenser pour les critiques contre le systeme americain. L'universite, voila une bonne raison d'aimer ce pays. Extraordinaires. C'est vrai qu'ils ont beaucoup plus d'argent que les universites francaises, que les eleves doivent payer etc. Mais comment ne pas admirer ces campus qui donnent vraiment des moyens a l'enseignement et a la recherche- meme Sofien a ete impressionne par cette bibliotheque qui ressemble a une cathedrale, et quand je l'ai emmene faire du canoe sur le lac, au centre sportif de l'universite, il est vraiment devenu vert de jalousie !

Le soir, nous avons dine avec des amis: Arnaud qui etait prof avec moi au departement de francais, etudiant de Montpellier qui aime la bonne cuisine francaise et nous a fait un delicieux confit de canard que sa maman lui avait envoye ; Mario, son coloc Mexicain-Americain qui a rebaptise la maison "Romantic Restaurant House"; et Danielle et John.
Le lendemain nous avions decide de nous lever tot, ce qui fut un peu difficile avec le poids du canard et du vin que nous avions verse par dessus - mais nous avions decide d'aller au San Juan Islands. Ce sont des iles au nord de Seattle, a la frontiere avec le Canada, il faut prendre le ferry et tout... mais cela vaut la peine car les iles beneficient d'un micro-climat et n'ont qu'un tiers de la pluie de Seattle ! Bon il a un peu plu quand meme, juste assez pour avoir un bel arc-en-ciel sur le bateau. Nous avions embarque des velos avec nous, et Mario, ce qui faisait une joyeuse equipee.

Et pour finir ce voyage j'ai emmene Sofien sur les collines de Queen Ann pour avoir une belle vue de Seattle illuminee par soleil.

vacances-Oregon / parenthese sur les prisons, encore et les predateurs sexuels /


Donc je continue mon recit, toujours sans accents parce que le nouvel ordinateur que j'ai achete a Portland pour la moitie de son prix en France (pas de TVA en Oregon..) a un stupide clavier qwerty donc pas d'accents, pas de cedille, pas de e dans l'o et toutes ces raffineries esthetiques qui rendent la langue française si sophistiquee... Je vous ecris de chez ma copine Amel a Seattle, en écoutant Simon Shahin, extraordinaire joueur de luth - le soleil vient de se coucher sur Seattle, il règne une joyeuse odeur de fleurs s'épanouissant a la chaleur de juillet, et l'on apercoit la silhouette des montagnes (North Cascades) a l'horizon.
Le voyage donc. Apres Crater Lake, Sofien et moi sommes partis vers le nord. Il etait trop tard pour pousser jusqu'a Portand, d'autant que nous n'avions aucun logement de prevu, donc nous avons decide d'aller vers la cote, et nous nous sommes arretes dans un joli camping a Corvallis - j'etais un peu hesitante... il s'agissait d'un camping d'habitation plutot que d'un camping de vacances. Imaginez des touristes americains qui voudraient camper dans les terrains de caravanes de gitans en banlieue parisienne... Mais finalement cela n'avait rien d'un camping de gitans, c'etait plutot cosy, avec une jolie salle de bains tapissee de moquette et des bibelots coquets dans les toilettes.. . Le lendemain matin, nous sommes alles a Newport,un joli petit port de pecheurs sur la cote, puis nous avons continue jusqu'a Tillamook (photo - oui le gars jou au golf sur la plage...)

Portland donc. Comme nous n'etions pas tres bien organises nous sommes arrives sans reservation et sans solution alternative, et evidemment tout etait complet. Pas de probleme, nous avons repris la voiture avec la tente, un poulet roti a Safeway, et nous sommes partis dans la vallee de la Columbia River, a une demi-heure de Portland. Une journee de plus dans la nature avant de retrouver la civilisation urbaine (photo: les chutes de Multnomah).
Portland est une tres jolie ville, et surtout un paradis pour faire des achats, qu'il s'agisse d'ordinateurs (royaume de la Pomme), de CD (d'occas'), ou de livres: Powell's est la plus grande librairie independante des Etats-Unis, imaginez toutes les librairies du boulevard Saint-Michel en une! Comme ces paradis sont aussi pour moi des lieux de perdition (financierement parlant), je me suis limitee a l'achat de deux romans (catch-22, ne sorte de must ici, que tout le monde a lu apparemment, et 'One year in the merde', experience d'un British a Paris, le titre en dit long sur ce qu'il a pense de notre belle capitale !), et au rayon "prisons", parce qu'il faut que je me mette serieusement a lire sur le sujet... ne serait-ce que pour pouvoir comprendre la fascination de ce pays pour les prisons. Il y a un nombre incroyable de programmes televises sur le sujet: documentaires, fictions (Oz, Prison Break), ou melange des deux avec des documentaires choc mettant en scene les "pires criminels" des Etats-Unis dans des prisons de haute securite qui sont en meme temps des coupe-gorge ou le personnel doit toujours s'armer d'une combinaison de robocop pour se deplacer dans la prison.
Je ne comprends pas tres bien le commerce de la peur (souvent de mauvaise foi en plus), ni qui en profite exactement (les prisons ne sont pas si privatisees que ca, le taux de criminalite pas si eleve - hormis les homicides et les tueries spectaculaires, mais bon dans un pays ou les armes et les anti-depresseurs sont aussi facilement accessibles, ce n'est pas si etonnant - et surtout coutent tres cher au contribuable). Nous avons vu un de ces reportages a la tele avec des amis, a Seattle, montrant la prison de Saint Quentin, a San Francisco, replique exacte d'Alcatraz. Et sur une autre chaine, quasi en meme temps une emission de tele realite d'un nouveau genre: la traque de "predateurs sexuels" sur internet et leur denonciation publique a la television. Une equipe de tele se fait passer pour des petites filles ou petits garcons, entre 10 et 14 ans, rencontre des pervers sur e net, joue leur jeu pervers en proposant des rendez-vous (ce soir la c'etait "viens tout nu dans le garage de mes parents ") - on voit le "predateur sexuel" arriver et decouvrir qu'au lieu du petit garcon ou de la petite fille attendue c'est un homme au ton de pasteur, entoure de cameras, qui lui dit "what's wrong with you" et commence a analyser sa nature perverse sous l'oeil horrifie des telespectateurs. Je ne voudrais pas passer pour "soft on crime", mais mon impression etait surtout que ces sexual predators etaient de pauvres types, et que l'equipe de television etait tout aussi perverse que lui (j'espere qu'aucun enfant n'irait demander sur internet, a un homme qui dit etre un instit de 30 ans, de venir tout nu dans le garage de ses parents...). Je crois que conjointement au puritanisme americain (qui interdit aux moins de 16 ans les films ou l'on voit une fesse ou un bout de sein) il y a une sorte de surenchere sur les crimes sexuels: non seulement avec leur traduction en jeu televise, mais aussi avec leur extreme publicisation: la mise sur internet des coordonnees exactes des criminels (depuis les violeurs jusqu'aux amoureux collants qualifies de "stalkers")sur des sites du genre "votre voisin est-il un predateur sexuel", l'utilisation des liaisons extra-conjugales comme arme politique. Et, pour revenir a la prison, l'enfermement indetermine des criminels sexuels violents, et l'utilisation commune de l'accusation de "statutory rape" pour eloigner le petit copain encombrant (et majeur) de sa fille mineure (notez que l'equivalent francais, "detournement de mineur", ne sous-entend pas qu'il y a viol).
Bon retournons aux vacances apres ce detour...

