Sunday, January 21, 2007

Entre l'Iraq, la Palestine et l'Algérie....

Quel rapport avec mes pérégrinations américaines ? Bon l'Iraq, c'est assez évident. Je vous renvoie aux posts précédents, en fait je n'ai pas grand chose à ajouter sinon que l'on voit de plus en plus dans des journaux des tableaux comparant le coût de la guerre en Iraq à ce que coûterait par exemple le financement d'une assurance maladie universelle pour les Américains... La Palestine, c'est qu'avec mon amie prof d'arabe (on dit TA= Teaching Assistant) j'écume les cercles activistes des médias alternatifs qui s'efforcent de contrer un peu la propagande hyper-pro-israélienne des Etats-Unis; j'ai vu un documentaire poignant sur la colonisation de la Cisjordanie samedi, dans une petite église d'une petite ville de la grande banlieue de Seattle (ce sont les églises qui forment le coeur du tissu associatif des Etats-Unis, et elles prêtent leurs locaux à tout plein d'associations en tout genre). C'était poignant non pas par dramatisation du malheur palestinien (bon à la limite on n'a pas besoin des violons pour dramatiser, la situation est déjà tellement terrible en elle-même), mais par la sécheresse des cartes. L'argument du film, appuyé par des universitaires israéliens et des associations pacifistes (La Paix Maintenant) était que le Mur n'avait pas de visée sécuritaire mais au contraire une visée d'expansion du territoire israélien. En effet, plus de 40% de la Cisjordanie se trouve du côté "israélien" du Mur.... Le documentaire expliquait comment, juste après Oslo (ironie de l'histoire, vraiment?) le nombre de colonies et de colons en Cisjordanie s'était dramatiquement accru, créant un système d'apartheid très élaboré, fait de clôtures, de zones interdites, de routes réservées et de couvres-feu. La situation d'Hébron, qui conaît justement ces derniers jours une tension particulièrement vive, relève complètement d'un autre temps: ville arabe d'environ 150 000 habitants, Hébron a été colonisée par une poignée d'extrémistes (environ 400) qui se sont installés en centre ville et, avec l'appui de l'armée, ont imposé leur ordre dans la ville: couvre-feu quasi-permanent, rues interdites aux arabes, expropriations... Le directeur du Mémorial Yad Vashem, sans utiliser le mot de pogrom, dénonce des agissements qui rappellent les persécutions antisémites de l'Europe d'avant guerre (http://www.haaretz.com/hasen/pages/ShArtVty.jhtml?sw=hebron&itemNo=815603). Bref, arrêtons là, c'est décidément un conflit sans fin.
Quant à l'Algérie, je redécouvre sa période noire à travers le très beau roman de Boualem Sansal "Harraga", qui raconte l'histoire de deux femmes dans Alger, deux femmes face à la corruption d'un système aussi croulant que cruel et face à l'islamisme aussi obscurantiste que sanglant. L'une, une vieille fille solitaire, se réfugie dans ses rêves et les fantômes de sa maison, l'autre, une jeune fille exubérante qui a fait irruption dans cette maison, court après on ne sait quelle passion, dans un tourbillon de parfums et de folie que sa grossesse scandaleuse ne ralentit pas... Bref, c'est un roman que je vous recommande, écrit avec une verve joyeuse et caustique à la fois, qui finalement ressemble beaucoup à cette voix de l'Algérie qui souffre de ses victimes, râle contre ses tyrans, mais en rit en même temps. Allez, un peu d'espoir, je crois à la rédemption du monde arabe par la littérature, il faut bien croire à quelque chose...
Pour ne pas décevoir ceux qui lisent mon blog à la recherche de mes aventures touristiques, voici ma découverte d'hier: en me promenant sur la jetée de Seattle (Waterfront), je suis entrée un peu par hasard dans un magasin de souvenir, qui se présentait comme un magasin de curiosité. Entre les tasses à café thermos (hyper à la mode), les petits bibelots à la noix, les haricots sauteurs (un truc mexicain bizarre: c'est un haricot qui gigote; en fait la vendeuse m'a dit c'est parce qu'il y a des larves de mite dedans. Du coup la chose a perdu de son charme, et je me suis dit que j'allais éviter d'en ramener à Pantin, parce que si ces mites mexicaines s'accouplent avec les mites du placard à mouloukhia, alors on n'en a pas fini avec les invasions !!), donc entre tous ces trucs bizarres pour touristes, comprenant aussi bien des trucs" locaux" que des machins exotiques (genre les dents de requins fossilisés trouvés au Maroc...??), j'ai trouvé, au fond du magasin, deux momies, momies d'explorateurs morts dans je ne sais quel désert au Mexique, pas mangés par les mites des haricots sauteurs, et qui sont arrivés dans ce magasin par je ne sais quel miracle; elles sont exposées dans des vitrines de verre, seules les cartes postales sont à vendre, les momies sont des pièces de musée... Et à côté, un buste de femme Jivaro, mais là vraiment j'ai du mal à croire que c'était un vrai. En tous cas c'était terrifiant. Je suis vite sortie respirer l'air frais du port...

Tuesday, January 16, 2007

La preuve par l'image (tongues, 3e épisode)


Bon, beaucoup d'entre vous étaient sceptiques... vraiment? ils sont en tongues même quand il pleut et qu'il fait super froid ? alors aujourd'hui, comme il neige depuis 4 jours et qu'il fait environs 0,5 degrés celsius, j'ai pris mon appareil photo, et voilà la preuve. Tu vois Maman que j'exagère pas !

L'image n'est pas très nette en zoom mais ça vaut la peine parce que vous voyez les tas de neige sur l'esplanade dégagée par les agents de l'université...

