Thursday, November 08, 2007

Waterboarding and homelessness

Aujourd'hui le Congrès américain a confirmé la nomination de Michael Mukasey comme "attorney general", équivalent local de ministre de la justice, ou plutôt, sous l'administration Bush, ministre de la torture et de la détention illimitée sans procès. Mukasey remplace Alberto Gonzales, valet de président embrouillé dans des affaires troubles de révocation abusive de procureurs fédéraux, révocations sur lesquelles il a été incapable de s'expliquer car il ne "se souvenait pas" d'avoir pris la décision, pourtant il est formel, c'est bien lui qui a pris la décision. Typique du style à la mode en ce moment. Comme Bush qui, à un journaliste qui lui demande sa définition de la torture, répond que c'est écrit dans la loi (voir Le Monde du 20 octobre: Dans sa conférence de presse, mercredi, M. Bush a été interrogé sur la torture. « Quelle est votre définition du mot torture », a demandé un journaliste. « De quoi ? » a sursauté le président. « Le mot torture, quelle est votre définition ? », a répété le journaliste. « C'est défini dans la loi des Etats-Unis - et nous ne torturons pas », a assuré le président. Mais « votre définition à vous ? » a insisté le journaliste. « Quoi que ce soit qui figure dans la loi », a rétorqué M. Bush. )
La torture, justement. Mukasey, en qui tout le monde voulait voir un juge intègre, respectueux des lois et éloigné des manoeuvres politiques, a justifié le simulacre de noyade (waterboarding) comme une méthode d'interrogatoire légitime, qui ne constitue pas une forme de torture - d'ailleurs puisque ceci est pratiqué par les Etats-Unis, ce n'est pas de la torture: on ne torture pas aux Etats-Unis, c'est interdit par la loi. Vous n'imaginez pas à quel point le syllogisme perverti est devenu commun dans le discours politique. Vous connaissez l'histoire du gruyère ? Dans le gruyère il ya des trous; plus il y a de gruyère, plus il y a de trous; mais plus il y a de trous, moins il y a de gruyère; donc plus il y a de gruyère moins il y a de gruyère....
Bref l'autre info du jour, trouvée dans le New York Times, c'est ce reportage sur les vétérans de la guerre en Iraq qui, complètement déconnectés de la vie quotidienne américaine à la fois sur le plan psychologique et sur le plan socio-économique, commencent à arriver en masse dans les foyers de sans-abris, au point que la situation devient alarmante. Selon une association basée à Seattle, les vétérans qui constituent 11% de la population représentent 26% des sans-abris dans le pays, et le phénomène paraîtrait encore plus accentué pour les vétérans d'Iraq. D'après un autre article du NYT, édito sur les lacunes de la couverture maladie pour les vétérans (Malgré le recul du nombre de vétérans dans la population active, le nombre des vétérans non-assurés a augmenté de 290 000 entre 2000 et 2004, du fait d'une érosion continue de la couverture maladie garantie par l'employeur, et d'un resserrement des critères d'éligibilité à la couverture spéciale pour les vétérans.
Fin de la revue de presse. J'aime ce pays malgré tout... ce matin les arbres du parc Ravenna, véritable forêt que je traverse sur mon chemin vers l'université, s'éveillaient à peine, encore enveloppés de leurs draps de brouillard, et sitôt le voile levé, les montagnes apparurent dans le scintillement du lac. Seattle est la plus belle ville du monde; lorsque le soleil surprend sa pudeur et la révèle hors des brumes.

2 comments:

Anonymous said...

Comment tu peux dire que Seattle est la plus belle ville du monde ! TRaître !

yasmine said...

avec Paris, Damas, Sanaa, Florence... je suis contre l'exclusivité dans l'usage des superlatifs. C'est un nouveau truc que j'ai appris aux Etats Unis !!