Tuesday, June 26, 2007

6- ebauche de Crater Lake - et la suite


Apres toute cette route dans le nord de la Californie, nous sommes enfin arrives en Oregon, fatigues comme les pionniers, et surpris, comme eux, de la beaute des paysages. Nous n'avons pas trouve d'or mais un Cratere gele couleur lapis-lazuli, encore borde de neige... C'est le lac le plus profond des Etats-Unis, dans un cratere de 10km (?) de diametre, couleur ocre indigo. Je ne sais plus quand le volcan a explose, evacuant sa lave pour ciseler ce miroir gele, toute memoire se perd dans ces profondeurs bleues.
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Comme j'arrive a la fin de mon heure gratuite d'internet dans la bibliotheque publique de Portland, je vais arreter la, de toutes facons vous avez de la lecture jusqu'a la prochaine fois. A venir:

- le trajet de la cote, de Corvallis a Tillamook
- les gorges de la Columbia River
- Portland
- Seattle et les San Juan Islands

5- Des arbres et des Indiens

Notre route nous a conduits a travers les magnifiques forets de sequoias, un peu transformees en parcs d'attractions comme je le racontais - nous avons forcement cede a la tentation du "drive-thru tree", un sequoia de 2400 ans dont le tronc est creuse de maniere a laisser passer une voiture. C'est amusant mais a regarder la majeste de l'arbre, apres, on se dit que, finalement, ce petit jeu c'est comme pisser sur une cathedrale. La route continuait a travers la foret d'arbres millenaires, sages geants toujours verts.
Apres un petit arret sur la cote a Eureka - comme quoi les pionniers cultivaient leurs humanites - nous avons pris une jolie route (longue encore...) qui longeait une vallee et traversait une reserve indienne - comme quoi les pionniers lettres n'etaient pas forcement les plus humanistes. Rien a voir. Mais ce rien est, d'une certaine facon, une experience interessante. J'ai demande a une passante, un peu naivement, ce que cela signifiait d'etre dans une reserve indienne, qu'est-ce qui changeait par rapport a l'autre ville. Elle m'a dit que la terre leur a ete allouee par l'Etat en dix-huit cents quelquechose, avec tout ce qu'il leur fallait pour vivre confrotablemetn: route, eau, electricite, ecoles... Ils sont quelques centaines dans la reserve (nous avons en effet vue peu de maisons), avec une ecole et deux mini-marches, ils ont leur propre police et leur "office tribal" qui s'occupe des questions politiques et religieuses. Au milieu du rien-a-voir, ce qui m'a le plus etonnee etait le cimetiere: non pas le nombre de croix, j'imaginais bien qu'un certain nombre d'indiens avaient ete evangelises, mais le nombre de drapeau americains... je ne les imaginais pas si patriotes...

4- retour a San Francisco

- et bonne douche chaude a l'hotel ! Je posterai des photos la prochaine fois, inch'allah, pour que vous appreciiez la beaute des maisons victoriennes de San Francisco. Un petit gout amer toutefois de cette derniere journee a SF: pendant que nous visitions les boutiques de Ashbury-Haight, l'ancien quartier hippie, nous avons recu une belle prune. J'etais furieuse, d'autant plus que lorsque nous sommes arrives a la voiture, le parcmetre affichait toujours vert ! Mais impossible de contester quoi que ce soit. J'ai trouve un flic un peu grassouillet qui paissait paisiblement son chewing-gum un peu plus loin dans la rue, et il m'a dit, pas tres cooperatif, qu'il fallait aller je ne sais ou pour contester et qu'il ne pouvait rien faire. Du coup notre seule envie etait de sortir de la ville ou le stationnement est decidement impossible ( un nombre incroyable de conditions: stationnement 30mn, ou stationnement interdit entre 8h et 11h, ou entre 2h et 6h, ou stationnement reserve aux camions.. chaque place a une regle particuliere, les pervenches sont dopees a l'EPO, et la fourriere n'est jamais bien loin - on apprend bien vite ce que "tow away" veut dire !)- bon venant de Paris je ne vais pas trop me plaindre, j'imagine que les Americains en voiture a Paris font le meme type de commentaire. Mais a velo a Paris je n'ai pas de probleme de stationnement...
Donc agaces par ces trivialites urbaines, Sofien et moi avons quitte SF, laissant nos compagnons de voyage derriere nous, Cody reparti a Seattle, et nos Danois allant vers le sud.
\Nous avons pris une jolie route (un peu longue toutefois) vers la cote, en passant par Stinson beach, en remontant vers le nord de la Californie. Passe la nuit dans un motel, la vraie experience du road trip...

vacances 3: Yosemite


.. tout un periple. Il faudrait vous raconter comment nous avons emmene un petit papillon coince dans le pare-brise depuis les routes de l'Oregon, jusque dans l'un des plus beaux parcs des Etats-Unis, ou "little moth" a pu retrouver la nature sauvage. D'autant que pour eviter les hordes de touristes et leurs autocars (attention, je ne parle meme pas des cars de touristes pour voyages en groupes, mais des especes de caravanes de la taille d'un bus hyper en vogue ici, sous le nom delicieux de "RV" - prononcer "arvee")nous sommes alles vers les prairies de Tuolomne, a l'Est du parc, et nous avons randonne parmi les ours (ouf, nous n'en avons pas croise..) et les moustiques (eux par contre nous ont reperes) pendant trois jours, sac sur le dos, avec boite a ours (pour ranger la nourriture) et anti-moustique, appareil photo et grand sourire (un peu fatigue tout de meme...).
Comment decrire la beaute des paysages ? de hautes montagnes de granit gris, des forets de sapins, des rivieres devalant dans des prairies verdoyantes, des biches et des marmottes qui nous regardent passer, mi-amusees, mi-posant pour la photo. La neige qui fond en torrents et les piscines d'eau claire ou nous nous sommes baignes - et l'envie parfois d'etre un ours jouissant paisiblement de ces grandes etendues sauvages...

Sunday, June 17, 2007

vacances 2: San Francisco


Nous sommes arrives sur le Golden Gate Bridge en ecoutant Eliott Smith et en maudissant la brume. Il fait bien plus froid ici qu'a Seattle ! Apres avoir recupere Sofien, promenade dans les quartiers animes de la ville et jusqu'au port, ou nous avons mange la specialite locale, "Clam Chowder": c' est une sorte de soupe de coquilles saint jacques dans un pain rond evide - delicieux meme pour moi qui ne susi pas fana de bechamel - puis nous avons trouve un "Musee Mecanique" (en francais dans le texte) et avons joue sur des machines de foire du debut du siecle pendant une bonne heure. Puis une petite biere dans un bar tres colore et un peu trop anime, un burrito pour sofien qui decouvre l'equivalent local du grec, et dodo.
Le lendemain matin, nous avons traverse Chinatown au petit jour, pour arriver dans un autre quartier ou nous etions censes trouver le meilleur breakfast de SF. Malheureusement trop de touristes francais a SF, et trop de touristes francais avec le Routard, donc nous avons renonce, trouve un autre petit resto pour dejeuner, et fonce prendre le ferry pour Alcatraz.

