Tuesday, June 26, 2007

6- ebauche de Crater Lake - et la suite


Apres toute cette route dans le nord de la Californie, nous sommes enfin arrives en Oregon, fatigues comme les pionniers, et surpris, comme eux, de la beaute des paysages. Nous n'avons pas trouve d'or mais un Cratere gele couleur lapis-lazuli, encore borde de neige... C'est le lac le plus profond des Etats-Unis, dans un cratere de 10km (?) de diametre, couleur ocre indigo. Je ne sais plus quand le volcan a explose, evacuant sa lave pour ciseler ce miroir gele, toute memoire se perd dans ces profondeurs bleues.
---


Comme j'arrive a la fin de mon heure gratuite d'internet dans la bibliotheque publique de Portland, je vais arreter la, de toutes facons vous avez de la lecture jusqu'a la prochaine fois. A venir:

- le trajet de la cote, de Corvallis a Tillamook
- les gorges de la Columbia River
- Portland
- Seattle et les San Juan Islands

5- Des arbres et des Indiens

Notre route nous a conduits a travers les magnifiques forets de sequoias, un peu transformees en parcs d'attractions comme je le racontais - nous avons forcement cede a la tentation du "drive-thru tree", un sequoia de 2400 ans dont le tronc est creuse de maniere a laisser passer une voiture. C'est amusant mais a regarder la majeste de l'arbre, apres, on se dit que, finalement, ce petit jeu c'est comme pisser sur une cathedrale. La route continuait a travers la foret d'arbres millenaires, sages geants toujours verts.
Apres un petit arret sur la cote a Eureka - comme quoi les pionniers cultivaient leurs humanites - nous avons pris une jolie route (longue encore...) qui longeait une vallee et traversait une reserve indienne - comme quoi les pionniers lettres n'etaient pas forcement les plus humanistes. Rien a voir. Mais ce rien est, d'une certaine facon, une experience interessante. J'ai demande a une passante, un peu naivement, ce que cela signifiait d'etre dans une reserve indienne, qu'est-ce qui changeait par rapport a l'autre ville. Elle m'a dit que la terre leur a ete allouee par l'Etat en dix-huit cents quelquechose, avec tout ce qu'il leur fallait pour vivre confrotablemetn: route, eau, electricite, ecoles... Ils sont quelques centaines dans la reserve (nous avons en effet vue peu de maisons), avec une ecole et deux mini-marches, ils ont leur propre police et leur "office tribal" qui s'occupe des questions politiques et religieuses. Au milieu du rien-a-voir, ce qui m'a le plus etonnee etait le cimetiere: non pas le nombre de croix, j'imaginais bien qu'un certain nombre d'indiens avaient ete evangelises, mais le nombre de drapeau americains... je ne les imaginais pas si patriotes...

4- retour a San Francisco

- et bonne douche chaude a l'hotel ! Je posterai des photos la prochaine fois, inch'allah, pour que vous appreciiez la beaute des maisons victoriennes de San Francisco. Un petit gout amer toutefois de cette derniere journee a SF: pendant que nous visitions les boutiques de Ashbury-Haight, l'ancien quartier hippie, nous avons recu une belle prune. J'etais furieuse, d'autant plus que lorsque nous sommes arrives a la voiture, le parcmetre affichait toujours vert ! Mais impossible de contester quoi que ce soit. J'ai trouve un flic un peu grassouillet qui paissait paisiblement son chewing-gum un peu plus loin dans la rue, et il m'a dit, pas tres cooperatif, qu'il fallait aller je ne sais ou pour contester et qu'il ne pouvait rien faire. Du coup notre seule envie etait de sortir de la ville ou le stationnement est decidement impossible ( un nombre incroyable de conditions: stationnement 30mn, ou stationnement interdit entre 8h et 11h, ou entre 2h et 6h, ou stationnement reserve aux camions.. chaque place a une regle particuliere, les pervenches sont dopees a l'EPO, et la fourriere n'est jamais bien loin - on apprend bien vite ce que "tow away" veut dire !)- bon venant de Paris je ne vais pas trop me plaindre, j'imagine que les Americains en voiture a Paris font le meme type de commentaire. Mais a velo a Paris je n'ai pas de probleme de stationnement...
Donc agaces par ces trivialites urbaines, Sofien et moi avons quitte SF, laissant nos compagnons de voyage derriere nous, Cody reparti a Seattle, et nos Danois allant vers le sud.
\Nous avons pris une jolie route (un peu longue toutefois) vers la cote, en passant par Stinson beach, en remontant vers le nord de la Californie. Passe la nuit dans un motel, la vraie experience du road trip...