Monday, January 15, 2007

Back in Seattle



De retour à Seattle.. je n'ai pas beaucoup écrit depuis, vous pourrez croire que mes vacances à New York m'inspiraient davantage que ma vie à Seattle, mais c'est surtout que j'ai beaucoup de travail ici, entre mes cours à préparer (j'enseigne un autre niveau, une autre classe, donc il faut tout recommencer... Je leur montre "La vie est un long fleuve tranquille" en ce moment) et les cours que je suis (un cours de droit- anthropologie sur les réfugiés, un cours de sciences politiques sur le droit international avec un prof israélien qui a un accent à couper à la tronçonneuse, c'est marrant, et un cours de littérature sur les écrivains francophones du Maghreb, histoire de lire un peu des romans et de trouver des matériaux pour mes cours !)... J'ai aussi emménagé dans une nouvelle maison, plus près de l'université (cf photo).


Mais Seattle est aussi en soi une ville inspirante... elle me donne davantage envie de peindre que d'écrire d'ailleurs... peindre cette lumière de cristal humide quand le soleil se lève sur les cimes enneigées...




Aujourd'hui, c'était le Martin Luther King Day, un jour de congé pour lequel l'université proposait de participer à différentes activités de volontariat. Je me suis inscrite dans un groupe pour entretenir une forêt sur les rives du Lac Washington, à Seattle, un peu au sud de l'université, donc j'ai planté des arbres dans le froid et dans la boue toute la journée, je suis super contente !
Je suis aussi allée voir, mi par militantisme mi par curiosité, une manif contre la guerre en Iraq, la semaine dernière. C'était une petite manifestation d'une poignée d'opposants irréductibles qui se réunissent au bord d'une route chaque samedi, brandissant des pancartes contre la guerre et lisant les noms des soldats américains morts dans les opérations militaires. Les voitures qui passent klaxonnent en signe de soutien, ou les insultent parfois, mais ne s'arrêtent pas. Je suis allée là bas avec trois amis arabes (deux tunisiens et une palestinienne) et nous avons lu aussi les noms des civils iraqiens morts lors de la guerre, soit au cours des opérations militaires américaines (les noms des habitants de Fallouja s'égrénaient interminablement sur des pages et des pages), soit au cours d'attentats (comme celui qui a visé le bâtiment de l'ONU), soit au cours d'affrontements communautaires - les victimes sont parfois identifiés simplement par un membre de la famille (femme d'Ali, fils de Tareq), soit complètement anonymes (un bébé, une vieille femme). Nous n'avons lu que quelques centaines de noms sur les 650 000 morts dénombrés jusqu'à présent. Mais mettre un nom sur les statistiques donne une tout autre dimension au conflit. Il en va de même pour les soldats américains, si jeunes (la plupart ont mins de 22 ans), beaucoup de Latinos.
On me demande souvent depuis la France si les choses bougent aux Etats-Unis. Pour être honnête, je vous répondrai que pas trop. Un nouveau Congrès a été élu mais 1/ il n'a pas une majorité très forte, 2/ il a peu de pouvoir, et le seul moyen qu'il a d'entraver la guerre est de couper les budgets militaires, ce qui selon les analystes politiques serait un suicide politique pour les démocrates car l'opinion publique les percevrait alors comme des saboteurs de l'armée.
Enfin, trève de politique, c'est la neige qui passionne ici, la neige qui fait une saison de ski merveilleuse à Seattle (il faudra vraiment que j'aille sur les pistes), la neige qui a submergé le Colorado et menace le bétail élevé en plein air (des centaines de bêtes seraient déjà mortes, il paraît qu'on ravitaille les survivantes par hélico), la neige qui ne tombe pas sur la Côte Est où il fait anormalement doux (les arbres bourgeonnent à New York!)...

Wednesday, January 03, 2007

Happy New Year !

Bonne année - bonne santé - du bon vin pour toute l'année ! je vous envoie mes meilleurs voeux depuis New-York, où la nouvelle année commence dans la grisaille... j'ai un peu raté la folie new-yorkaise pour le réveillon d'hier, il faut dire que pour avoir une place à Time Square, assister aux concerts, au décompte et au feu d'artifice, il fallait arriver à midi... et à cette heure là Damien et moi sortions de la messe à Harlem (eh oui, encore) et nous dirigions vers un monastère du moyen-âge perché sur les rives de l'Hudson - encore tout étourdis par le sermon de Jesse Jackson que nous venions d'entendre, et par l'apparition surprise de Kofi Annan dans l'église d'Harlem...

Le "cloister" (cloître) est une petite église romane reconstituée à partir d'arches, voûtes, colonnes, cloîtres complets, portails, d'églises et monastère pour la plupart abandonnés après la révolution française. L'ensemble architectural est d'une grande beauté, et abrite une partie des collections médiévales du Metropolitan Museum - d'ailleurs, à propos de ce musée, de ses merveilles et des rencontres inattendues qu'on peut faire à New York - Nombril du Monde, j'ai vu Mitterrand dans une des salles d'arts asiatiques... et puis le Sacre de Georges Washington Guidant le Peuple (ce n'est pas le titre officiel mais vous voyez à quoi je fais référence... ).




Sur ces propos décousus, je vous souhaite une très bonne année. Je triche un peu, parce que j'ai écrit le début de ce message à NY, mais je le finis de Seattle où je suis rentrée hier. J'ai repris les cours aujourd'hui... je pense que mes messages vont s'espacer un peu... J'ai une nouvelle maison, donc une nouvelle adresse:

5249, 17th Avenue NE
Seattle 98105 WA
USA
C'est très sympa, je suis contente. Mais je n'ai pas de téléphone... de toutes façons je reste sur skype !
Bisous à tous