Le Rocher etait un penitentier d'ou il etait repute impossible de s'echapper: petite ile dans la baie de SF, on pourrait croire qu'1 miles 1/2 (2km) c'est faisable, mais ce serait sans compter les courants geles fatals aux candidats a l'evasion. Trois detenus cependant n'ont jamais ete retrouves et on se demande toujours si ils ont survecu a la traversee... La visite est tres interessante, surtout pour moi qui me plonge dans le systeme carceral americain. On voit les cellules des detenus, les reglements de la prison, l'unite de "traitement" qui est la prison dans la prison pour les detenus desobeissants (sachant qu'Alcatraz elle-meme etait une prison federale destinee aux "pires" des detenus, les plus dangereux comme Al Capone, ou bien les plus violents); l'unite de traitement elle-meme a une "prison", le "trou", cellules d'isolement complet (solitary confinement)- systeme de poupees russes de l'univers disciplinaire...

La visite racontait Alcatraz du point de vue des detenus et des gardes. Mais, point interessant, tout etait presente comme relevant du passe, histoire ancienne d'un penitencier ferme en 1963 par le progressiste Robert Kennedy a l'heure ou le mot d'ordre de la prison etait rehabilitation. Mmm... la Californie est l'Etat des USA qui compte la plus importante population carcerale, en nombre comme en proportion de la population. Les prisons prosperent plus rapidement que les ecoles, et le modele domiant est celui de la prison de haute securite: securite pour la population (prison dans le desert, empechant toute evasion), securite du personnel (evitement des contacts avec detenus et utilisation de technologie, par exemple ouverture automatique des portes), securite des detenus (evitemetn des contacts entre detenus). Dans ce tout securitaire du systeme punitif, rien ne reste des ideaux de rehabilitation et de resocialisation; le mot d'ordre est la mise a l'ecart, pour des durees sans commune mesure avec ce qui est pratique en Europe: la "three strikes law" par exemple prevoit la prison a perpetuite sans possibilite de liberation conditionnelle pour toute personne condamnee pour une troisieme "felony" (du meurtre au simple vol ou a l'usage de drogue).
- Mais il est vrai qu'a San Francisco on est loin de tout ca: ville cool et tolerante, on n'a pas l'impression d'etre sur les terres de Schwarzenegger...

vacances 1: Oregon et Californie du Nord

Voila, j'ai fini mes cours, ceux que je donne, ceux que je prends. J' ai regle les questions administratives et les projets de recherche pour l'an prochain (j' ai un plan interessant pour etre "research assistant" sur un projet d' evaluation des programmes de "resocialisation" dans les deux pires penitenciers de l' Etat). Me voila donc partie sur les routes, avec mon cheri et deux Danois pris en passant - en fait l'un etait mon coloc et l' autre son copain venu lui rendre visite. Nous sommes descendus tous les quatre vers la Californie, en passant par l'Oregon, Etat d'entre les deux, ou il fait plus beau que dans le Washington et plus vert qu'en Californie. Cody a un ami la bas, qui apres avoir passe deux ans a Munich et apres avoir fini sa maitrise sur la philosophie allemande a deide qu'il en avait marre de la vie sauvage, et il est parti jouer les Robinsons dans une montagne au milieu de nulle part, un petit paradis ou il construit sa maison, cultive son jardin, et passe des soirees au bord de la riviere avec ses copains. Nous avons fait avec lui les barbecues les plus merveilleux, et il nous a construit une "sweatlodge", sauna indien fait d' un tipi (structure en bois, baches et couvertures), dans lequel on met des pierres bouillantes (restees deux heures dans le feu), et on verse de l' eau dessus pour faire de la vapeur. Quand on a bien transpire, on plonge dans la riviere.
Nous avons vu aussi l' Ocean, nomme "Pacifique" pour conjurer ses rigueurs - tout le contraire d'une mer calme: terriblement glace et venteux. Mais sublime.
Il a fallu rapidement descendre vers le sud, pour arriver a temps pour recuperer mon frerot: Sofien arrivait a San Francisco samedi midi. Nous avons donc repris la route, traverse des forets impressionnantes d'immenses sequoias - forets qui perdent un peu de leur magie avec le nombre de parcs a themes (Mystery Wood, Big Foot, Enchanted Forest etc) qui s'egrenent le long de la route - secretions de hippies convertis au capitalisme.
Soudain sans qu'on s'apercoive tres bien de la limite climatique, les forets de sequoias laissent place a des plaines mediterraneennes, collines d'herbe jaunie et arbustes chantant au soleil...

Sunday, May 27, 2007

Le Printemps à Seattle – et Bamako.

C’est un moment fabuleux ou désespérant, selon les jours. Il fait froid, il pleut, et puis tout d’un coup le ciel est radieux et le soleil fait chanter la nature sous ses rayons – si beau qu’on en devient amnésique (ah bon, il pleuvait hier ? ah oui tiens…). Les étudiants se promènent en shorts et en petite robe, lisent sur les pelouses du campus, jouent au frisbee ou à des trucs plus originaux (monocycle, pyramides humaines) ce qui donne un petit air de cirque au campus… Les « fraternities », ces maisons à fronton grec dans lesquelles vivent des hordes de fils à papa (et de filles à maman, dans les « sororities ») tout excités d’échapper à la tutelle parentale et qui se perdent dans les beuveries le soir, s’ouvrent et se mettent à exposer leurs barbecues, beach-volley, cinéma en plein air (oui, oui, comme quoi le grand mur blanc de la façade, ça sert à quelque chose) !
Et puis la semaine suivante on paie ces quelques jours (heures…) de beau temps… pluie, froid, on ressort les manteaux et imperméables, et on déprime à voir ce ciel gris - qui va pourtant finalement nous permettre de travailler sérieusement et préparer les examens qui approchent.

Mais le Printemps c’est aussi la saison des festivals. Street Fair – sorte de fête de rue, avec plein d’artisan locaux et de stands de bouffe en tout genre (j’y ai découvert les oreilles d’éléphant, version américaine de la crêpe… enfin, une crêpe de cowboy quoi, un beignet de 10cm d’épaisseur, bien gras et saupoudré de sucre+cannelle). Folklife, festival de musique folk et musiques du monde, gratuit, au cœur de la ville. C’était pour moi l’occasion de découvrir un nouveau visage de Seattle : les jeunes grunge qui perpétuent la mémoire de Nirvana, et les vieux hippies qui retrouvent leurs jeunes années en dansant comme des petits fous sur les rythmes africains, sur le groove hawaïen, ou encore la musique irlandaise ; et puis les vieux activistes qui retrouvent l’âme de Joan Baez en fredonnant sur la pelouse…

Enfin, le printemps c’est aussi la saison du festival international de cinéma – un événement extraordinaire, des centaines de films présentés. Regardez le site internet, il est chouette. J’ai vu dimanche soir le film Bamako (je ne sais pas si c’est sorti en France ?) c’est le procès de la société civile africaine contre les institutions financières internationales, procès qui se tient dans la cour très colorée d’une maison africaine où passent toute sorte de gens, la fille qui chante, le malade qui se meurt, la matrone qui teint des tissus, les enfants avec leurs jouets en plastique qui couinent, les policiers corrompus, les avocats, et le peuple réuni dans l’audience ; les tirades sont parfois longues, témoignages contre les politiques économiques désastreuses imposées à l’Afrique, et en faveur de l’annulation de la dette. Mais le spectateur doit faire l’effort d’écouter ceux qui, pour une fois, prennent la parole en leur propre nom. C’est un film résolument militant mais qui ne perd pas de vue l’esthétique cinématographique, et évite résolument le misérabilisme dans son portrait coloré du Mali.
(nb- la mise en page est trompeuse mais la photo correspond au festival folklife: ce sont des musiciens ghanéens. Certes c'est aussi l'Afrique mais ne mélangeons pas tout...)