vacances 3: Yosemite


.. tout un periple. Il faudrait vous raconter comment nous avons emmene un petit papillon coince dans le pare-brise depuis les routes de l'Oregon, jusque dans l'un des plus beaux parcs des Etats-Unis, ou "little moth" a pu retrouver la nature sauvage. D'autant que pour eviter les hordes de touristes et leurs autocars (attention, je ne parle meme pas des cars de touristes pour voyages en groupes, mais des especes de caravanes de la taille d'un bus hyper en vogue ici, sous le nom delicieux de "RV" - prononcer "arvee")nous sommes alles vers les prairies de Tuolomne, a l'Est du parc, et nous avons randonne parmi les ours (ouf, nous n'en avons pas croise..) et les moustiques (eux par contre nous ont reperes) pendant trois jours, sac sur le dos, avec boite a ours (pour ranger la nourriture) et anti-moustique, appareil photo et grand sourire (un peu fatigue tout de meme...).
Comment decrire la beaute des paysages ? de hautes montagnes de granit gris, des forets de sapins, des rivieres devalant dans des prairies verdoyantes, des biches et des marmottes qui nous regardent passer, mi-amusees, mi-posant pour la photo. La neige qui fond en torrents et les piscines d'eau claire ou nous nous sommes baignes - et l'envie parfois d'etre un ours jouissant paisiblement de ces grandes etendues sauvages...

Sunday, June 17, 2007

vacances 2: San Francisco


Nous sommes arrives sur le Golden Gate Bridge en ecoutant Eliott Smith et en maudissant la brume. Il fait bien plus froid ici qu'a Seattle ! Apres avoir recupere Sofien, promenade dans les quartiers animes de la ville et jusqu'au port, ou nous avons mange la specialite locale, "Clam Chowder": c' est une sorte de soupe de coquilles saint jacques dans un pain rond evide - delicieux meme pour moi qui ne susi pas fana de bechamel - puis nous avons trouve un "Musee Mecanique" (en francais dans le texte) et avons joue sur des machines de foire du debut du siecle pendant une bonne heure. Puis une petite biere dans un bar tres colore et un peu trop anime, un burrito pour sofien qui decouvre l'equivalent local du grec, et dodo.
Le lendemain matin, nous avons traverse Chinatown au petit jour, pour arriver dans un autre quartier ou nous etions censes trouver le meilleur breakfast de SF. Malheureusement trop de touristes francais a SF, et trop de touristes francais avec le Routard, donc nous avons renonce, trouve un autre petit resto pour dejeuner, et fonce prendre le ferry pour Alcatraz.

Le Rocher etait un penitentier d'ou il etait repute impossible de s'echapper: petite ile dans la baie de SF, on pourrait croire qu'1 miles 1/2 (2km) c'est faisable, mais ce serait sans compter les courants geles fatals aux candidats a l'evasion. Trois detenus cependant n'ont jamais ete retrouves et on se demande toujours si ils ont survecu a la traversee... La visite est tres interessante, surtout pour moi qui me plonge dans le systeme carceral americain. On voit les cellules des detenus, les reglements de la prison, l'unite de "traitement" qui est la prison dans la prison pour les detenus desobeissants (sachant qu'Alcatraz elle-meme etait une prison federale destinee aux "pires" des detenus, les plus dangereux comme Al Capone, ou bien les plus violents); l'unite de traitement elle-meme a une "prison", le "trou", cellules d'isolement complet (solitary confinement)- systeme de poupees russes de l'univers disciplinaire...

