Sunday, April 22, 2007

En vrac: pow wow, brunch électoral et Dome de l'Huitre


Commençons donc par la semaine dernière: je suis allée voir le "Pow-wow" organisé par la Native American Association de l'Université sur le campus. C'était intéressant mais décevant à la fois. Intéressant de voir des Indiens avec de beaux costumes de plumes danser en rythme et chanter des chants de victoire. Les instructions étaient données par un speaker obèse qui jouait les animateurs de foire. Les spectateurs, clairsemés, étaient presque tous aussi des gens obèses qui regardaient nonchalamment le spectacle en sirotant leur coca-cola, avant de retourner chez eux (dans une réserve-casino?) avec leur grosse 4x4. Inutile de dire que pour moi le mythe des Indiens indissolublement liés à Mère Nature s'est brutalement effondré. Je m'attendais à ce que ce pow-wow ait une certaine dimension politique, compte-tenu notamment des contentieux qui opposent les tribus indiennes et les autorités locales, en particulier concernant la propriété du terrain de l'université... Je n'ai pas suivi toute la "cérémonie", certe, mais celle-ci m'a laissé l'impression amère d'une attraction mi-touristique, mi-narcissique, cherchant à ressusciter avec des plumes en synthétique et des habits fluos des traditions éteintes depuis un bout de temps déjà... Certes les enfants étaient mignons avec toutes leurs plumes mais pas très convaincants finalement...
Je suis ensuite retournée à mes livres, ce que je vous épargnerai. J'ai fait d'autres choses importantes au cours de la semaine... j'ai obtenu un moyen de rester l'an prochain en continuant d'enseigner le français. Donc je l'annonce solennellement ici : je ne rentre pas l'année prochaine, mais vous pourrez me voir en juillet !
Autres démarches importantes que j'ai accomplies cette semaine: trouver une salle dans l'université pour se réunir entre Français et regarder les résultats des élections ! Impossible: ils voulaient nous faire payer 100 $, même si on disait qu'on était étudiants et que c'était éducatif ! Heureusement un des TA du département de français avait TV5 chez lui du coup il a invité tous les français de l'université et on s'est retrouvés pour un "brunch électoral" chez lui, à 10h du matin, avec jus d'orange et gateau au chocolat pour faire patienter. C'était super, je n'avais jamais passé une telle "soirée" électorale ! Il faut dire qu'on était assez nombreux, une vingtaine, et chacun y allait de son commentaire, pour déplorer l'habileté rhétorique de Sarko (il parle bien le vilain) ou la nulleté de Ségo : mais enfin pourquoi elle est coincée comme ça ? allez, remue-toi un peu ! - nous avons tous souri quand elle a dit qu'elle ressentait de la joie (j'avais pour ma part parié sur le "bonheur intense") et applaudi quand elle a dit qu'elle était une femme libre. On va quand même tous voter pour elle. Puis on s'est quittés pas très optimistes sur la suite mais en se promettant encore plus de crêpes au nutella pour le second tour...

Pour la santé j'ai aussi fait une très belle randonnée samedi au Oyster Dome, le Dome de l'Huître, ne me demandez pas pourquoi ça s'appelle comme ça je sais seulement que c'est une région où on fait de l'ostréiculture (ou alors de l'élevage de moules mais je ne sais plus comment on écrit ça!). C'était magnifique mais j'ai les jambes en compote... Dire que lundi j'ai un cours de bangra dance ! - pour les non-initié, c'est en gros une version indienne (de l'Inde) de l'aérobic... Je vous laisse sur cette impression d'une vie particulièrement saine et sportive, je vous raconterai la prison la prochaine fois...

Saturday, April 14, 2007

Voter Bayrou ?