Sunday, May 13, 2007

ethnomusicology concert


Les élèves du grand Pr de Dhrupad, chant multicentenaire de l'Inde du Nord. Je ne suis pas encore assez douée pour mettre les vidéos sur ce truc, mais vous vous satisferez d'une photo, jusqu'à ce que j'arrive à importer le chanteur bouclé jusqu'en France...

Sunday, May 06, 2007

de la politique à l'eau- et du colonialisme dans les musées


Faut-il vraiment que je commente la politique? On s'y attendait un peu.. tout ce que j'ai à dire c'est qu'il faudra se rattraper un peu aux législatives pour avoir un peu de contrepoids, ou au moins pour qu'il n'ait pas trop de champ libre, qu'il ne fiche pas tous les gamins et pour qu'on lui impose Azouz Begag en ministre de l'identité nationale (ce serait rigolo!).
La campagne pour les présidentielles (novembre 2008) a déjà commencé aux Etats-Unis, avec des débats entre les candidats des deux grands partis. Bien-sûr les médias mettent en avant leurs favoris, côté démocrate: Hillary Clinton, Barack Obama et John Edwards. Moi je préfère Dennis Kucinich, un candidat que j'ai découvert récemment dans une émission de radio, qui est très clair sur ses positions en matière de politique étrangère (arrêter de financer une guerre si on prétend s'y opposer), et qui propose aussi une réforme du financement des partis. Ce ne serait pas une mauvaise chose !
Sinon pour ma petite vie... tout va bien, je suis heureuse, je lis plein de bouquins passionants, je découvre l'univers carcéral américain, j'ai fait du kayak hier matin et j'ai visité cet après-midi le musée d'art moderne de Seattle qui vient de rouvrir après travaux. C'est un très beau musée qui m'a donné beaucoup à réfléchir sur la manière d'exposer les "arts premiers" et l'art populaire. Le musée du Quai Branly est finalement très décevant et ne parvient pas à sortir d'une vision néocoloniale des peuples primitifs figés dans leurs traditions millénaires qu'il faut absolument sauver du déluge capitaliste; l'architecture "Arche de Noé" traduit très bien d'ailleurs l'idéologie de l'ensemble. C'est une sorte de musée de la repentance: la puissance coloniale qui a exposé ces peuples à la "décadence" par trop plein de "civilisation" prend désormais en charge la préservation de leur patrimoine. L'image de la rivière qui traverse le coeur des ténèbres n'est pas anodine... J'ai trouvé en visitant le musée du Quai Branly qu'il avait été injustement dénigré - mais rétrospectivement je rajouterai une couche sur les critiques qui ont déjà été faites. Non seulement le musée du Quai Branly n'a pas de valeur scientifique à proprement parler (je laisse les anglophones se délecter avec le blog d'olivier morin sur ce sujet: http://www.cognition.ens.fr/~alphapsy/blog/?2006/09/28/39-branly ) mais les choix esthétiques n'ont pas de logique non plus. Ca fait un peu penser au projet du génome - je ne sais pas comment on appelle officiellement en français ce truc: Human Genome Diversity Project, dont le but est de conserver l'héritage génétique humain dans sa diversité, et pour cela aller chercher les peuples les plus isolés qui auraient le génome le plus pur, avant que cette pureté ne disparaisse dans les brassages humains : le texte du projet donne priorité aux groupes définis comme "unique, historically vital populations that are in danger of dying out or being assimilated"; curieusement, tiens, c'est à peu près les même que ceux du Quai Branly, des "peuplades" figées dans leur essence ou dans leur culture, définitivement Autres... Il faudrait en finir avec ce complexe de l'arche de Noé !
Le Seattle Art Museum, SAM de son petit nom, propose une approche bien plus intéressante, présentant l'art traditionnel aux côtés de l'art contemporain, les masques de telle tribu du Nigeria mis en scène sur des pantins reproduisant leur usage dans les cérémonies religieuses contemporaines, avec tous les éléments en usage, y compris les chaussures occidentales,la montre made in china, les bracelets en plastique... Les oeuvres "traditionnelles" des Aborigènes d'Australie à travers la reprise de leurs motifs par des artistes aborigènes contemporains. De même pour les Amérindiens de la région. Ce n'est pas l'exotisme qui est mis en scène, mais la vitalité et la créativité des artistes - qui finalement ne sont pas si "autres" que cela...

Sunday, April 22, 2007

En vrac: pow wow, brunch électoral et Dome de l'Huitre


Commençons donc par la semaine dernière: je suis allée voir le "Pow-wow" organisé par la Native American Association de l'Université sur le campus. C'était intéressant mais décevant à la fois. Intéressant de voir des Indiens avec de beaux costumes de plumes danser en rythme et chanter des chants de victoire. Les instructions étaient données par un speaker obèse qui jouait les animateurs de foire. Les spectateurs, clairsemés, étaient presque tous aussi des gens obèses qui regardaient nonchalamment le spectacle en sirotant leur coca-cola, avant de retourner chez eux (dans une réserve-casino?) avec leur grosse 4x4. Inutile de dire que pour moi le mythe des Indiens indissolublement liés à Mère Nature s'est brutalement effondré. Je m'attendais à ce que ce pow-wow ait une certaine dimension politique, compte-tenu notamment des contentieux qui opposent les tribus indiennes et les autorités locales, en particulier concernant la propriété du terrain de l'université... Je n'ai pas suivi toute la "cérémonie", certe, mais celle-ci m'a laissé l'impression amère d'une attraction mi-touristique, mi-narcissique, cherchant à ressusciter avec des plumes en synthétique et des habits fluos des traditions éteintes depuis un bout de temps déjà... Certes les enfants étaient mignons avec toutes leurs plumes mais pas très convaincants finalement...
Je suis ensuite retournée à mes livres, ce que je vous épargnerai. J'ai fait d'autres choses importantes au cours de la semaine... j'ai obtenu un moyen de rester l'an prochain en continuant d'enseigner le français. Donc je l'annonce solennellement ici : je ne rentre pas l'année prochaine, mais vous pourrez me voir en juillet !
Autres démarches importantes que j'ai accomplies cette semaine: trouver une salle dans l'université pour se réunir entre Français et regarder les résultats des élections ! Impossible: ils voulaient nous faire payer 100 $, même si on disait qu'on était étudiants et que c'était éducatif ! Heureusement un des TA du département de français avait TV5 chez lui du coup il a invité tous les français de l'université et on s'est retrouvés pour un "brunch électoral" chez lui, à 10h du matin, avec jus d'orange et gateau au chocolat pour faire patienter. C'était super, je n'avais jamais passé une telle "soirée" électorale ! Il faut dire qu'on était assez nombreux, une vingtaine, et chacun y allait de son commentaire, pour déplorer l'habileté rhétorique de Sarko (il parle bien le vilain) ou la nulleté de Ségo : mais enfin pourquoi elle est coincée comme ça ? allez, remue-toi un peu ! - nous avons tous souri quand elle a dit qu'elle ressentait de la joie (j'avais pour ma part parié sur le "bonheur intense") et applaudi quand elle a dit qu'elle était une femme libre. On va quand même tous voter pour elle. Puis on s'est quittés pas très optimistes sur la suite mais en se promettant encore plus de crêpes au nutella pour le second tour...

