Monday, May 26, 2008

Chicago

Finalement je n'ai vraiment pas le temps de raconter ma visite à Chicago, alors je vous mets simplement les photos: vous comprendrez que Chicago est une ville venteuse (les parapluies dans les poubelles); à l'architecture extraordinaire; qu'il y a des ghettos extrêmement pauvres mais le seul témoignage de cette pauvreté en centre ville ce sont les mendiants noirs; l'université de Chicago est un temple du savoir qui abrite une très belle collection d'archéologie du Moyen Orient et participe à la reconstruction du musée de Bagdad.







Sunday, May 18, 2008

Réfugiés iraqiens

Voici deux articles que j'ai écrits pour le journal de l'université, sur les réfugiés iraqiens en Syrie (ici) et à Seattle (ici).
Bientot je vous reconterai mon voyage à Chicago...

Sunday, May 04, 2008

Le Joli mois de Mai



Le Premier Mai, journée des travailleurs, n'est pas un jour férié aux Etats Unis. Pourtant c'est le mouvement social américain qui nous l'a donné, se mettant en grève ce jour là dès 1884 pour obtenir la journée de 8h.
Les Américains qui ne font jamais rien comme les autres ont décidé que leur journée des travailleurs serait le 4 septembre, à la fin de l'été. Je pensais que cette décision venait de la guerre froide et d'un souci de se distinguer des communistes mais d'après Wikipedia, Labour Day est devenu un jour férié officiel dès 1894.

Les manifestations du Premier Mai ont pourtant repris de la vigueur aux Etats Unis, avec le mouvement contre la guerre et le mouvement des travailleurs sans-papiers. Depuis 2005 en particulier de grands cortèges se forment dans les rues des métropoles américaines. A Seattle il n'y avait "que" quelques centaines de manifestants, mais cela est déjà extraordinaire pour un pays qui ne connaît pas le droit de grève - je ne connais rien à l'histoire sociale américaine, les contributions de mes lecteurs sont plus que bienvenues (Irène ??); mais c'est un fait que les entreprises (et la plupart le font) peuvent stipuler dans le contrat d'embauche que la grève est interdite. Donc seuls ceux qui n'ont de toutes façons pas grand chose de plus à perdre (les sans papiers) et ceux qui ont un syndicats puissants peuvent descendre dans la rue. A Seattle la manifestation du Premier Mai était organisée par les dockers, et leur syndicat "International Longshore and Warehouse Union" ILWU composait au moins les trois quarts du cortège.



Le mot d'ordre était "No peace, no work" - pas de paix, pas de travail. ILWU est si puissant que tous les principaux ports de la côte ouest étaient fermés le Premier Mai, de Seattle à San Diego. Et ils ont même été soutenus par un débrayage de deux heures des travailleurs du port de Bassorah en Iraq. Les médias bien sûr ont à peine relayé l'information et on pouvait seulement lire dans le New York Times que l'action visait à établir un rapport de force entre le syndicat et l'un des principaux employeurs, Pacific Maritime Association, dans la perspective du renouvellement des contrats dans deux mois. Les participants étaient plus ou moins décrits comme de dangereux communistes ou d'inconscients anarchistes. Les discours étaient pourtant très clairs et très pragmatiques, faisant la liste notamment de ce qui pourrait être payé avec le montant de l'argent versé par l'Etat de Washington pour la guerre en Iraq : 25 000 bourses d'études; ou 15 000 assurances-maladie pour les enfants; tant de nouveaux professeurs pour les écoles etc.

Le cortège a défilé le long des docks de Seattle, une longue marche dans la zone industrielle, à l'écart du centre des affaires mais néanmoins visible depuis la rocade (des camions klaxonnaient en soutien). Et puis vu la présence policière ce n'était pas très discret: pour trouver le lieu de départ de la manifestation je n'avais qu'à viser l'hélico, et ensuite suivre la police montée, puis les rangées de flics gras en Harley Davidson, puis les files de flics sveltes en vtt, et enfin arriver au lieu des banderoles.


J'ai rencontré dans le cortège un jeune soldat militant de "IVAW"; vétérans d'Iraq contre la guerre, qui distribuait des prospectus pour l'événement "Winter Soldiers" à Seattle. Winter Soldiers, c'est cette manifestation des soldats du Viet Nam qui a permis la dénonciation des atrocités commises par l'armée américaine, des tortures et des massacres de civils ( c'est là que John Kerry est devenu célèbre). Les vétérans d'Iraq qui voulaient dénoncer la guerre ont repris l'idée et organisé une grande conférence dans le Maryland au mois de mars, pour décrire les combats, les méthodes de l'armée, et faire parvenir un autre message que celui des médias incorporés à l'appareil d'Etat. Bien sûr ces derniers n'ont pas fait mention de l'événement, qui a pourtant rassemblé des centaines et des centaines de personnes et révélé des témoignages exceptionnels. On peut les écouter sur Democracy Now (l'un des rares- et peut être le seul- média indépendant aux USA) et sur le site de IVAW.
Le jeune soldat avec qui je parlais n'avait pas vingt ans. Il s'était engagé dans l'armée en 2006 parce qu'il ne savait pas quoi faire en sortant du lycée. Il vient du Sud, de la Bible Belt, et il n'y a pas beaucoup d'opportunités là bas. En discutant, il tentait de se cacher derrière moi parce qu'il y avait trop de caméras, et il avait peur de retrouver sa photo dans une feuille de chou locale: en tant que soldat il n'est pas censé manifester. Il me raconte que dans sa brigade cinq sont morts dans des attaques à a bombe. Le commandement est nul. La guerre ne fait pas de sens. Il veut partir. C'est un peu compliqué, et risqué, il connaît des gens qui se cachent, d'autres qui sont partis au Canada. Lui aimerait aller en France, quand il aura fini son contrat, dans six mois. Entre temps il devra passer encore quatre mois en Iraq. Il aimerait venir témoigner pour le mouvement contre la guerre en France.