Je me décide à mettre un peu de politique sur mon blog, parce que les enjeux sont importants… et c’est l’occasion, pour ceux qui ne le savaient pas encore, de faire mon coming out bayrouiste… Eh oui, j’ai pris ma carte du PS il y a tout juste un an, pour pouvoir choisir les candidats. Ségolène Royal m’irritait un peu et puis je me suis dit que quand même elle avait des chances de rassembler autour d’un projet de gauche – et de son sourire. Puis à force de contradictions, de discours ambigus, de propositions soit irréalistes (notamment en termes budgétaires) soit complètement en décalage avec les valeurs de la gauche (mais d’où a-t-elle sorti son discours sur l’identité nationale ?), le projet socialiste s’est effacé et n’est resté que son sourire. Un peu coincé. Femme et mère de famille. Est-ce vraiment un projet politique ?
Alors je me suis intéressée un peu plus à Bayrou. Son discours clair et réaliste m’avait déjà beaucoup intéressée en 2002, j’avais failli voter pour lui et je m’étais finalement rabattue sur Jospin en faisant le calcul que si mes parents, traditionnellement socialistes, votaient pour les Verts au premier tour, il fallait bien que quelqu'un vote Jospin ne serait-ce que pour qu’il passe au second tour.
Je ne veux pas faire ce calcul maintenant. Parce que je pense que Ségolène Royal n’a aucune chance au second tour face à Nicolas Sarkozy, et que Bayrou au contraire est capable de rassembler, par son discours d’ouverture, et le centre démocrate, et la gauche socialiste. Il y a un réel danger de retrouver Le Pen et Sarkozy au second tour. Je crois que ce serait très dangereux pour la France. C’était douloureux déjà en 2002 pour les gens de gauche de voter Chirac, mais ce sera encore pire de devoir voter Sarkozy. Parce que Chirac conservait au moins un peu de la tradition gaulliste qui permettait d’avoir un certain terrain d’entente avec la gauche social-démocrate (quoiqu’on dise de son bilan en définitive). Sarkozy au contraire a pour modèle la droite américaine, aussi bien au niveau de ses propositions économiques que de son discours nationaliste. Je me souviens avoir souvent dénoncé ceux qui l’accusaient d’être un dangereux fasciste, en disant que je n’étais pas d’accord avec ses idées mais qu’il n’en restait pas moins un démocrate. Je ne peux plus tenir ce discours maintenant. Sarkozy a ouvertement recours aux thèmes de l’extrême-droite, il a un discours diviseur et extrêmement autoritaire que je trouve dangereux. Quelqu’un qui dit à un ministre de son gouvernement qu’il va lui « casser la gueule » n’est pas fréquentable en politique (voir l’affaire Azouz Begag).
Le paysage politique français est en cours de recomposition, je ne suis pas la seule à faire cette analyse. Il y a ceux qui acceptent pleinement les évolutions néolibérales à l’américaines (type Sarkozy), ceux qui les refusent radicalement au point de dénoncer tous les aspects de la mondialisation et l’Europe avec (l’extrême-gauche), et ceux qui dans la tradition social-démocrate tentent d’encadrer les évolutions économiques par des institutions démocratiques capables de rétablir un ordre social plus juste. Il y a ceux pour qui la politique est l’organisation de la compétition, ceux pour qui la politique est l’interdiction de la compétition et ceux pour qui la politique doit être l’aménagement d’un vivre-ensemble.
Je pense que Bayrou est capable de porter ce projet. D’accord il a l’air stupide dans les Guignols de l’Info. Mais justement, n’est-il pas intéressant qu’il soit extrêmement convaincant dans son discours sans être séduisant ? qu’il convainque parce que ses propos font appel au bon sens plutôt qu’aux passions démagogiques et à la victimisation ?
Le PS pour ne pas avoir à contredire Bayrou sur des propositions qui sont proches de celles des socialistes se contente de dire que le candidat centriste n’a pas de programme. C’est un peu léger comme contre-argumentation. Les 100 propositions de Ségolène Royal étalées dans un discours-fleuve sans organisation ne serait-ce que rhétoriques constituent-elles un programme ?
En adhérant au PS l’an dernier j’ai voté pour un projet socialiste que, curieusement, je ne retrouve pas dans le programme de la candidate – qui dit une chose un jour et le contraire le lendemain, et qui ne se sent responsable devant personne puisque de toutes façons « elle ne doit rien à personne » (pourquoi être la candidate d’un parti dans ce cas ?). Les propositions qui me tenaient le plus à cœur, je les retrouve dans le programme de Bayrou : l'environnement, l’investissement dans la recherche, la lutte contre la précarité, la réforme des institutions publiques. Sur le plan de la sécurité, il propose un programme de lutte contre la délinquance qui n’est ni « tout répressif » ni « tout social » et surtout qui prend acte de l’importance d’une réforme du système pénitentiaire.
J’ai trouvé aussi dans le programme de Bayrou un autre thème crucial dont je n’ai perçu l’importance que récemment : la réduction de la dette, problème pour lequel il est le seul à proposer des solutions concrètes.
Enfin, un thème fondamental, qu’il est le seul à prendre en compte sérieusement : l’Europe, qui a mystérieusement disparu de la campagne, comme si on s'occupait de changer les sièges de la voiture sans prendre le temps de regarder si le moteur fonctionnait toujours.
Je ne vais pas continuer plus longtemps, ceux qui pensent que les enjeux sont assez importants pour qu’on s’y intéresse peuvent aller voir le site du candidat (www.bayrou.fr ).