Pour la santé j'ai aussi fait une très belle randonnée samedi au Oyster Dome, le Dome de l'Huître, ne me demandez pas pourquoi ça s'appelle comme ça je sais seulement que c'est une région où on fait de l'ostréiculture (ou alors de l'élevage de moules mais je ne sais plus comment on écrit ça!). C'était magnifique mais j'ai les jambes en compote... Dire que lundi j'ai un cours de bangra dance ! - pour les non-initié, c'est en gros une version indienne (de l'Inde) de l'aérobic... Je vous laisse sur cette impression d'une vie particulièrement saine et sportive, je vous raconterai la prison la prochaine fois...

Saturday, April 14, 2007

Voter Bayrou ?

Je me décide à mettre un peu de politique sur mon blog, parce que les enjeux sont importants… et c’est l’occasion, pour ceux qui ne le savaient pas encore, de faire mon coming out bayrouiste… Eh oui, j’ai pris ma carte du PS il y a tout juste un an, pour pouvoir choisir les candidats. Ségolène Royal m’irritait un peu et puis je me suis dit que quand même elle avait des chances de rassembler autour d’un projet de gauche – et de son sourire. Puis à force de contradictions, de discours ambigus, de propositions soit irréalistes (notamment en termes budgétaires) soit complètement en décalage avec les valeurs de la gauche (mais d’où a-t-elle sorti son discours sur l’identité nationale ?), le projet socialiste s’est effacé et n’est resté que son sourire. Un peu coincé. Femme et mère de famille. Est-ce vraiment un projet politique ?
Alors je me suis intéressée un peu plus à Bayrou. Son discours clair et réaliste m’avait déjà beaucoup intéressée en 2002, j’avais failli voter pour lui et je m’étais finalement rabattue sur Jospin en faisant le calcul que si mes parents, traditionnellement socialistes, votaient pour les Verts au premier tour, il fallait bien que quelqu'un vote Jospin ne serait-ce que pour qu’il passe au second tour.
Je ne veux pas faire ce calcul maintenant. Parce que je pense que Ségolène Royal n’a aucune chance au second tour face à Nicolas Sarkozy, et que Bayrou au contraire est capable de rassembler, par son discours d’ouverture, et le centre démocrate, et la gauche socialiste. Il y a un réel danger de retrouver Le Pen et Sarkozy au second tour. Je crois que ce serait très dangereux pour la France. C’était douloureux déjà en 2002 pour les gens de gauche de voter Chirac, mais ce sera encore pire de devoir voter Sarkozy. Parce que Chirac conservait au moins un peu de la tradition gaulliste qui permettait d’avoir un certain terrain d’entente avec la gauche social-démocrate (quoiqu’on dise de son bilan en définitive). Sarkozy au contraire a pour modèle la droite américaine, aussi bien au niveau de ses propositions économiques que de son discours nationaliste. Je me souviens avoir souvent dénoncé ceux qui l’accusaient d’être un dangereux fasciste, en disant que je n’étais pas d’accord avec ses idées mais qu’il n’en restait pas moins un démocrate. Je ne peux plus tenir ce discours maintenant. Sarkozy a ouvertement recours aux thèmes de l’extrême-droite, il a un discours diviseur et extrêmement autoritaire que je trouve dangereux. Quelqu’un qui dit à un ministre de son gouvernement qu’il va lui « casser la gueule » n’est pas fréquentable en politique (voir l’affaire Azouz Begag).
Le paysage politique français est en cours de recomposition, je ne suis pas la seule à faire cette analyse. Il y a ceux qui acceptent pleinement les évolutions néolibérales à l’américaines (type Sarkozy), ceux qui les refusent radicalement au point de dénoncer tous les aspects de la mondialisation et l’Europe avec (l’extrême-gauche), et ceux qui dans la tradition social-démocrate tentent d’encadrer les évolutions économiques par des institutions démocratiques capables de rétablir un ordre social plus juste. Il y a ceux pour qui la politique est l’organisation de la compétition, ceux pour qui la politique est l’interdiction de la compétition et ceux pour qui la politique doit être l’aménagement d’un vivre-ensemble.
Je pense que Bayrou est capable de porter ce projet. D’accord il a l’air stupide dans les Guignols de l’Info. Mais justement, n’est-il pas intéressant qu’il soit extrêmement convaincant dans son discours sans être séduisant ? qu’il convainque parce que ses propos font appel au bon sens plutôt qu’aux passions démagogiques et à la victimisation ?
Le PS pour ne pas avoir à contredire Bayrou sur des propositions qui sont proches de celles des socialistes se contente de dire que le candidat centriste n’a pas de programme. C’est un peu léger comme contre-argumentation. Les 100 propositions de Ségolène Royal étalées dans un discours-fleuve sans organisation ne serait-ce que rhétoriques constituent-elles un programme ?
En adhérant au PS l’an dernier j’ai voté pour un projet socialiste que, curieusement, je ne retrouve pas dans le programme de la candidate – qui dit une chose un jour et le contraire le lendemain, et qui ne se sent responsable devant personne puisque de toutes façons « elle ne doit rien à personne » (pourquoi être la candidate d’un parti dans ce cas ?). Les propositions qui me tenaient le plus à cœur, je les retrouve dans le programme de Bayrou : l'environnement, l’investissement dans la recherche, la lutte contre la précarité, la réforme des institutions publiques. Sur le plan de la sécurité, il propose un programme de lutte contre la délinquance qui n’est ni « tout répressif » ni « tout social » et surtout qui prend acte de l’importance d’une réforme du système pénitentiaire.
J’ai trouvé aussi dans le programme de Bayrou un autre thème crucial dont je n’ai perçu l’importance que récemment : la réduction de la dette, problème pour lequel il est le seul à proposer des solutions concrètes.
Enfin, un thème fondamental, qu’il est le seul à prendre en compte sérieusement : l’Europe, qui a mystérieusement disparu de la campagne, comme si on s'occupait de changer les sièges de la voiture sans prendre le temps de regarder si le moteur fonctionnait toujours.
Je ne vais pas continuer plus longtemps, ceux qui pensent que les enjeux sont assez importants pour qu’on s’y intéresse peuvent aller voir le site du candidat (www.bayrou.fr ).

