Sunday, May 06, 2007
de la politique à l'eau- et du colonialisme dans les musées
Faut-il vraiment que je commente la politique? On s'y attendait un peu.. tout ce que j'ai à dire c'est qu'il faudra se rattraper un peu aux législatives pour avoir un peu de contrepoids, ou au moins pour qu'il n'ait pas trop de champ libre, qu'il ne fiche pas tous les gamins et pour qu'on lui impose Azouz Begag en ministre de l'identité nationale (ce serait rigolo!).
La campagne pour les présidentielles (novembre 2008) a déjà commencé aux Etats-Unis, avec des débats entre les candidats des deux grands partis. Bien-sûr les médias mettent en avant leurs favoris, côté démocrate: Hillary Clinton, Barack Obama et John Edwards. Moi je préfère Dennis Kucinich, un candidat que j'ai découvert récemment dans une émission de radio, qui est très clair sur ses positions en matière de politique étrangère (arrêter de financer une guerre si on prétend s'y opposer), et qui propose aussi une réforme du financement des partis. Ce ne serait pas une mauvaise chose !
Sinon pour ma petite vie... tout va bien, je suis heureuse, je lis plein de bouquins passionants, je découvre l'univers carcéral américain, j'ai fait du kayak hier matin et j'ai visité cet après-midi le musée d'art moderne de Seattle qui vient de rouvrir après travaux. C'est un très beau musée qui m'a donné beaucoup à réfléchir sur la manière d'exposer les "arts premiers" et l'art populaire. Le musée du Quai Branly est finalement très décevant et ne parvient pas à sortir d'une vision néocoloniale des peuples primitifs figés dans leurs traditions millénaires qu'il faut absolument sauver du déluge capitaliste; l'architecture "Arche de Noé" traduit très bien d'ailleurs l'idéologie de l'ensemble. C'est une sorte de musée de la repentance: la puissance coloniale qui a exposé ces peuples à la "décadence" par trop plein de "civilisation" prend désormais en charge la préservation de leur patrimoine. L'image de la rivière qui traverse le coeur des ténèbres n'est pas anodine... J'ai trouvé en visitant le musée du Quai Branly qu'il avait été injustement dénigré - mais rétrospectivement je rajouterai une couche sur les critiques qui ont déjà été faites. Non seulement le musée du Quai Branly n'a pas de valeur scientifique à proprement parler (je laisse les anglophones se délecter avec le blog d'olivier morin sur ce sujet: http://www.cognition.ens.fr/~alphapsy/blog/?2006/09/28/39-branly ) mais les choix esthétiques n'ont pas de logique non plus. Ca fait un peu penser au projet du génome - je ne sais pas comment on appelle officiellement en français ce truc: Human Genome Diversity Project, dont le but est de conserver l'héritage génétique humain dans sa diversité, et pour cela aller chercher les peuples les plus isolés qui auraient le génome le plus pur, avant que cette pureté ne disparaisse dans les brassages humains : le texte du projet donne priorité aux groupes définis comme "unique, historically vital populations that are in danger of dying out or being assimilated"; curieusement, tiens, c'est à peu près les même que ceux du Quai Branly, des "peuplades" figées dans leur essence ou dans leur culture, définitivement Autres... Il faudrait en finir avec ce complexe de l'arche de Noé !
Le Seattle Art Museum, SAM de son petit nom, propose une approche bien plus intéressante, présentant l'art traditionnel aux côtés de l'art contemporain, les masques de telle tribu du Nigeria mis en scène sur des pantins reproduisant leur usage dans les cérémonies religieuses contemporaines, avec tous les éléments en usage, y compris les chaussures occidentales,la montre made in china, les bracelets en plastique... Les oeuvres "traditionnelles" des Aborigènes d'Australie à travers la reprise de leurs motifs par des artistes aborigènes contemporains. De même pour les Amérindiens de la région. Ce n'est pas l'exotisme qui est mis en scène, mais la vitalité et la créativité des artistes - qui finalement ne sont pas si "autres" que cela...
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1 comment:
Yasmine,
je suis tombe par hasard sur ton blog alors que je surfais sur Google pour tenter de cerner ce phenomene qu'est devenu Barack Obama dans la presse.
Je suis neuf aux Etats-Unis, je viens d'une petite ile enfouie dans l'ocean Indien : Maurice.
Je suis marie a une Americaine, et de ce fait, je suis, depuis deux mois, installe a Boston.
En attendant j'essaie, par passion, de comprendre les enjeux et les pratiques politiques des US, auxquels je me suis toujours interesse d'un point de vue externe, davantage sur le plan geo-politique. J'adore les relations internationales; j'irai suivre un cours d'ete, en juin prochain, a Harvard portant sur l'histoire politique : From Cold War to Global Terror par Donald OStrowski. Suis tout excite.
Comme je ne suis pas abonne au Monde, je n'ai pas pu lire ton papier jusqu'ici. Mais j'ai aime ton style d'ecriture et ton regard...
Bon Vent,
Nad.
(nadsiva@rocketmail.com)
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