La visite racontait Alcatraz du point de vue des detenus et des gardes. Mais, point interessant, tout etait presente comme relevant du passe, histoire ancienne d'un penitencier ferme en 1963 par le progressiste Robert Kennedy a l'heure ou le mot d'ordre de la prison etait rehabilitation. Mmm... la Californie est l'Etat des USA qui compte la plus importante population carcerale, en nombre comme en proportion de la population. Les prisons prosperent plus rapidement que les ecoles, et le modele domiant est celui de la prison de haute securite: securite pour la population (prison dans le desert, empechant toute evasion), securite du personnel (evitement des contacts avec detenus et utilisation de technologie, par exemple ouverture automatique des portes), securite des detenus (evitemetn des contacts entre detenus). Dans ce tout securitaire du systeme punitif, rien ne reste des ideaux de rehabilitation et de resocialisation; le mot d'ordre est la mise a l'ecart, pour des durees sans commune mesure avec ce qui est pratique en Europe: la "three strikes law" par exemple prevoit la prison a perpetuite sans possibilite de liberation conditionnelle pour toute personne condamnee pour une troisieme "felony" (du meurtre au simple vol ou a l'usage de drogue).
- Mais il est vrai qu'a San Francisco on est loin de tout ca: ville cool et tolerante, on n'a pas l'impression d'etre sur les terres de Schwarzenegger...

vacances 1: Oregon et Californie du Nord

Voila, j'ai fini mes cours, ceux que je donne, ceux que je prends. J' ai regle les questions administratives et les projets de recherche pour l'an prochain (j' ai un plan interessant pour etre "research assistant" sur un projet d' evaluation des programmes de "resocialisation" dans les deux pires penitenciers de l' Etat). Me voila donc partie sur les routes, avec mon cheri et deux Danois pris en passant - en fait l'un etait mon coloc et l' autre son copain venu lui rendre visite. Nous sommes descendus tous les quatre vers la Californie, en passant par l'Oregon, Etat d'entre les deux, ou il fait plus beau que dans le Washington et plus vert qu'en Californie. Cody a un ami la bas, qui apres avoir passe deux ans a Munich et apres avoir fini sa maitrise sur la philosophie allemande a deide qu'il en avait marre de la vie sauvage, et il est parti jouer les Robinsons dans une montagne au milieu de nulle part, un petit paradis ou il construit sa maison, cultive son jardin, et passe des soirees au bord de la riviere avec ses copains. Nous avons fait avec lui les barbecues les plus merveilleux, et il nous a construit une "sweatlodge", sauna indien fait d' un tipi (structure en bois, baches et couvertures), dans lequel on met des pierres bouillantes (restees deux heures dans le feu), et on verse de l' eau dessus pour faire de la vapeur. Quand on a bien transpire, on plonge dans la riviere.
Nous avons vu aussi l' Ocean, nomme "Pacifique" pour conjurer ses rigueurs - tout le contraire d'une mer calme: terriblement glace et venteux. Mais sublime.
Il a fallu rapidement descendre vers le sud, pour arriver a temps pour recuperer mon frerot: Sofien arrivait a San Francisco samedi midi. Nous avons donc repris la route, traverse des forets impressionnantes d'immenses sequoias - forets qui perdent un peu de leur magie avec le nombre de parcs a themes (Mystery Wood, Big Foot, Enchanted Forest etc) qui s'egrenent le long de la route - secretions de hippies convertis au capitalisme.
Soudain sans qu'on s'apercoive tres bien de la limite climatique, les forets de sequoias laissent place a des plaines mediterraneennes, collines d'herbe jaunie et arbustes chantant au soleil...