Saturday, April 07, 2007

Visite en prison

A part admirer les cerisiers en fleur (qui fânent déjà malheureusement), je me suis aussi remise à travailler... J'enseigne le niveau intermédiaire 2, c'est-à-dire la suite de ce que j'enseignais au trimestre précédent. Et je prends deux cours avec les professeurs que j'adore, Arzoo Osanloo et Lorna Rhodes - La première enseigne l'anthropologie du droit, un cours assez theorique mais très stimulant sur le processus de formation des lois, comment tel type de législation s'inscrit dans tel type d' organisation sociale et économique - Arzoo Osanloo est juriste de formation et s' est mise à l'anthropologie après avoir exercé comme avocate pour les demandeurs d' asile; elle a aussi écrit sur le système légal iranien, qui tient autant de l'Etat islamique que de la République.
Lorna Rhodes qui travaille sur les prisons et la santé mentale avait déjà enseigné un cours sur les prisons américaines au premier trimestre. Maintenant c' est un cours de " service learning", ce qui signifie que les élèves doivent remplir un certain nombre d' heures de volontariat.. dans les prisons: centres de détention pour mineurs, prisons ou pénitenciers - grâce à ses relations dans le pénitencier d'Etat de Monroe (environ 45mn de Seattle) j'ai pu, avec une autre étudiante, accéder à cet endroit que je me représente comme l'envers de la société américaine. Les Etats-Unis sont le pays qui a la plus grande proportion de sa population nationale en prison: 2,3 millions de prisonniers! Seule la Chine, avec ses statistiques floues, pourrait rivaliser avec cela !
Je suis allée à Monroe pour la première fois jeudi dernier. Juste pour l'orientation (consignes de sécurité et visite de la prison). Nous avons été affectées à l'unité pour les "Special Offenders" - "speciaux" en ce qu'il s'agit de malades mentaux. J' avais un peu des craintes tout de même... aller dans une prison de longues peines où sont enfermés des gens psychiatriquement très perturbés.. Mais le premier contact s'est très bien passé. La responsable de la Special Offender Unit est une spécialiste de la santé mentale et son unité est une sorte d' hôpital psychiatrique à l'intérieur de la prison. Il y a différent niveaux de sécurité, selon que les prisonniers sont jugés plus ou moins dangereux. Nous serons affectées aux sections des détenus ne présentant pas de danger particulier - ce sont ces sections que nous avons visitées, je crois que nous ne verrons pas les autres.
Jeudi était un jour de grand soleil, et Monroe se trouve au pied de grandes montagnes (c'est sur le chemin des stations de ski...) - la prison m'a paru belle, loin des descriptions horribles que les autres étudiants avaient faites des centres de détention pour mineurs. Le bâtiment principale s'appelle "réformatoire" : c'est une belle bâtisse du début du siècle (je devrais dire XXe, mais bon ca parait encore assez evident...), avec des colonnes grecques sur la facade, ce pourrait aussi bien être un musée ! L'intérieur est bien moins joyeux, évidemment. Mais très propre. La "Special Offender Unit" est toute neuve, construite au début de ce siècle. Les sections que j'ai visitées ressemblaient un peu à des maisons de retraite: en fait l' architecture intérieure est comme dans Oz (c' est une série américaine sur les prisons, si vous ne connaissez pas je ne vous conseille pas de regarder parce que vous allez avoir peur pour moi, c'est hyper violent!), une grande salle commune entourée des cellules à l' étage. Les détenus passent la journée à jouer au scrabble ou regarder la télé. Et il y a des programmes de réhabilitation et d'aide psychologique, c'est ce à quoi nous allons participer. Il s'agit principalement de groupes de discussion mais j'en saurai plus la semaine pochaine. Un autre programme de la prison a été mis en place avec une association locale de type SPA qui recueille des chatons abandonnés: les prisonniers ui participent à ce programme ont la responsabilité de s'occuper d' un petit chat, de lui apprendre à être propre et à ne pas avoir peur des hommes, pour que les petits chats puissent être adoptés après. Ce fut mon premier contact avec des prisonniers, autour d' un chaton de quelques semaines, pour qui ils montraient tant de tendresse et d'affection que c'en était touchant. La responsable de l'unité est très contente de ce programme et dit que pour certains détenus, c'est la première occasion qu'ils ont de ressentir de l'empathie.

Monday, April 02, 2007

Dévaler les pistes



Je suis allée skier ce dimanche ! grand événement: la dernière fois que j'ai skié, j'avais 12 ans et c'était en classe de neige. A ma grande surprise je tiens sur des skis, et je dévale avec confiance la piste "beginner", grâce aux instructions de mon moniteur personnel qui vient de Park city, Utah, la ville des jeux olympiques alors c'est un champion... Moi je n'en suis pas là, mais j'ai quand même osé la piste bleue, c'est un peu plus dur mais c'est tellement beau ! Et je ne suis tombée que 3 fois, sur la piste difficile !

Stevens Pass, la station de ski, à 1h30-2H de route depuis Seattle, a l'air d'un autre monde: il faut traverser les campagnes aux maisons un peu glauques (vous connaissez un peu l'atmosphère des romans de Faulkner) mais aux paysages magnifiques, puis on arrive dans les montagnes, soudain tout enneigées alors que la ville met déjà ses habits de printemps...
Je retourne à mes cours de français, toute courbaturée....

Friday, March 30, 2007

Cherry Blossom


C'est le murmure qui parcourt la ville... venez voir ces arbres couverts d'une neige rosée, qui s'élèvent fièrement au milieu du campus ! Les étudiants, en tongues et shorts, se roulent de plaisir dans les pétales tendres et les premiers rayons printaniers... il ne fait pas encore bien chaud mais on a sorti débardeurs et lunettes de soleil, et puis les balles de jonglage, les guitares et toute sorte d'attirail de plage. C'est aussi la promenade familiale, la promenade des écoles, on n'a jamais vu autant d'enfants dans ces lieux. Ni autant d'appareils photos, haletant de cliquetis pour saisir la fragile beauté des cerisiers en fleurs.
La ville entière s'épanouit, sous le regard bienveillant des montagnes.

Sunday, March 11, 2007

Enfin des nouvelles...

Voilà bien longtemps que je n'ai pas raconté mes aventures seattleites sur ce blog... plusieurs personnes s'en sont inquiétées, ce qui m'a donné l'occasion de voir combien ce blog était populaire(!!). Alors il ne m'est rien arrivé de mal, au contraire... c'est juste que j'hésitais un peu à rendre public ce qui m'occupait ces derniers temps.. bref j'ai rencontré un charmant jeune homme, Cody, il est adorable et beau comme un ange, super cool et assez nerdy pour me supporter, il joue de la guitare et aime l'Afrique mais je n'ai pas encore trop eu l'occasion de l'entendre jouer de la "highlife"... il me prépare des petits sandwichs avec des pousses d'herbes "sprout" pour mon déjeuner de midi et me dit "bonjour mon amour " en français auvergnat (héritage de Brassens) avec un accent américain trop charmant... on va se marier à Las Vegas le mois prochain avec feux d'artifice et hamburgers. Vous êtes tous conviés d'ailleurs.
Sans blague. Je suis actuellement au Tully's de l'aéroport de Seattle, on my way to France, pour y passer les vacances de printemps. Je dois encore corriger les copies de mes élèves et écrire deux papiers, mais tout va bien. En fait tout va vraiment très bien depuis quelques semaines. Je ne sais pas quoi raconter d'autre, sauf que je découvre la vie underground de Seattle, les clubs branchés où se produisent les musiciens d'un peu partout, j'étais dans un club hier soir, où jouait un groupe super-connu-c'est-le-meilleur-du-monde - même que le guitariste il a joué avec Prince dans Purple Rain (mais je suis incapable de retrouver le nom, trop compliqué).
Sinon j'ai vu des films..the Last King of Scotland... J'en suis sortie avec un mal de tête phénoménal, tellement j'étais choquée, mais c'est un film extraordinaire.
Bon vraiment j'y vais, je ne veux pas rater mon avion !!