Saturday, April 07, 2007

Visite en prison

A part admirer les cerisiers en fleur (qui fânent déjà malheureusement), je me suis aussi remise à travailler... J'enseigne le niveau intermédiaire 2, c'est-à-dire la suite de ce que j'enseignais au trimestre précédent. Et je prends deux cours avec les professeurs que j'adore, Arzoo Osanloo et Lorna Rhodes - La première enseigne l'anthropologie du droit, un cours assez theorique mais très stimulant sur le processus de formation des lois, comment tel type de législation s'inscrit dans tel type d' organisation sociale et économique - Arzoo Osanloo est juriste de formation et s' est mise à l'anthropologie après avoir exercé comme avocate pour les demandeurs d' asile; elle a aussi écrit sur le système légal iranien, qui tient autant de l'Etat islamique que de la République.
Lorna Rhodes qui travaille sur les prisons et la santé mentale avait déjà enseigné un cours sur les prisons américaines au premier trimestre. Maintenant c' est un cours de " service learning", ce qui signifie que les élèves doivent remplir un certain nombre d' heures de volontariat.. dans les prisons: centres de détention pour mineurs, prisons ou pénitenciers - grâce à ses relations dans le pénitencier d'Etat de Monroe (environ 45mn de Seattle) j'ai pu, avec une autre étudiante, accéder à cet endroit que je me représente comme l'envers de la société américaine. Les Etats-Unis sont le pays qui a la plus grande proportion de sa population nationale en prison: 2,3 millions de prisonniers! Seule la Chine, avec ses statistiques floues, pourrait rivaliser avec cela !
Je suis allée à Monroe pour la première fois jeudi dernier. Juste pour l'orientation (consignes de sécurité et visite de la prison). Nous avons été affectées à l'unité pour les "Special Offenders" - "speciaux" en ce qu'il s'agit de malades mentaux. J' avais un peu des craintes tout de même... aller dans une prison de longues peines où sont enfermés des gens psychiatriquement très perturbés.. Mais le premier contact s'est très bien passé. La responsable de la Special Offender Unit est une spécialiste de la santé mentale et son unité est une sorte d' hôpital psychiatrique à l'intérieur de la prison. Il y a différent niveaux de sécurité, selon que les prisonniers sont jugés plus ou moins dangereux. Nous serons affectées aux sections des détenus ne présentant pas de danger particulier - ce sont ces sections que nous avons visitées, je crois que nous ne verrons pas les autres.
Jeudi était un jour de grand soleil, et Monroe se trouve au pied de grandes montagnes (c'est sur le chemin des stations de ski...) - la prison m'a paru belle, loin des descriptions horribles que les autres étudiants avaient faites des centres de détention pour mineurs. Le bâtiment principale s'appelle "réformatoire" : c'est une belle bâtisse du début du siècle (je devrais dire XXe, mais bon ca parait encore assez evident...), avec des colonnes grecques sur la facade, ce pourrait aussi bien être un musée ! L'intérieur est bien moins joyeux, évidemment. Mais très propre. La "Special Offender Unit" est toute neuve, construite au début de ce siècle. Les sections que j'ai visitées ressemblaient un peu à des maisons de retraite: en fait l' architecture intérieure est comme dans Oz (c' est une série américaine sur les prisons, si vous ne connaissez pas je ne vous conseille pas de regarder parce que vous allez avoir peur pour moi, c'est hyper violent!), une grande salle commune entourée des cellules à l' étage. Les détenus passent la journée à jouer au scrabble ou regarder la télé. Et il y a des programmes de réhabilitation et d'aide psychologique, c'est ce à quoi nous allons participer. Il s'agit principalement de groupes de discussion mais j'en saurai plus la semaine pochaine. Un autre programme de la prison a été mis en place avec une association locale de type SPA qui recueille des chatons abandonnés: les prisonniers ui participent à ce programme ont la responsabilité de s'occuper d' un petit chat, de lui apprendre à être propre et à ne pas avoir peur des hommes, pour que les petits chats puissent être adoptés après. Ce fut mon premier contact avec des prisonniers, autour d' un chaton de quelques semaines, pour qui ils montraient tant de tendresse et d'affection que c'en était touchant. La responsable de l'unité est très contente de ce programme et dit que pour certains détenus, c'est la première occasion qu'ils ont de ressentir de l'empathie.

Monday, April 02, 2007

Dévaler les pistes



Je suis allée skier ce dimanche ! grand événement: la dernière fois que j'ai skié, j'avais 12 ans et c'était en classe de neige. A ma grande surprise je tiens sur des skis, et je dévale avec confiance la piste "beginner", grâce aux instructions de mon moniteur personnel qui vient de Park city, Utah, la ville des jeux olympiques alors c'est un champion... Moi je n'en suis pas là, mais j'ai quand même osé la piste bleue, c'est un peu plus dur mais c'est tellement beau ! Et je ne suis tombée que 3 fois, sur la piste difficile !

Stevens Pass, la station de ski, à 1h30-2H de route depuis Seattle, a l'air d'un autre monde: il faut traverser les campagnes aux maisons un peu glauques (vous connaissez un peu l'atmosphère des romans de Faulkner) mais aux paysages magnifiques, puis on arrive dans les montagnes, soudain tout enneigées alors que la ville met déjà ses habits de printemps...
Je retourne à mes cours de français, toute courbaturée....