A part admirer les cerisiers en fleur (qui fânent déjà malheureusement), je me suis aussi remise à travailler... J'enseigne le niveau intermédiaire 2, c'est-à-dire la suite de ce que j'enseignais au trimestre précédent. Et je prends deux cours avec les professeurs que j'adore, Arzoo Osanloo et Lorna Rhodes - La première enseigne l'anthropologie du droit, un cours assez theorique mais très stimulant sur le processus de formation des lois, comment tel type de législation s'inscrit dans tel type d' organisation sociale et économique - Arzoo Osanloo est juriste de formation et s' est mise à l'anthropologie après avoir exercé comme avocate pour les demandeurs d' asile; elle a aussi écrit sur le système légal iranien, qui tient autant de l'Etat islamique que de la République.
Lorna Rhodes qui travaille sur les prisons et la santé mentale avait déjà enseigné un cours sur les prisons américaines au premier trimestre. Maintenant c' est un cours de " service learning", ce qui signifie que les élèves doivent remplir un certain nombre d' heures de volontariat.. dans les prisons: centres de détention pour mineurs, prisons ou pénitenciers - grâce à ses relations dans le pénitencier d'Etat de Monroe (environ 45mn de Seattle) j'ai pu, avec une autre étudiante, accéder à cet endroit que je me représente comme l'envers de la société américaine. Les Etats-Unis sont le pays qui a la plus grande proportion de sa population nationale en prison: 2,3 millions de prisonniers! Seule la Chine, avec ses statistiques floues, pourrait rivaliser avec cela !
Je suis allée à Monroe pour la première fois jeudi dernier. Juste pour l'orientation (consignes de sécurité et visite de la prison). Nous avons été affectées à l'unité pour les "Special Offenders" - "speciaux" en ce qu'il s'agit de malades mentaux. J' avais un peu des craintes tout de même... aller dans une prison de longues peines où sont enfermés des gens psychiatriquement très perturbés.. Mais le premier contact s'est très bien passé. La responsable de la Special Offender Unit est une spécialiste de la santé mentale et son unité est une sorte d' hôpital psychiatrique à l'intérieur de la prison. Il y a différent niveaux de sécurité, selon que les prisonniers sont jugés plus ou moins dangereux. Nous serons affectées aux sections des détenus ne présentant pas de danger particulier - ce sont ces sections que nous avons visitées, je crois que nous ne verrons pas les autres.
Jeudi était un jour de grand soleil, et Monroe se trouve au pied de grandes montagnes (c'est sur le chemin des stations de ski...) - la prison m'a paru belle, loin des descriptions horribles que les autres étudiants avaient faites des centres de détention pour mineurs. Le bâtiment principale s'appelle "réformatoire" : c'est une belle bâtisse du début du siècle (je devrais dire XXe, mais bon ca parait encore assez evident...), avec des colonnes grecques sur la facade, ce pourrait aussi bien être un musée ! L'intérieur est bien moins joyeux, évidemment. Mais très propre. La "Special Offender Unit" est toute neuve, construite au début de ce siècle. Les sections que j'ai visitées ressemblaient un peu à des maisons de retraite: en fait l' architecture intérieure est comme dans Oz (c' est une série américaine sur les prisons, si vous ne connaissez pas je ne vous conseille pas de regarder parce que vous allez avoir peur pour moi, c'est hyper violent!), une grande salle commune entourée des cellules à l' étage. Les détenus passent la journée à jouer au scrabble ou regarder la télé. Et il y a des programmes de réhabilitation et d'aide psychologique, c'est ce à quoi nous allons participer. Il s'agit principalement de groupes de discussion mais j'en saurai plus la semaine pochaine. Un autre programme de la prison a été mis en place avec une association locale de type SPA qui recueille des chatons abandonnés: les prisonniers ui participent à ce programme ont la responsabilité de s'occuper d' un petit chat, de lui apprendre à être propre et à ne pas avoir peur des hommes, pour que les petits chats puissent être adoptés après. Ce fut mon premier contact avec des prisonniers, autour d' un chaton de quelques semaines, pour qui ils montraient tant de tendresse et d'affection que c'en était touchant. La responsable de l'unité est très contente de ce programme et dit que pour certains détenus, c'est la première occasion qu'ils ont de ressentir de l'empathie.
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1 comment:
Ma chère Yasmine, je me rends compte que ça fait bien longtemps que je ne suis aps allée sur ton blog, mais je suis excusée je t'ai eue pour de vrai... Tes aventures sont toujours plus surréalistes! tu ne m'avais pas parlé de ça l'autre jour!Je t'imagine trop bien poupougner des chatons avec des meutriers schizophrènes. Est-ce qu'il s'agit d'une prison particulièrement privilégiée, ou bien autogérée par des révolutionnaires socio-écologistes? Elle a en tous cas l'air plus acceuillante que le musée de l'Homme, avec ses têtes coupées dans tous les coins et son indescriptible odeur de vieux maccabée et de camphre. Quand je rentre le soir la première chose que je fais c'est de me doucher, pour te dire.
En attente de détails bretonniens sur la vie pénitentiaire américaine... bisous
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