Sunday, February 11, 2007

Beaucoup de mots, pas de photos...

Après une longue semaine où j'ai dû écrire deux papiers (une lecture théorique du problème des réfugiés, pour laquelle j'ai pas mal péché dans mon mémoire sur Arendt, et un papier sur la notion de souveraineté que j'ai choisi d'examiner à travers la question des lois françaises sur l'immigration, histoire d'utiliser ce terrain que j'ai fait à la pref de Bobigny - d'ailleurs Vincent, si tu lis ça, j'aimerais bien des nouvelles du séminaire !), après tout cela donc, à quoi s'ajoutaient des montagnes de copies de français, il me fallait prendre l'air et tenter un peu de me racheter de ma coupable contribution à la déforestation de la planète. Je suis donc retournée à Colman Park (cf "Martin Luther King Day") planter des arbres. Il faisait très beau, la compagnie des volontaires était sympathique, même si beaucoup n'étaient pas si volontaires que ça car les universités et certains lycées imposent un nombre d'heures minimum de "service dans la communauté" pour valider un cursus d'études. Donc ils traînaient un peu de la pelle en attendant que ça se finisse... Mais avec le soleil printanier se reflétant sur le lac et la bonne odeur d'humus, c'était pour moi un moment incroyablement bénéfique. En revenant, j'ai rencontré Ail, un Africain-Américain la cinquantaine très joviale qui m'a fait la conversation pendant tout le trajet de bus (presque une heure), m'expliquant la gentrification de Seattle, sa vie comme boucher syndiqué à San Francisco, les problèmes raciaux aux Etats-Unis, son expérience du Viet-Nam, la guerre en Iraq avec l'argent de laquelle on ferait mieux de financer un système d'assurance-maladie pour les vieux (les assurances privées coûtent en moyenne 300 à 400 $ par mois quand on a plus de 65 ans)... Notre périple nous a menés au centre-ville, nous nous sommes séparés devant le marché, du coup j'en ai profité pour aller me chercher un maquereau, chez le poissonnier le plus fameux de Seattle - connu non seulement pour la fraîcheur de la marchandise, mais aussi pour l'attraction touristique du "lancer de poisson": on demande un poisson à l'étalage, un des poissonniers vous demande comment on doit le préparer (vider? laisser la tête?) puis le balance à l'autre bout du stand en criant " One mackerel Clean it !Leave the head !" en rythme repris par les cinq ou six autres poissonniers, en choeur, et sur fonds de cris des touristes qui se trouvent sous la trajectoire du poisson. La prochaine fois j'essaierai de vous faire une vidéo, je ne suis pas sûre que vous saisissiez le côté spectaculaire de la chose avec mes descriptions approximatives.
Donc le poisson, c'était pour faire la cuisine à ma copine Amal, qui me fait toujours des plats palestiniens et à qui je voulais cuisiner un truc un peu français (mais sans porc et sans alcool).
Le soir, je suis allée avec un groupe d'amis TA de français et d'espagnol voir "Les Monologues du Vagin", une pièce de Eve Ensler qui a eu un succès international, j'ai longtemps hésité à y aller en France, j'en avais toujours entendu beaucoup de bien mais je ne savais pas trop... j'ai trouvé ça génial ! Des choses graves parfois mais surtout beaucoup d'humour, j'ai beaucoup ri, entre les différentes catégories de gémissements pendant l'amour et les récits de visites chez le gynéco, bref je n'en dis pas plus, c'est un truc de fille aussi parce que les mecs qui sont venus n'ont pour en majorité pas beaucoup aimé, l'un a trouvé ça perturbant, un autre a trouvé ça chiant... Mais à toutes les femmes qui lisent ce blog je vous conseille vivement d'aller voir cette pièce! (http://au-theatre.com/bdd/PageT/monologue.html)
On a fini la soirée dans un club hip-hop qui organise 2 fois par mois une soirée indienne, avec tous les indiens (d'Inde) de Seattle, une ambiance folle de hits américains remixés à la sauce indienne (vous connaissez la chanson K2R à Bombay ? voilà, c'est le genre...).
Le lendemain dimanche il fallait bien que je travaille un peu, je suis allée bouquiner dans mon café préféré hippie-artiste 'Wannabee". Puis je me suis retrouvée, par d'heureuses rencontres, dans un resto érythréen à manger de l'injira en écoutant un Américain du Ghana jouer de la kora...
Bref c'était un week-end assez éclectique, je me suis efforcée de faire plein de choses pour pouvoir nourrir ce blog qui, je le constate avec plaisir, est lu assidûment par certains d'entre vous ! n'hésitez pas d'ailleurs à laisser vos commentaires...

Sunday, February 04, 2007

Des centimes et des millions

Week-end studieux après une longue semaine... J'ai bien peu de choses touristiques à raconter, sinon peut-être cet escapade dans une grande librairie du centre-ville qui m'a donné matière à m'occuper par la suite. Donc commençons par là.
Vendredi soir je suis allée avec ma copine Amel dans une grande librairie toute en boiserie, Elliott Bay, endroit magique et ruineux, comme toute librairie agréable pour les amateurs de livres. J'ai acheté quelques livres pas très joyeux mais très intéressants, dont "Nickel and Dimed", une enquête sur les travailleurs pauvres aux Etats-Unis, un livre sorti en 2001 qui a eu beaucoup de succès et qui devrait être lu de manière plus large. C'est une essayiste, Barbara Ehrenreich, qui s'est lancée dans l'expérience de tenter de vivre, comme près de 30% des travailleurs américains, avec un salaire inférieur à 8$ de l'heure. - (pour avoir une idée du coût de la vie, considérez juste que les dollars équivalent aux euros. L'Amérique pas chère, c'est un mythe entretenu par les hamburgers à 1$, mais entre nous je ne sais pas trop avec quoi ils sont faits car acheter au supermarché la viande pour faire le hamburger ça coûte déjà plus de 1$...) - Serveuse en Floride, femme de ménage dans le Maine, vendeuse dans le Minnesota. On traverse l'Amérique des odeurs de graisse, du mal de dos et des pauses-pipi minutées. On recense un catalogue impressionnant de trucs répugnants entre les conditions de travail et les conditions de logement. Mais outre cet aspect exotique pour une étudiante qui vit bien dans son petit bureau, sa petite chambre et la grande bibliothèque moltonnée de moquette, "Nickel and Dimed" c'est une livre à suspens, on reste accroché jusqu'à la résolution du mystère: avec 7$ de l'heure chez Wal-Mart, comment va-t-elle payer les 56$ d'hotel par jour dans Minneapolis (où il est impossible de se loger pour moins cher) tout en gardant de quoi manger ? Au risque de dévoiler la résolution de l'intrigue, je vous dis tout de suite qu'elle n'y arrive pas, d'où l'on voit que même en travaillant 10h par jour 7 jours sur 7 elle se retrouve à aller frapper à la porte des organisations de charité et autres oeuvres philanthropiques qui ont remplacé un Etat d'autant plus absent depuis les réformes de l'aide sociale dans les années 1990. La journaliste abandonne quand elle se rend compte qu'elle dépense plus en logement qu'elle ne gagne à son travail... elle se dit que finalement elle ne va pas payer pour travailler à Wal-Mart !
Bref ce livre (qui est traduit en français sous le titre de l'Amérique Pauvre) m'a pas mal occupé l'esprit... Et par dessus cela j'ai ajouté un documentaire sur Enron, recommandé pour un cours de sciences politiques. Je n'avais pas vraiment compris le scandale d'Enron quand c'est arrivé, je ne connaissais pas la compagnie, j'avais juste compris qu'ils avaient falsifié leurs comptes et s'étaient effondrés en bourse... En fait c'est une affaire énorme car Enron était le premier courtier en énergie, et la firme était passée au main de ses boursicoteurs depuis plusieurs années, avait inventé la notion de "revenu hypothétique anticipé" pour investir de l'argent qu'elle n'avait pas, voyait toutes ses manoeuvres couvertes par les comptables (Arthur Anderson notamment) et les banques, et surtout se servait d'incroyables complicités politiques pour faire augmenter les prix de l'énergie: vous vous souvenez des coupures de courant en Californie, qu'on trouvait étranges dans un Etat si riche ? C'était Enron ! Le documentaire ne s'attarde pas trop sur les complicités de la famille Bush, que des présomptions peut-être, mais les documents montrant comment les courtiers d'Enron ont organisé la pénurie d'électricité en Californie sont impressionnants. Je vous invite à le visionner le passage (pour les anglophones only, sorry), et à le faire circuler auprès de ceux qui voudraient déréguler le marché de l'énergie... Le documentaire vaut la peine d'être regardé en entier ( http://video.google.com/videoplay?docid=-6156657092799332311 )

Bon je ferais mieux la semaine prochaine en termes de week-end, promis. Mais le temps était un peu pourri ce week-end, tout le monde est plus ou moins enrhumé à cause des redoux et des re-froids. Et puis il faut bien que je vous fasse partager mon indignation, surtout que tout ça menace de nous arriver droit dessus avec le mois de mai et un certain étalon admirateur invétéré du système américain dans toute sa splendeur...

Sunday, January 21, 2007

Entre l'Iraq, la Palestine et l'Algérie....

Quel rapport avec mes pérégrinations américaines ? Bon l'Iraq, c'est assez évident. Je vous renvoie aux posts précédents, en fait je n'ai pas grand chose à ajouter sinon que l'on voit de plus en plus dans des journaux des tableaux comparant le coût de la guerre en Iraq à ce que coûterait par exemple le financement d'une assurance maladie universelle pour les Américains... La Palestine, c'est qu'avec mon amie prof d'arabe (on dit TA= Teaching Assistant) j'écume les cercles activistes des médias alternatifs qui s'efforcent de contrer un peu la propagande hyper-pro-israélienne des Etats-Unis; j'ai vu un documentaire poignant sur la colonisation de la Cisjordanie samedi, dans une petite église d'une petite ville de la grande banlieue de Seattle (ce sont les églises qui forment le coeur du tissu associatif des Etats-Unis, et elles prêtent leurs locaux à tout plein d'associations en tout genre). C'était poignant non pas par dramatisation du malheur palestinien (bon à la limite on n'a pas besoin des violons pour dramatiser, la situation est déjà tellement terrible en elle-même), mais par la sécheresse des cartes. L'argument du film, appuyé par des universitaires israéliens et des associations pacifistes (La Paix Maintenant) était que le Mur n'avait pas de visée sécuritaire mais au contraire une visée d'expansion du territoire israélien. En effet, plus de 40% de la Cisjordanie se trouve du côté "israélien" du Mur.... Le documentaire expliquait comment, juste après Oslo (ironie de l'histoire, vraiment?) le nombre de colonies et de colons en Cisjordanie s'était dramatiquement accru, créant un système d'apartheid très élaboré, fait de clôtures, de zones interdites, de routes réservées et de couvres-feu. La situation d'Hébron, qui conaît justement ces derniers jours une tension particulièrement vive, relève complètement d'un autre temps: ville arabe d'environ 150 000 habitants, Hébron a été colonisée par une poignée d'extrémistes (environ 400) qui se sont installés en centre ville et, avec l'appui de l'armée, ont imposé leur ordre dans la ville: couvre-feu quasi-permanent, rues interdites aux arabes, expropriations... Le directeur du Mémorial Yad Vashem, sans utiliser le mot de pogrom, dénonce des agissements qui rappellent les persécutions antisémites de l'Europe d'avant guerre (http://www.haaretz.com/hasen/pages/ShArtVty.jhtml?sw=hebron&itemNo=815603). Bref, arrêtons là, c'est décidément un conflit sans fin.
Quant à l'Algérie, je redécouvre sa période noire à travers le très beau roman de Boualem Sansal "Harraga", qui raconte l'histoire de deux femmes dans Alger, deux femmes face à la corruption d'un système aussi croulant que cruel et face à l'islamisme aussi obscurantiste que sanglant. L'une, une vieille fille solitaire, se réfugie dans ses rêves et les fantômes de sa maison, l'autre, une jeune fille exubérante qui a fait irruption dans cette maison, court après on ne sait quelle passion, dans un tourbillon de parfums et de folie que sa grossesse scandaleuse ne ralentit pas... Bref, c'est un roman que je vous recommande, écrit avec une verve joyeuse et caustique à la fois, qui finalement ressemble beaucoup à cette voix de l'Algérie qui souffre de ses victimes, râle contre ses tyrans, mais en rit en même temps. Allez, un peu d'espoir, je crois à la rédemption du monde arabe par la littérature, il faut bien croire à quelque chose...
Pour ne pas décevoir ceux qui lisent mon blog à la recherche de mes aventures touristiques, voici ma découverte d'hier: en me promenant sur la jetée de Seattle (Waterfront), je suis entrée un peu par hasard dans un magasin de souvenir, qui se présentait comme un magasin de curiosité. Entre les tasses à café thermos (hyper à la mode), les petits bibelots à la noix, les haricots sauteurs (un truc mexicain bizarre: c'est un haricot qui gigote; en fait la vendeuse m'a dit c'est parce qu'il y a des larves de mite dedans. Du coup la chose a perdu de son charme, et je me suis dit que j'allais éviter d'en ramener à Pantin, parce que si ces mites mexicaines s'accouplent avec les mites du placard à mouloukhia, alors on n'en a pas fini avec les invasions !!), donc entre tous ces trucs bizarres pour touristes, comprenant aussi bien des trucs" locaux" que des machins exotiques (genre les dents de requins fossilisés trouvés au Maroc...??), j'ai trouvé, au fond du magasin, deux momies, momies d'explorateurs morts dans je ne sais quel désert au Mexique, pas mangés par les mites des haricots sauteurs, et qui sont arrivés dans ce magasin par je ne sais quel miracle; elles sont exposées dans des vitrines de verre, seules les cartes postales sont à vendre, les momies sont des pièces de musée... Et à côté, un buste de femme Jivaro, mais là vraiment j'ai du mal à croire que c'était un vrai. En tous cas c'était terrifiant. Je suis vite sortie respirer l'air frais du port...